L’été est évidemment la saison idéale pour se régaler dans les lacs de montagne. C’est non seulement une bonne période pour leur pêche, mais ces parcours d’altitude offrent également une parenthèse de fraîcheur estivale dans des environnements souvent magnifiques. Reste que si l’on veut espérer plus qu’une belle balade, il est important de comprendre les règles de base qui régissent le comportement des salmonidés et la pêche dans ces secteurs pour y réussir.
Quelle altitude ?
Le premier point important à comprendre est qu’il y a lac et lac. Il existe en effet une grande diversité dans les plans d’eau de montagne, qui peut s’appréhender à travers différents paramètres, et pas seulement morphologiques. L’altitude du lac, qui peut s’échelonner de 1 400 à plus de 2 500 m, est un élément capital. Elle conditionne en grande partie la vitesse à laquelle il va se réchauffer. Évidemment, les lacs de basse altitude sont les plus précoces de ce point de vue et les plus élevés les plus tardifs. C’est un élément essentiel car le maximum d’activité des salmonidés se situe au cours des trois à cinq semaines pendant lesquelles il se réchauffe après son dégel. Passée cette période, et une fois que le lac est bien réchauffé, l’activité des salmonidés ralentit et ils deviennent souvent plus sélectifs et tatillons. En outre, si le lac se réchauffe trop, ce qui arrive régulièrement avec les étés très chauds que nous connaissons depuis quelques années, la pêche peut même devenir lente et difficile. Il faut donc tenir compte de l’altitude et pêcher d’autant plus haut que la saison avance.
Des environnements variés
La diversité des lacs s’exprime aussi par leur morphologie : grand (plusieurs dizaines d’hectares) ou petit (un hectare ou moins), profond de plusieurs dizaines de mètres ou de quelques mètres seulement, présentant un contour uniforme ou, au contraire, diversifié par des anses, des pointes et des tombants rocheux, simple cuvette qui se remplit avec la fonte de neige ou au contraire alimentée par un ou plusieurs torrents, situé dans des pelouses d’altitude pâturées par du bétail ou niché dans un environnement totalement minéral… Tous ces paramètres conditionnent leur richesse et leur productivité, mais aussi leurs potentialités halieutiques. Si l’on termine ce tableau par le fait que plusieurs espèces de salmonidés peuvent y être présentes, on comprend que chaque lac sera différent et surtout que les approches et techniques de pêche devront y être adaptées.
Quelles espèces ?
Selon les alevinages qui y sont réalisés et les possibilités de reproduction qu’ils offrent, les lacs peuvent abriter différentes espèces de salmonidés. La truite fario est l’espèce la plus commune dans ces milieux. Elle peut être accompagnée de la truite arc-en-ciel, souvent dans les grands lacs où elle se tient préférentiellement en pleine eau. L’omble de fontaine est, quant à lui, présent dans certains lacs de haute altitude, où il survit mieux que la fario grâce à sa capacité à s’adapter aux conditions écologiques très rigoureuses. Enfin, l’omble chevalier et le cristivomer peuplent certains lacs profonds et froids, où ils ont tendance à descendre d’étage au fur et à mesure du réchauffement des eaux. Pour connaître le peuplement d’un lac, il suffit de se renseigner auprès de la Fédération de pêche du département concerné.
Un bon panel de techniques
Question technique justement, les lacs d’altitude offrent là aussi une bonne diversité. Appâts naturels ou leurres, techniques actives ou à poste fixe, chacun pourra pratiquer selon ses préférences. Les pêches aux appâts à poste fixe, avec ver, teigne ou sauterelle et un montage flottant ou calé à fond, sont les plus simples à mettre en œuvre. Elles sont très efficaces dans les lacs pas trop grands. Le choix du poste est important, et il ne faut surtout pas hésiter à en changer si les touches tardent. En effet, les salmonidés ne sont jamais uniformément répartis dans un lac et les zones d’activité où les poissons actifs peuvent se concentrer changent en outre au gré des journées et des conditions. Il est donc important d’en tenir compte pour les rechercher. La bombette, avec des modèles coulant plus ou moins rapidement, facilite la prospection de ce point de vue, tout en permettant une pêche plus dynamique. Mais attention à la discrétion en n’utilisant pas des modèles trop lourds et trop bruyants, dans un environnement où les sons se propagent facilement. Dans le même ordre d’idée, les eaux limpides des lacs d’altitude nécessitent des montages discrets avec des bas de ligne assez longs et fins.
