Quand on parle de plombée, on aborde toujours le poids et rarement autre chose. S’il est vrai que ce paramètre est très important, la longueur – c’est-àdire son étalement – compte aussi beaucoup. Pour un lest donné, on peut réaliser des plombées très différentes en jouant sur le nombre de plombs qui la composent, en faisant varier leur taille, mais aussi en intervenant sur leur étalement sur la ligne. En action de pêche, des plombées de mêmes poids mais de longueurs différentes n’auront pas le même comportement et ne présenteront pas l’appât de la même manière.
Poids identique...
Prenons un exemple, avec une plombée moyenne d’environ 0,5 gramme. On peut la composer de trois plombs n°3 (poids total: 0,57 g) ou de huit n°8 (poids total : 0,56 gr). Le lest total est presque équivalent. Mais question longueur, les deux versions ne se ressemblent pas, même en espaçant les plombs de manière identique. Avec 1 cm entre chaque plomb, le premier mesurera 2 cm, le second 7 cm. Les densités sont très différentes. La première plombée coule rapidement et perce très vite les courants, alors que la seconde descend plus lentement et met donc plus de temps, et donc de distance, à atteindre le fond. Une fois qu’elle y est parvenue, la première aura tendance à « racler », tandis que la seconde glissera davantage et décollera à la moindre tension marquée de la bannière.
... mais action différente !
Question présentation, la première gardera l’appât très près du fond, alors que la seconde offrira une présentation plus souple et légèrement décollée. La première sera plus accrocheuse, la seconde aura plus tendance à glisser sur les galets du fond. Enfin, la première transmettra les touches très rapidement, mais elle mettra la truite « sur le raide » très vite, et elles seront donc rapides à recracher l’appât. Les touches sont plus nettes, mais le ferrage devra être immédiat sous peine de nombreux manqués au moindre retard. Avec le second montage, les touches sont un peu plus diffuses et subtiles, mais retardent aussi la transmission des informations à la truite, surtout si la bannière n’est pas trop tendue. On voit concrètement les conséquences des différences de composition et surtout de longueur de ces deux plombées, pourtant identiques en poids. Vous pouvez encore accentuer ces différences en accroissant la plombée longue, en jouant sur l’espacement des plombs, afin de réduire encore sa densité et d’augmenter sa souplesse. Mais comment nous adapter aux conditions de pêche et aux comportements des truites et choisir au mieux entre plombée courte et plombée longue ?
La courte
Les courtes (dites « concentrées ») sont surtout intéressantes sur les parcours rapides et turbulents et les eaux froides. Leur capacité à descendre rapidement et à se mettre en place dans des espaces restreints les rend incontournables pour pêcher les ruisseaux et les secteurs torrentueux, où les postes sont souvent de petites dimensions et les turbulences nombreuses. Elles n’ont pas leur pareil pour pêcher les angles de pierre, « fouiller » les remous et prospecter au ras des abris, notamment des racines. C’est une de mes plombées de base pour pêcher ce genre de parcours, souvent avec trois voire quatre plombs n°6, ou avec des n°5 lorsqu’il faut pêcher un peu plus lourd. C’est une plombée rapide, qui pêche creux et se joue facilement des turbulences légères. Mais il ne faut pas dormir à la touche! Du fait de ses caractéristiques, la plombée courte est aussi très intéressante dans les eaux froides, dans lesquelles les truites s’éloignent peu du fond. Elle est recommandée en début de saison.
La longue
Les plombées longues, ou étalées, sont performantes dans deux cas de figure différents. Pour prospecter les longs courants laminaires tout d’abord. Dans ces longues veines d’eau avec peu de turbulences, les truites peuvent être plus sélectives qu’ailleurs et une plombée étalée permet une présentation plus souple et de meilleure qualité. C’est encore plus vrai dans des eaux réchauffées, dans lesquelles les truites préfèrent une présentation un peu décollée, surtout avec des appâts légers comme les larves aquatiques ou la mouche naturelle. Si les plombées concentrées sont indiquées en début de saison, celles étalées sont performantes à partir de la fin du printemps et jusqu’à l’issue de la saison. Ainsi, plus la saison avance et plus on aura intérêt à étaler sa plombée et à utiliser des poids de petite taille. L’autre qualité de ce montage étalé est de donner de la souplesse aux plombées lourdes. Le plus souvent, l’étalement d’une plombée lourde est associé à une certaine dégressivité, avec le poids concentré côté canne et une plombée qui s’allège au fur et à mesure qu’on s’approche de l’hameçon, en utilisant des lests de plus en plus petits et/ou espacés. Ce montage est moins accrocheur et sa dégressivité favorise la présentation tout en donnant un peu plus de temps pour ferrer, ce qui est important quand on pêche à distance, situation fréquente en grande rivière. Peu indiquées en ruisseau ou en torrent où les postes sont trop restreints, c’est évidemment en rivière et surtout en grande rivière que les plombées lourdes et dégressives sont les plus intéressantes. Les plombées étalées sont très performantes en version light et elles sont souvent mes favorites pour pêcher en conditions d’étiage.
Quels appâts ?
Les plombées longues sont évidemment idéales avec les appâts de faible densité, qu’elles présentent souvent mieux que les courtes et concentrées. Mais ce n’est pas toujours vrai. Un appât de faible densité comme la mouche naturelle peut être très bien présenté avec une plombée concentrée mais légère dans un parcours rapide et torrentueux. Ce sont donc les conditions de pêche qui priment. Dans la même idée, une plombée étalée peut aussi mieux présenter des appâts denses comme le ver. C’est la combinaison de ces deux paramètres, poids et étalement, qui va en grande partie conditionner la présentation de l’appât, du moins si la technique est maîtrisée. Sans tomber dans le travers de faire varier sa plombée à chaque nouveau poste, sans quoi on passe plus de temps à pincer et enlever des plombs qu’à pêcher, on a cependant intérêt à la faire évoluer régulièrement. En fonction des grands types de postes rencontrés et au gré des parcours et des conditions de pêche, c’est la meilleure façon d’être performant. D’où l’intérêt d’avoir avec soi un choix de plombs suffisant, notamment en petites tailles.
Quel poids pour quelle taille ?
Rappel des poids des plombs sphériques, sachant qu’on peut parfois observer des différences d’une marque à l’autre. Il est ainsi facile de réfléchir à la façon de faire varier la longueur de sa plombée, tout en conservant un grammage équivalent.
Tailles | 8 | 7 | 6 | 5 | 4 | 3 | 2 | 1 |
Poids (g) | 0,07 | 0,09 | 0,11 | 0,13 | 0,16 | 0,19 | 0,24 | 0,29 |