Quand on parle de pêche fine, on pense bien souvent aux pêches en sèche, en nymphe à vue, avec des soies flottantes et des bas de lignes longs et fins… Mais la finesse peut également se trouver dans l’approche des techniques, dans le schéma que l’on va construire pour réussir sa pêche, dans la réflexion autour des montages et de son matériel. Tant de possibilités qu’au final, on pourrait en faire un roman ou une thèse de philo ! Nous allons dans ces lignes nous restreindre à aborder la finesse dans les différentes techniques de pêche, et de ce fait, nous parlerons plus justement de pêches imitatives, pour lesquelles on va chercher à tromper le poisson en se rapprochant au plus juste de son régime alimentaire, contrairement aux pêches incitatives pour lesquelles on cherchera à le leurrer.
La pêche en sèche
Dans le cadre d’une pêche de finesse en sèche, on va privilégier des mouches « imitatives », correspondant au menu du jour des truites. Cette pêche sera donc très liée à la saison, en cherchant à coller au mieux au naturel. Le choix de notre matériel sera donc parfaitement en corrélation avec ce qui se passe sur la surface, la taille des insectes présents conditionnant l’action de pêche et, de ce fait, le choix du matériel à utiliser. Pour prendre deux exemples, très parlants :
- Si l’on est en présence d’une éclosion de chiros ou d’une retombée de fourmis, la pêche pourra se faire à distance.
- Si au contraire on assiste à une éclosion de tricoptères ou de libellules, il y a fort à parier que l’on devra pêcher au plus près de la berge.
Les cannes La finesse de la pêche en sèche consiste, comme en rivière, à choisir parfaitement ses imitations, ce qui conditionnera alors la finesse du fil, et, par conséquent, la puissance de la canne. En général, les puissances de 5 et de 6 seront les plus employées. La taille de la canne dépendra principalement de l’action de pêche, plus on cherchera à cibler les poissons à courte distance, plus on aura besoin de pêcher vite, et une 9’ sera parfaite. Au contraire, si l’on a besoin de pêcher à distance en pêchant l’eau, on privilégiera l’emploi d’une canne plus longue, la 10’ sera le choix idéal.
Les soies Plus on va chercher à pêcher fin, plus la soie devra être légère pour éviter d’avoir trop de prise à l’eau. On utilisera donc des soies avec des profils progressifs et assez longs, comme peuvent les proposer les Scientific Anglers VPT. Le numéro de la soie sera en adéquation avec celui de la canne, voire un numéro inférieur pour les soies avec des profils longs, dès lors que l’on cherche à pêcher à distance.
Les mouches Le choix va être extrêmement vaste et lié au milieu et à la saison. De base, on pourra utiliser notre boîte rivière sans rougir, car on retrouvera les mêmes grandes familles d’insectes qu’en eaux vives, éphémères, tricoptères et autres. Attention à bien penser à prévoir des imitations de chironomidés, et à ne surtout pas oublier des terrestres de toutes tailles !
Le bas de ligne Plus on va chercher à pêcher précis, en bordure, ou à proximité d’obstacles, plus un bas de ligne court et rapide sera bon. Une queue-de-rat de 12’ en Nylon, prolongée d’une pointe courte, sera parfaite. Au contraire, si l’on pêche l’eau à distance, on privilégiera un bas de ligne long et lent afin d’avoir une présentation souple et discrète. On pourra utiliser idéalement une queue-de-rat de 9’ avec une terminaison en 18 ou en 20 centièmes prolongée par trois diamètres de longueur progressifs tels que :
Diamètres | 16/100 | 14/100 | 12/100 |
Longueurs | 50 cm | 70 cm | 100 cm |
La pêche en nymphe à vue
L’approche La pêche à vue sera forcément conditionnée par la clarté de l’eau, mais est utilisable dans l’immense majorité des réservoirs français. La turbidité de l’eau contraindra cependant la distance de pêche et/ou la profondeur d’activité des poissons. Dans cette approche, si on ne voit pas notre nymphe, ne paniquons pas, ce n’est pas bien grave. Le principal est de voir le poisson et son comportement, le ferrage étant déclenché par un comportement spécifique de ce dernier. L’idéal est bien sûr de le voir ouvrir la bouche, mais ce cas n’est pas le plus fréquent. On se fiera à un changement net de sa progression: soit un changement marqué de direction, soit un changement de vitesse, un arrêt net…
