L'imagerie instantanée fonctionnant le plus souvent en haute ou en très haute fréquence pour davantage de détails, sa portée est généralement limitée (une grosse trentaine de mètres de portée utile), ce problème étant encore aggravé par l’eau salée. Garmin a donc conçu une sonde Livescope XR pour la mer travaillant sur des fréquences plus basses : 282 à 522 kHz au lieu des fréquences habituelles de 530 à 1100 kHz. On se doute que la portée en sera améliorée, mais peut-être au détriment de la finesse et de la précision de l’image. Les tests que j’ai effectués se sont donc concentrés sur ces deux points : portée réelle et éventuelle dégradation de l’image. Les fonctionnalités de cette sonde étant en tous points comparables à celles de la LVS34 eau douce (trois modes Down, Forward et Lanscape, même black box GLS 10, même connectique, même version logicielle, même consommation), je ne m’étendrais pas là-dessus mais on pourra se reporter à notre test de la LVS34 (« Livescope Plus »). Pour des raisons logistiques, mes tests ont été réalisés en eau douce. En mer il faut tenir compte du fait que l’eau salée entraîne une atténuation du signal. La portée ne pourra donc qu’être inférieure à celle observée en eau douce.
Portées maxi et utiles
Rappel : portée maxi = distance au-delà de laquelle la sonde n’enregistre plus d’échos (c’est celle indiquée par le fabricant) et portée utile = portée réellement exploitable en action de pêche, avec une précision d’image suffisante, et donc inférieure à la portée maxi. La portée maxi annoncée par le constructeur pour la LVS62 est de 150 m en eau douce ce qui se vérifie, j’ai même eu des retours jusqu’à 160 m. Il est donc probable que les 105 m annoncés pour la mer soient également corrects. Pour la portée utile exploitable confortablement et bien que la notion de confort de lecture soit subjective, je l’estime à environ 70-80 m pour les macro-structures (pont noyé, épave, gros arbre, tête de roche, etc.) Sans surprise on observe une baisse progressive de l’intensité des retours avec la distance. C’est parfait jusqu’à 40- 50 m, ça décline ensuite jusqu’à 70-80 m, au-delà il devient vraiment difficile de tenter une interprétation (mais l’info existe). Pour ce qui concerne les poissons, j’ai eu des retours bien nets jusqu’à 55 m en mode forward. Probable donc qu’on puisse avoir des retours (même atténués) de gros poissons à des distances encore supérieures (60-70 m peut-être). S'agissant du leurre enfin, j’ai descendu un shad finesse de 5 pouces sur tête plombée de 25 g à 40 m (zone la plus profonde) : leurre parfaitement visible en mode down. Vu la qualité du retour à 40 m il est probable que l’on puisse tabler sur une distance plus importante encore (50 ou 60 m), du moins en eau douce. C’est le double de ce que permettent les précédentes sondes pour le suivi d’un leurre.
Qualité de l'image
La qualité de l'image est liée à plusieurs facteurs tels que l’intensité de l’écho de retour, le pouvoir de séparation et la définition de l’écran. Pour ce test, j’ai utilisé un Echomap 92 SV (9 pouces, 480 x 800 px) ce qui est loin d’être optimal, c’est même la configuration la plus basique possible pour cette technologie. Je craignais une perte de détails significative compte tenu des fréquences plus basses mais ce n’a pas été le cas, du moins en comparaison avec la LVS32. C’est assez logique puisque Garmin donne le même pouvoir de séparation des cibles pour ces deux sondes : 55 cm à 30 m. Si perte de détails il y a ce serait donc par rapport à la LVS34 (séparation 35 cm à 30 m). Mais ne prenez pas ces données théoriques au pied de la lettre : j’ai pu distinguer nettement le leurre de l’émerillon d’un bas de ligne de 20 cm dans 40 m d’eau ce qui, en théorie, ne serait pas possible.
Verdict
Mon sentiment est que, s’il y a perte de précision, elle est relativement minime. Et surtout la nature de l’imagerie instantanée, basée sur le mouvement en temps réel plus que sur le détail, fait qu’une éventuelle baisse de précision n’affecte pas vraiment l’utilisation (mais peut compliquer l’identification des cibles). En résumé, la portée est nettement améliorée et la baisse de qualité de l’image demeure peu significative : aucune mauvaise surprise donc, cette sonde tient ses promesses. Pour celui qui veut utiliser le Livescope en mer ou pour une utilisation mixte mer/eau douce, aucune hésitation à avoir, c’est le modèle à choisir. Pour une utilisation eau douce exclusive, la question se pose car la LVS62 coûte presque 1 000 € de plus que la LVS34. Je dirais que ça dépend de la profondeur du porte-monnaie et de l’importance qu’on accorde à la portée. Pour de la verticale dans 6 m d’eau la LVS62 n’apporte rien de plus et a même tendance à envoyer des coups de flash dans les faibles profondeurs. Si on pêche régulièrement dans 15-20 m ou plus (corégone, omble chevalier) elle apporte un confort indéniable, le leurre est bien plus facile à suivre car les échos sont plus intenses. Pour la pêche des pélagiques en mode forward, même si on lance rarement à plus de 30 m, le fait de pouvoir détecter les poissons à plus de 50 m (soit dans un cercle de 100/120 m de diamètre) est forcément un plus. Il en va de même pour la recherche de structures.
Fiche technique
- Sonde Livescope XR LVS62 seule : 2410 €
- Avec black box GLS 10 : 3199 €
- Dimensions : 21 x 10 x 7 cm
- Poids : 1,78 kg
- Faisceau : 20° x 135°
- Fréquences : 282 - 522 kHz
- Portée eau douce : 152 m
- Portée eau salée : 106 m
- Séparation des cibles : 55 cm à 30m
- Alimentation : 10-32 V
- Consommation : 21 à 58 W/h