Les leurres à l'honneur
Côté possibilités et vitesse de prospection, les pêches au leurre ou au vairon manié sont évidemment les plus performantes. Et elles sont très efficaces ! Les poissons nageurs coulants et suspending sont les plus adaptés aux lacs de montagne, dans des tailles allant de 40 à 70 mm, voire 80 mm pour les grands lacs et la recherche des plus beaux poissons. Des cuillères ondulantes sont un bon complément pour prospecter plus en profondeur, mais aussi pour leurrer des salmonidés moins agressifs. Pour les pêches profondes cependant, le vairon manié est incontournable. Mais il faut gérer sa conservation, sans oublier qu’il peut être interdit dans certains secteurs. Il est important d’utiliser au mieux la capacité de prospection de ces techniques dynamiques pour couvrir un maximum de terrain, surtout dans ces eaux cristallines et calmes où les leurres sont perçus de loin. Si une prospection extensive est préférable pour commencer, cela n’empêche pas d’insister sur des points chauds localisés en cours de pêche.
N'oubliez pas la mouche
Enfin, la pêche à la mouche trouve dans ces secteurs d’altitude de formidables parcours pour une pêche passionnante et souvent visuelle. Selon le vent et les conditions de visibilité, il faudra choisir entre deux stratégies : insister en aveugle sur des postes marqués (pointes, arrivées ou sorties d’eau, éboulis ou herbiers par exemple) ou prospecter intégralement à vue pour ne lancer que lorsqu’un poisson est repéré. Il ne faut jamais être obnubilé par la distance et ne surtout pas oublier les bordures contre lesquelles les farios adorent marauder le matin et le soir.
Les créneaux horaires
Comme en rivière, il existe des périodes préférentielles d’activité. Le lever du jour est certainement la meilleure, particulièrement la première heure, qui constitue souvent une période d’activité intense, hélas pas toujours facile à pêcher à moins de grimper de nuit à la frontale. Mais d’une manière générale, essayez d’être sur place le plus tôt possible si vous voulez maximiser vos chances. Si la matinée est souvent intéressante, l’après-midi est, en revanche, souvent calme en été, surtout lorsque le soleil brille fort et qu’il fait chaud. Classiquement, truites et ombles retrouvent de l’activité lorsque l’atmosphère se rafraîchit et que la lumière diminue en fin d’après-midi. Le coup du soir peut être excellent et les poissons n’hésitent pas alors à s’approcher très près du bord en quête d’insectes tombés des berges.
Un peu de préparation
Beaux et préservés, souvent accessibles après un effort significatif, les lacs de montagne constituent des parcours d’exception. Ils permettent de vivre des parties de pêche mémorables dans un univers peu commun, en se confrontant à des conditions nouvelles dans des décors grandioses. Un matériel classique est tout à fait suffisant, même si des cannes de faible encombrement sont souvent très appréciables. Pensez aussi à bien trier ce que vous allez emporter, le mieux étant l’ennemi du bien lorsqu’il faut porter tout ça. Enfin, soyez vigilant au respect des règles de sécurité et, dans la mesure du possible, évitez d’y aller seul, le bonheur étant toujours plus beau lorsqu’il est partagé. Sinon, prévenez bien vos proches du circuit envisagé.
Les règles de sécurité
Il ne faut jamais sous-estimer la montagne ! Renseignez-vous sur la météo, pour éviter d’être pris dans des orages qui peuvent être violents et dangereux en altitude. Il faut ensuite être conscient de ses possibilités physiques et bien chaussé. De même, prévoyez des vêtements permettant de faire face à un changement météo et de température. Sans oublier de quoi s’hydrater et s’alimenter. N’oubliez pas la crème solaire, ça brûle souvent là-haut! Prenez des pansements contre les ampoules et un couteau. Enfin, assurez-vous de l’itinéraire, une carte détaillée (IGN Top 25) est souvent précieuse si vous ne connaissez pas l’endroit et parfois même si vous y êtes déjà venu.