Le matériel et les mouches Le matériel devra répondre exactement aux mêmes conditions que celui défini pour la pêche en sèche. Il sera donc parfaitement possible de passer d’une technique à une autre sans changer de canne ni de soie. Comme en sèche, les mouches que l’on utilise en rivière seront parfaitement adaptées à la pêche à vue en lac. Attention cependant à ne pas utiliser de mouches trop lourdes. D’une part, l’impact pourrait alerter les truites, mais d’autre part, et c’est peut-être le plus important, une mouche trop lourde coulerait trop vite, ce qui n’est clairement pas une approche naturelle. Ce choix occasionnerait non seulement des refus, mais nous ferait de plus passer très régulièrement en dessous du poisson, ce qui est parfaitement rédhibitoire, un poisson actif prenant des proies à son niveau ou au-dessus de lui, que très rarement en dessous ! On utilisera les mêmes bas de ligne que pour la pêche en sèche avec une variante dans les diamètres de pointe. Si, en sèche, on affinera selon le volume de la mouche, en nymphe à vue on pourra jouer sur le diamètre quelle que soit la taille de la nymphe, mais dans un but bien précis, celui de ralentir ou d’accélérer la descente des mouches. C’est le principe du fil à couper le beurre! Plus l’on pêchera fin, moins le fil aura de prise à l’eau, plus la descente (à poids de mouche égal) sera rapide. Au contraire, plus on pêchera gros, plus le fil aura un effet de parachute et ralentira la descente des mouches.
La pêche nymphe au fil
Dès que l’activité des poissons est trop profonde, à des distances trop importantes ou dans des milieux trop turbides, on ne pourra plus pêcher à vue confortablement. Dans ces conditions, la pêche au fil reprend clairement le dessus. On utilisera sur notre ligne une à trois mouches, afin de pêcher plusieurs couches d’eau, mais aussi pour trouver la mouche la plus efficace le jour J.
Les cannes La logique reste la même que pour les pêches précédentes. Une canne longue sera parfaitement adaptée à une pêche à distance, alors qu’une 9’ sera à réserver aux pêches de bordure. Ici la plus polyvalente sera certainement la 10’.
Les soies Dès que l’on va pêcher au fil, les profils de soie seront très importants. Si on ne pêche qu’avec une nymphe, un profil de tête régulier comme la Scientific Anglers VPT sera parfait. Si, en revanche, on commence à utiliser un train de mouches, une soie avec un profil plus marqué en tête comme la Airflo Universal taper sera beaucoup plus adaptée. Plus le profil sera marqué vers l’avant, plus le ferrage devra être contenu, le poisson se piquant presque uniquement grâce à l’inertie de la soie sur l’eau.
Les nymphes Tout comme pour la pêche à vue, une bonne sélection de nymphes rivière, pas trop lourdes, sera parfaitement adaptée à la pratique du fil en réservoir. Il faudra en revanche ne surtout pas oublier tous les modèles spécifiques à la pêche en lac, comme toutes les déclinaisons de chironomes, qu’il s’agisse des buzzers, des snatchers, des cruncheurs et autres diawl bach. Plus on utilisera de mouches sur le bas de ligne, plus la queue-de-rat devra être courte. Au contraire, si l’on ne pêche qu’à une nymphe, elle pourra être plus longue. Par exemple, avec une seule mouche, on pourra utiliser une queue-de-rat de 9’ terminée en 18 centièmes, avec 50 cm de fil fluo du même diamètre et un micro-ring. La pointe pourra ensuite faire de 70 centimètres à 1,5 mètre. Dans le cas inverse et l’utilisation d’un train de mouches, on choisira une queue-de-rat très courte, d’une longueur inférieure au mètre terminée par un brin fluo en 18 centièmes muni d’un micro-ring. Tout le reste du montage sera en montage sera en monofilament.
Pour conclure cette première partie, il est difficile de définir une pêche fine. La finesse peut se trouver dans toutes les techniques dès lors que l’on affine un peu les montages et que l’on cherche à faire une pêche plus imitative qu’incitative. Quoi qu’il en soit, que ce soit en lac ou en rivière, sur des poissons sauvages ou des surdensitaires, avec des techniques fines ou plus puissantes, le but est de prendre du plaisir au bord de l’eau ce qui sera propre à chaque pêcheur. Nous avons parcouru une partie des techniques finesses en soie flottante, nous vous invitons à surveiller nos prochains articles pour compléter l’approche finesse sur d’autres techniques, notamment avec l’utilisation des soies plongeantes.