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Ouverture mouche : pêchez tout en finesse le jour J

Les rivières de première catégorie commencent à revivre et vont bientôt nous voir courir à nouveau leurs berges. Les poissons n’ont pas été dérangés depuis plusieurs mois, mais il est cependant recommandé de pêcher un peu plus juste, et ceci pour différentes raisons que nous allons détailler…

Une variable déterminante dans le choix de la pêche est la phase d’activité des poissons. Même s’il reste encore pas mal de temps pour arriver au plus fort de la saison, il se peut qu’il y ait des phases d’activité courtes mais intenses durant votre journée. Il faut donc rester très attentif pour ne rien rater du moment fort du jour, tout en patientant en pêchant l’eau.

1. Poissons actifs ou pêche de l'eau

Plusieurs options s’offrent à vous en début de saison : pêche en nymphe au fil, pêche en noyée, pêche au streamer et pêche en sèche. Quoi qu’il en soit, le poisson inactif ne se déplace pas pour une petite proie. Donc, pour pêcher l’eau, utilisez des mouches volumineuses ! À cette saison, nous retrouvons sur nos cours d’eau les fameuses march brown (insecte de la famille des Heptageniidae, et du genre Rhithrogena). C’est la mouche idéale à imiter pour pêcher l’eau, quel que soit son stade de développement, car sa taille intéresse les poissons même apathiques. Il ne faut pas hésiter à mettre dans sa boîte des imitations de grosse, voire très grosse taille, montées sur hameçons de 8 à 12. Cette sélection permet non seulement de pêcher l’eau mais également, dès le début de l’éclosion, de s’adapter à la taille exacte des insectes en présence. Vu la taille et le volume des mouches, pas besoin de finasser ! Cela risque de ne vous apporter que des problèmes : vrillage, perte de précision, affaiblissement de la pointe… En sèche, notamment pour imiter des imagos, 14 centièmes sont le strict minimum pour pêcher l’eau ! Il ne sera pas même choquant de monter en 16 ou en 18 dès lors que vous pêchez sous l’eau, notamment en noyée. La seule occasion où il peut être utile d’affiner est en nymphe afin qu’il y ait le moins de prise possible du courant sur le fil et afin de ralentir la dérive au maximum. Le poisson qui se déplace pour ce type de proie ne vient pas pour acheter du terrain ! La touche, notamment en noyée, risque d’être relativement violente, un fil un peu fort n’est donc pas superflu !

Une variable déterminante dans le choix de la pêche est la phase d’activité des poissons.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Approche pour pêcher les poissons actifs

Un poisson actif n’est pas forcément simple à prendre s’il n’est pas opportuniste et qu’il sélectionne un insecte en particulier. Quand c’est le cas en début de saison, la difficulté peut être accrue parce que les éclosions en cette période de l’année sont principalement concentrées sur les faciès les plus calmes de nos rivières, laissant le temps aux truites de déjouer nos pièges. Lorsque nous sommes confrontés à cette situation, nous n’avons pas d’autre choix que celui d’être parfaitement juste dans notre approche, que ce soit au niveau de notre positionnement ou dans le choix de notre matériel. Si l’éclosion en cours est celle de gros insectes, pas de soucis, on garde les mêmes associations que dans le cadre de la pêche de l’eau et tout va bien. Mais ça ne fonctionne que si les poissons sont attablés sur les march brown et consœurs… A contrario, ce qui arrive régulièrement, c’est que l’on se retrouve face à une éclosion massive de petites mouches, généralement des baetis rhodanis à cette saison. Et là, 10 centièmes (voire moins parfois) en Nylon vous serviront forcément !

2. Les pêches fines d'ouverture

Nous allons nous concentrer ici sur les cas où les baetis sont de sortie. Dans cette situation, pas d’autre solution que d’affiner, et ce quelle que soit la technique employée.

