Peacock bass, le guerrier bariolé d'Amazonie

S’il y a un poisson qui fait rêver tous les pêcheurs sportifs en eau douce, c’est assurément le peacock bass. Imaginez un poisson d’aquarium aux couleurs éclatantes et d’une puissance phénoménale, vivant dans l’immense bassin du plus grand fleuve au monde, l’Amazone et vous obtenez un fantasme halieutique presque parfait ! Partons à la découverte de ces fabuleux adversaires tropicaux qui sont de véritables œuvres d’art de la nature.

Qu’on les appelle : tucunarés dans les pays sud-américains ou peacocks bass en anglais, il s’agit de plusieurs espèces d’eau douce tropicale du genre Cichla, toutes originaires d’Amazonie. Ces poissons ne sont donc pas des « bass », comme le black-bass que nous connaissons tous, mais plutôt des cichlidae. Il existe cinq espèces principales (et de nombreuses sous espèces) que sont :
Cichla temensis Le plus grand et le plus recherché, c’est le roi des peacocks bass ! Il peut mesurer un mètre de longueur et peser jusqu’à 13 kg. Il est aussi celui qui possède le plus de variantes de couleurs, presque à l’infini ! Il est d’ailleurs déconcertant de prendre parfois, sur un même secteur, un temensis blanc avec de très nombreux traits noirs, souvent localement appelé « pinta lapa », et un autre jaune orangé avec trois grandes barres noires verticales sur les flancs, appelé « pavon ». Les différences s’accentuent lors de la reproduction mais elles existent déjà suivant les habitats. Le temensis a été introduit dans plusieurs régions des États-Unis sans réel succès. En revanche, il s’est très bien adapté en Asie, comme en Malaisie ou à Singapour.

Presque toutes les espèces de peacock possèdent une tache en forme d’œil à la base de la queue, ce signal est aussi bien prévu pour se protéger des prédateurs que pour leurrer les proies potentielles.
Crédit photo : Herlé Hamon

Cichla ocellaris Aussi appelé « butterfly », c’est-à-dire papillon. Il possède sur les flancs des marques qui rappellent les motifs de certains de ces beaux insectes et, comme les autres peacocks, un ocelle sur la queue. Il ne grandit pas autant que son cousin, mais il est très présent et particulièrement agressif malgré son poids qui, en général, ne dépasse pas les trois kilogrammes. Il s’est adapté à de nombreux pays tropicaux où il a été introduit, comme en République dominicaine. Les plus gros spécimens peuvent dépasser les cinq kilogrammes, mais cela reste exceptionnel.
Cichla intermedia et Cichla orinocensis Deux espèces originaires du bassin de l’Orénoque, autre fleuve immense qui forme notamment la frontière entre la Colombie et le Venezuela. L’orinocensis est, lui aussi, souvent appelé « butterfly », car son nom en brésilien, « burboleta », signifie papillon. On le trouve également en grand nombre sur le bassin du rio Negro au Brésil. Il prend très bien les mouches, que ce soit des streamers ou des poppers en surface.
Cichla monoculus C’est l’une des plus grandes variétés. Il peut peser jusqu’à neuf kilogrammes. Il a été introduit avec succès en Floride et à Hawaï par exemple, mais où il n’atteint pas les tailles de son milieu naturel.
D’autres espèces comme le peacock azul ou blue, le pinima ou encore le jariina occupent d’autres bassins-versants brésiliens, mais ils sont plus rares et souvent de taille moyenne. Je pense que, pour prendre la mesure de ce qu’est la pêche du peacock bass, ma première rencontre avec un gros spécimen reste la plus représentative…

Voici l’incroyable rio Orénoque, qui est l’un des berceaux de plusieurs espèces de peacock bass, dont la plus grande : le temensis.
Crédit photo : Herlé Hamon

Rencontre avec le roi temensis

J’étais avec mon ami Éric pour mon premier voyage en Colombie et, dès le premier matin, nous sortons nos premiers peacocks du séjour. Ce sont des orinocensis avec leur livrée verte et jaune, rehaussée de quatre formidables taches sur les flancs et la queue. Absolument magnifiques ! Ils ne dépassent pas les quatre ou cinq livres, mais ils nous ont déjà donné du fil à retordre car le peacock a une puissance exceptionnelle pour un poisson d’eau douce, plutôt comparable aux prédateurs marins comme les snappers ou les mérous. Nous nous rendons alors dans une lagune secondaire, à la recherche des « pavon grande » comme dit notre guide local ! Pendant une vingtaine de minutes, nous peignons consciencieusement la zone, lançant nos mouches au plus près des obstacles immergés et de la berge et… rien ! Pas une attaque ou un suivi, nada ! Le guide s’enfonce ensuite plus avant dans une petite anse, je suis à l’avant du bateau et je repère un enchevêtrement de bois morts où l’eau semble plus profonde. J’expédie mon streamer au beau milieu de ces obstacles, l’eau est claire comme filtrée par la lagune et j’aperçois très clairement ma grande mouche onduler à chaque tirée. Elle n’est plus qu’à quatre ou cinq mètres, de notre embarcation, quand un énorme poisson d’aquarium surgit de nulle part et l’avale !

