Comment, où et à quel âge avez-vous commencé la pêche à la mouche ?
J’ai tout d’abord pêché la truite vers l’âge de six ans, au toc, puis au vairon manié, en compagnie de mon père sur les rivières et les ruisseaux du département de la Charente. J’ai pratiqué ensuite beaucoup d’autres techniques, pour me passionner et me concentrer finalement sur la pratique de la pêche à la mouche, vers l’âge de douze ans. À l’époque, je suivais mon père lors de coups du soir où il pêchait en mouche sèche avec de gros plumeaux. J’ai tout d’abord pêché les poissons blancs, les ablettes, les chevesnes et les vandoises, pour cibler ensuite les salmonidés, et plus précisément les truites de la rivière Touvre, une résurgence charentaise bien connue des pêcheurs en nymphe à vue.
Quand et pourquoi avez-vous commencé la compétition ?
Un peu après ma majorité, j’ai déménagé à Bordeaux où j’ai pris un poste de vendeur pêche au sein d’un magasin Décathlon et me suis rapproché de clubs de pêche à la mouche aux alentours pour prendre finalement une licence fédérale au GPS Pays d’Oc. C’est à ce moment que j’ai participé à mes premières compétitions rivière, en 1995. J’avais à l’époque 25 ans. Je me suis en parallèle rapproché de pêcheurs parisiens qui pratiquaient le réservoir, un domaine inconnu pour moi à l’époque. L’esprit de la compétition me passionnait, l’envie de progresser, d’être toujours meilleur, et la recherche associée à cette quête me motivaient. Certaines grandes figures, comme Jacques Boyko, Pascal Cognard, ou Piam étaient à l’époque mes idoles et mes exemples. Je connaissais d’ailleurs toutes les vidéos du marché à force de les voir en boucle.
Quels sont votre palmarès et votre évolution en compétition ?
J’ai commencé la compétition en grimpant les échelons des différentes divisions plutôt rapidement, que ce soit en rivière ou bien en réservoir. À ce jour, j’ai une quinzaine d’années en première division rivière et réservoir à mon actif. Cette année, d’ailleurs, j’ai concouru une nouvelle fois en D1 rivière et D1 réservoir. J’ai obtenu plusieurs podiums, mais n’ai jamais été champion de France. Depuis l’année 2006, j’ai réalisé une dizaine de compétitions internationales, championnats du monde et championnats d’Europe confondus, pour obtenir un titre de champion d’Europe par équipe au Portugal et plusieurs titres de vice-champion d’Europe, toujours par équipe, et coaché par d’illustres moucheurs français. Aujourd’hui, je prends de plus en plus de plaisir dans le coaching d’équipe. Je suis d‘ailleurs, depuis ce début d’année 2022, le capitaine de l’équipe de France Jeunes, en compagnie de mon ami Laurent Sentenac, le manager. Ces jeunes sont nos espoirs et l’avenir de notre sport.
Quel est votre surnom en équipe de France et pourquoi ?
« Pouïc », c’est le surnom que mes copains pêcheurs ariégeois m’ont donné vers les années 2010, après que j’ai « remis au goût du jour » ce streamer en lapin très efficace en réservoir (et pas seulement).
Quels sont votre meilleur et votre pire souvenir en compétition ?
Mon meilleur souvenir en compétition est le titre de champion d’Europe par équipe au Portugal. Je me rappelle encore les échanges téléphoniques avec mon copain Sébastien Delcor avant la dernière manche, où nous savions que nous allions être sur la première place du podium, et Seb ne m’en voudra pas de vous avouer que nous étions… en larmes ! Mon pire souvenir en compétition est ma redescente en seconde division rivière, il y a cinq ans, un vrai échec pour moi à l’époque.
Quels sont votre meilleur et votre pire souvenir de pêche hors compétition ?
Mon meilleur souvenir hors compétition est la prise de ma première grosse truite sauvage à l’âge de seize ans où j’ai crié mon bonheur dans toute la vallée ! C’était au toc avec un lombric de quinze centimètres ! Je n’ai pas de pire souvenir hors compétition, je considère que toutes les expériences, même mauvaises, sont bonnes à prendre !
Quelle est votre technique de pêche préférée et pourquoi ?
Je suis plutôt un pêcheur considéré comme technique et pointu dans l’approche et l’utilisation de mon matériel. Certains diront de moi que je suis très, voire, trop maniaque ! Pour moi, l’exigence reste primordiale en haut niveau. En réservoir, j’adore toutes les techniques de pêche fine, comme le chironome, la corde à linge, ou encore la pêche à vue. La sensation de leurrer de beaux et puissants spécimens avec des fils fins et des petites imitations me fait vraiment vibrer. En rivière, la pêche en nymphe au fil à l’espagnole, pratiquée avec des imitations légères, voire très légères, me passionne également. J’adore la précision de cette technique, je recherche le geste juste et naturel et la meilleure des dérives.
Avez-vous une ou deux mouches fétiches qu'il est possible de présenter aux lecteurs ?
En rivière, je dirai « Ma » nymphe noire à cul rouge, très productive dans la plupart des cours d’eau de France et du monde. Sinon, un streamer que j’utilise beaucoup en réservoir, le « Pouïc » forcément, c’est un aimant à grosses truites !
Quel est votre coin de pêche préféré en France ? Et à l'étranger ?
Le département de l’Ariège est une de mes destinations françaises préférées. Je pratique souvent les rivières autour de Foix, en compagnie de mon ami Laurent Sentenac. Nous partageons d’ailleurs ensemble un maximum de nos expériences, que ce soit en rivière ou en lac, tout ceci afin de progresser techniquement et stratégiquement. J’aime également pratiquer les grands réservoirs anglais, avec une préférence pour Rutland que j’ai fait découvrir à Laurent, vivement mai prochain !
Quels voyages rêvez-vous de faire ou quels poissons rêvez-vous de pêcher ?
Je rêve forcément, comme beaucoup, de pêcher les rivières mythiques du Montana pour prendre en mouche sèche ou à vue de belles truites farios sauvages.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
On peut me souhaiter d’accompagner et de faire progresser au mieux les jeunes moucheurs français dans leur acquisition de la pratique. Bien évidemment, en tant que compétiteur, mon objectif est de faire monter ces jeunes pousses sur les podiums mondiaux en visant la première marche par équipe : quel plaisir et quel accomplissement de voir leurs yeux briller (voire verser des larmes) dans ces moments d’intensité extrême ! Plutôt altruiste, je prends à cœur aujourd’hui cette mission. En Italie cette année, nous avons d’ailleurs décroché la médaille de bronze par équipe lors des championnats du monde et je tiens à dire que Laurent et moi-même sommes très fiers de ce que nos jeunes ont accompli. À suivre…