La pêche en sèche

Une pêche pleine amont en remontant la rivière avec de grosses mouches sèches est souvent payante.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Il est fréquent d’assister en début de saison à des éclosions assez importantes de baetis rhodanis aux belles heures chaudes du jour. On ne se prive donc pas du plaisir de tromper quelques poissons en sèche. Pour cela, la finesse est de mise et un ensemble adapté nécessaire. Pour un maximum de plaisir et d’efficacité, optez pour une canne pas trop longue de 9’4 à 9’8 pour soie de #3, relativement douce, qui non seulement dépose discrètement votre imitation et amortit votre ferrage sur les diamètres fins. Concernant la soie, un maximum de confort est obtenu avec un profil WF assez long comme la JMC Symbol ou la Scientific Angler Mastery VPT. Il permet d’effectuer des posés délicats et des ferrages réactifs, car la finesse du fuseau n’a que peu de prise avec la pellicule de l’eau. Le moulinet quant à lui n’a que très peu d’importance du moment qu’il équilibre parfaitement l’ensemble. Mon choix personnel s’oriente vers un semi-automatique, type Yoto 30, afin de ravaler immédiatement l’excès de soie qui peut traîner sur l’eau et se prendre dans les pieds ou dans la végétation rivulaire. Le bas de ligne doit être équilibré pour recevoir de petites imitations et pour permettre des posés courbes et détendus sans jamais brider votre mouche : en partant sur une base de queue-de-rat de 2,75 m finissant en 16 centièmes, on module les derniers éléments afin d’obtenir l’action et la vitesse souhaitées.

Bas de ligne sèche
Matière Queue de rat Nylon Nylon Nylon Nylon
Diamètre 45 à 16 14 12 10
Longueur (cm) 275 70 70 120/150

La pêche en nymphe au fil

C’est souvent dans les eaux froides de l’ouverture que la nymphe au fil pêchée avec finesse donne de bons résultats.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

La pêche au fil est forcément votre alliée pour l’ouverture durant les heures les plus calmes du jour. Elle autorise aussi bien la prospection des zones creuses des forts courants et des courants plus lents. Ces deux spots tiennent les poissons car ils y trouvent des zones de confort où ils peuvent patienter en attendant que la nourriture leur arrive dans la gueule sans trop d’efforts, ni pour lutter contre le courant ni pour se déplacer pour se nourrir. Sur ce type de poste, généralement, les zones exposées au soleil sont plus rentables que celles à l’ombre car elles se réchauffent plus rapidement, ce qui offre un confort thermique aux truites, facteur déterminant pour leur activité. Pour cette technique, et dans le cadre de l’approche des zones calmes et creuses, l’idéal est l’emploi d’une longue canne, de 10’8 à 11’2 pour une puissance de #3, voir #4, qui permet de pêcher confortablement avec des nymphes parfois un peu lourdes, incontournables en début de saison. Associez votre canne à un moulinet semi-automatique et à une soie spécifique en 0,55, et vous pouvez prospecter correctement et à distance raisonnable les postes les plus aptes à accueillir des poissons actifs en l’absence d’activité pour ce début de saison. Le bas de ligne doit être relativement classique pour la pêche au fil et peut accueillir deux nymphes pour prospecter les postes longs et calmes.

Bas de ligne nymphe au fil
Matière Fluoro Nylon bicolore Fluoro Fluoro
Diamètre 16 ou 18 16 ou 18 10 10
Longueur (cm) 400 70 70 à 150 50

La pêche en tandem

Un passage en tandem sèche/ nymphe a permis la capture de cette belle truite.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Cette technique, souvent évoquée, consiste à pêcher à deux mouches avec une sèche en potence, et une nymphe en pointe. Elle permet d’aborder à distance des postes relativement lents, les mêmes qui peuvent accueillir des poissons actifs au pic d’activité de la journée, mais de les attaquer avant qu’ils ne soient focalisés sur les insectes de l’éclosion à venir. L’idée ici est d’utiliser en potence une mouche qui vous permette de prendre des poissons en sèche en pêchant l’eau. Pour ce début de saison, il s’agit donc, dans l’idéal, d’une march brown. Le matériel à utiliser est très proche de celui pour la sèche. La canne idéale est proche de la 10’ pour soie de 3/4, équipée d’une soie WF avec un profil assez décentré sur la tête afin de charger un train de mouche qui peut être un peu volumineux. Les soies type Royal Wulff TT, JMC Visiolight, ou Orvis Trout sont donc parfaitement adaptées. De la même manière, le bas de ligne est similaire à celui utilisé en sèche, la variante se trouvant en dessous de la partie queue-de-rat. Même si un montage en direct peut être très efficace pour détecter les touches sur la nymphe, on conserve une potence de 5 cm au maximum, afin d’avoir la sèche relativement libre avec la pointe de l’hameçon parfaitement exposée pour assurer le ferrage en cas de gobage sur la sèche.

Bas de ligne sèche et nymphe
Matière Queue de rat Nylon Nylon Nylon Nylon
Diamètre 45 à 16 14 12 10
Longueur (cm) 275 50 50 70 à 120

En espérant que toutes ces petites combines vous serviront pour bien débuter cette nouvelle saison, je vous souhaite à tous une très belle ouverture.

Dérives lentes typiques de la pêche d’ouverture.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

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