Le peacock est un poisson très puissant et bagarreur qui, en plus de sauter parfois, va surtout chercher les obstacles pour vous fausser compagnie!
Crédit photo : Herlé Hamon

 

Ma canne explose

Je n’ai pas le temps de profiter de cette vision surréaliste car la canne manque de m’être arrachée des mains. Je n’ai pas le choix et je bloque complètement le moulinet pour éviter que ce tucunare rejoigne son refuge. Le problème est qu’il s’agit d’un énorme spécimen. Contrarié, il décide alors de passer sous le bateau. Je n’ai pas le temps ni la possibilité de suivre avec la canne qui explose littéralement au-dessus du premier anneau ! Il me reste une soixantaine de centimètres de carbone pour finir le combat qui est particulièrement tendu. Je pense l’avoir d’ailleurs perdu, puis je reprends contact et j’arrive à l’extirper de sa cache. Je tiens le graal dans mes mains, un mâle de temensis avoisinant les 20 lbs. Cette histoire résume ce qu’est cette pêche. Il s’agit d’une traque où l’on prospecte chaque poste dans l’espoir de voir surgir un éclair chamarré et ensuite devoir s’accrocher à sa canne !

Voici le rêve de tous les pêcheurs voyageant dans la jungle à la recherche du peacock bass, un gros temensis en robe nuptiale!
Crédit photo : Herlé Hamon

Du matériel solide !

Au niveau matériel, il ne faut donc pas lésiner et une soie de 8 est un minimum, même lorsque l’on s’attaque à des « butterfly » de quelques livres seulement. En présence de poissons pouvant dépasser les cinq kilogrammes, il faut utiliser un ensemble en dix pour pouvoir contrer le premier rush. Les bas de lignes sont simples et solides, deux mètres à une longueur de canne de quarante livres sont un bon compromis. Si vous avez peur pour vos cannes, il faudra faire un « cassant » en 20 livres maximum, mais cela au risque de perdre les plus gros sujets dans les obstacles. Au niveau des soies, l’idéal, dans la majorité des cas, reste une flottante avec une pointe intermédiaire. Les modèles « Sonar Titan » tropiques de chez Scientific Anglers me donnent entière satisfaction. Ils sont suffisamment chargés vers l’avant pour propulser facilement de grands streamers montés sur hameçons 4/0, voire 6/0, ainsi que des poppers de même taille. Ils ont, de plus, une résistance de 90 lbs ce qui vous autorise à tirer un peu dessus… Une soie plongeante ou une pointe plongeante peuvent aussi servir dans certains cas précis, comme dans les lagunes les plus profondes où les peacocks sont parfois au ras du fond. Pour le popper, une soie flottante est idéale pour envoyer vos artificielles au plus près des obstacles et des berges. Deux cannes montées sont donc parfaites pour la plupart des situations. Le moulinet ne vous servira en général que de réserve de ligne car, à la touche, pas question de laisser filer le poisson ! Comme nous l’avons vu, il faut tout bloquer ! Il est rare de se retrouver sur le frein, mais il vaut mieux tout de même prendre un modèle fiable au cas où…

Une robe somptueuse que vous propose cet incroyable poisson !
Crédit photo : Herlé Hamon

Les secteurs de pêche

Les zones de pêche peuvent se définir en trois grands secteurs. Les rivières tout d’abord, où l’on pêche vraiment en dérive le long des berges et où il convient d’envoyer sa mouche le plus possible sous les frondaisons et proche des embâcles immergés. On bat donc du terrain et c’est souvent la technique la plus productive en nombre de captures. Viennent ensuite les lagunes plus ou moins fermées. Vastes et accessibles, leurs ouvertures sur la rivière sont des lieux de tout premier choix. Leurs eaux filtrées par la dense végétation sont souvent plus claires que dans les cours d’eau principaux et se prêtent donc bien à la pêche au fouet. Ce sont dans ces « lacs » que viennent se reproduire les peacocks et que l’on prend souvent les plus gros sujets. Il n’est d’ailleurs pas rare de faire sur quelques mètres carrés un mâle et une femelle car les tucunarés forment des couples qui restent un moment ensemble. Dans ces lagunes, les poissons se répartissent et vous pouvez les chercher en pleine eau comme sur les bordures. Enfin, les grandes zones formées par des bancs de sable sont très intéressantes au lever et au coucher du soleil. Les peacocks viennent alors chasser les bancs de petits poissons fourrages qui se réfugient sur ces hauts-fonds. Les cassures entre la rivière principale et ces langues sablonneuses sont des postes parfaits pour faire le coup du soir. La traque du peacock bass se rapproche donc de celle du brochet, mais un brochet qui aurait pris une bonne dose d’amphétamines !

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