En réservoir, une nymphe suspendue sous la surface peut séduire une truite peu réceptive à l’agressivité d’un streamer, par exemple. Mais on peut aussi opter pour ce type d’approche suspendue par préférence personnelle pour les pêches fines, très plaisantes, ou simplement pour varier les plaisirs.
La sèche-nymphe
Comme en rivière, il est possible d’associer sèche et nymphe en réservoir. C’est l’approche la plus évidente et la plus simple des pêches suspendues. La sèche remplit deux fonctions : elle porte la nymphe et la maintient à la profondeur souhaitée tout en pêchant elle aussi, tout à fait à même de prendre un poisson. Elle doit donc être reliée au bas de ligne par une potence afin de lui donner suffisamment de liberté. On peut pour cela utiliser le brin du bas d’un nœud triple raccordant deux brins du bas de ligne, dont on réglera la longueur à 7 à 10 cm pour réaliser cette potence. La nymphe ne doit surtout pas être trop lourde, sous peine de faire couler la sèche. Petite bille et laiton donc ! Il y a en fait deux options possibles. La première consiste à utiliser une seule nymphe, généralement un modèle assez petit (hameçon n°20 à 16) et imitatif, qu’on règle pour pêcher assez près de la surface (50 à 80 cm).
Ce qui marche
On peut alors utiliser une sèche imitative aussi, comme un montage parachute, un cul de canard relativement gros (hameçon n°12) et fourni ou un sedge bien graissé. C’est une bonne approche lorsque les truites sont actives et patrouillent sous la surface, montant volontiers gober lorsqu’un insecte se présente. La seconde option consiste à utiliser deux nymphes. On a intérêt à les espacer pour qu’elles pêchent à des profondeurs différentes : la première 50 cm sous la surface et l’autre 1,50 m plus bas, par exemple. Avec deux nymphes, il faut essayer différents modèles pour trouver ce qui fonctionne et coupler des artificielles très différentes. Petite nymphe imitative en haut et plus grosse incitative (couleurs vives) en pointe, par exemple. Avec deux nymphes, il faut évidemment utiliser une sèche plus porteuse. Les poils creux (type chevreuil) sont excellents ainsi que les corps à base de mousse flottante. Ça flotte très bien, bas sur l’eau et c’est tout à fait capable de faire monter des truites qui les gobent souvent lentement. Il est alors judicieux de retarder légèrement son ferrage.
Savoir où elles sont
Quelle que soit l’option choisie, la pêche consiste à maintenir ces imitations, statiques, à la bonne profondeur. Ce qui suppose de savoir où les truites sont en action… Soit en ayant repéré des signes évidents d’activité, soit après une première exploration basée sur une technique plus dynamique, au streamer par exemple. Si ce n’est pas le cas, il faut essayer de les trouver en prospectant différents secteurs et différentes profondeurs, en sachant bien que ces approches suspendues prospectent très lentement. Dans ces conditions, le montage utilisant deux nymphes est évidemment plus indiqué. Un bas de ligne dégressif, qui s’étale mieux et présente plus délicatement, est préférable. Selon la taille des nymphes, la transparence de l’eau, le gabarit et le niveau de méfiance des truites, on pêche plus ou moins fin (pointe de 14 à 16/100). La touche se matérialise par la sèche qui coule ou bien se met en mouvement.
La corde à linge
Mais quand les truites croisent très près de la surface (20 ou 30 cm), lorsqu’une éclosion les fait monter notamment, l’option sèche-nymphe, qui pêche souvent trop bas, fonctionne assez mal. Mieux vaut alors en choisir une autre : celle de la corde à linge, traduction de l’expression anglaise washing line. Il s’agit d’un montage proposant des nymphes placées entre deux parties flottantes, la soie d’un côté et une grosse mouche sèche de l’autre, ce qui permet de les maintenir très près de la surface. Le montage est simple car on peut utiliser un bas de ligne monobrin (16 à 22/100) selon par exemple la formule suivante : brin 1,50 m + potence 1ère nymphe + brin 1,50 m + potence 2ème nymphe + brin 80 cm avec mouche sèche en pointe. Les potences (10 à 15 cm) sont réalisées avec un brin conservé du nœud de raccord, nœud baril ou nœud triple (utilisez le brin du bas avec ce dernier). Privilégiez le fluorocarbone, qui s’immerge plus facilement que le nylon. Côté mouches, il faut utiliser des nymphes légères, pas ou peu plombées, imitations de nymphes ou d’émergentes de chironomes, en particulier, ou encore de petites nymphes d’ensemble. La mouche sèche doit être très flottante pour bien maintenir le bas de ligne tendu et le train de mouches sous la surface.
Sèche teaser
Un modèle avec un corps intégrant de la mousse flottante est ici aussi une bonne option. Si elle est incitative (matériaux brillants, couleurs vives), elle peut aussi jouer le rôle de teaser et attirer des truites de loin, qui découvriront les petites nymphes en s’approchant. Les touches se visualisent à la pointe de la soie qu’il ne faut pas quitter des yeux. Une astuce consiste à enduire cette pointe de graisse fluo. Attention, les truites peuvent prendre les nymphes en venant vers vous. Dans ce cas, ce n’est pas sur la soie mais sur la sèche que l’on visualise la touche. Il faut donc la suivre des yeux elle aussi !
Attentif
Ces pêches sont basées sur des nymphes inertes qu’il faut simplement maintenir sur place, à la bonne profondeur. Mais la ligne doit toujours rester rectiligne, assez tendue pour que les touches soient correctement perçues. Celles-ci peuvent d’ailleurs être marquées voire brutales lorsque les poissons croisent rapidement. Attention aux casses au ferrage. Elles peuvent aussi être fines et très discrètes. Pêcheur inattentif, vous avez du souci à vous faire !
Une canne longue
Une canne offrant un bras de levier suffisant est toujours préférable lorsqu’on pêche avec plusieurs artificielles. Une 10’ est sans doute le meilleur compromis entre bras de levier suffisant et maniabilité. Les modèles d’action progressive sont en outre préférables pour réaliser des lancers en douceur qui évitent au maximum les immondes sacs de nœuds, un des inconvénients bien connus de la pêche à plusieurs artificielles.
Boucle élargie
Pour réduire les emmêlements autant que possible, mieux vaut éviter les lancers avec une boucle de soie serrée et au contraire favoriser ceux générant une boucle élargie. Ils donnent moins de vitesse mais sont plus sûrs.