Les frontières entre les différentes techniques de pêche ne cessent de se réduire. La pêche au leurre et celle à la mouche en sont un exemple criant, surtout lorsque l’on traque les carnassiers. Ces approches, à la base opposées, s’associent de plus en plus pour offrir aux pêcheurs plaisir et performance. Elles peuvent même être complémentaires. Tanguy Marlin et moi-même nous sommes prêtés au jeu dans un cadre superbe !
La destination
DHD Laïka Voyages distribue en exclusivité cette destination pêche.
www.dhdlaika.com
4 rue Paul Cézanne
75008 Paris
01 42 89 32 64
Plantons le décor
Pour arriver à mettre en évidence les avantages et inconvénients de chacune des forces en présence, il était d’une importance capitale d’évoluer sur une zone où les deux techniques étaient potentiellement praticables de façon optimale. Tanguy et moi avons eu la chance de partir quatre journées sur l’une des zones les plus incroyables d’Europe pour pêcher le brochet : la Laponie suédoise. C’est en limite du cercle polaire que nous avons découvert une zone de pêche infinie, avec une densité de brochets importante et une pression de pêche que l’on peut considérer comme nulle. Le biotope est vraiment incroyable, offrant un réseau de lacs de plusieurs milliers d’hectares aux eaux souvent « gin clear », quasi transparentes et où la majorité des fonds excèdent rarement trois mètres ! Roselières, rochers, plateaux, cassures… tous ces postes peu profonds « puent » le brochet ! Un vrai régal.
Découverte
La densité de carnassiers et l’absence de sollicitation n’enlèvent en rien au caractère toujours aussi lunatique du brochet qui, comme dans les eaux françaises, se distingue par ses fenêtres d’activité intenses entrecoupées de phases apathiques. Même ici, en Laponie, nous n’avons pu qu’apprécier et parfois subir ce comportement, toujours plus exacerbé par le soleil de minuit et ses journées interminables. Le faible temps sur place nous imposait une pêche qui devait aller à l’essentiel et se révéler efficace pour les deux techniques. La première des stratégies de base était de rendre ces techniques complémentaires en tirant le meilleur des deux.
Mauvais temps
Embarqués dans un même bateau, nous devions absolument trouver une approche commune. En terre inconnue, ni Tanguy ni moi ne connaissions les vastes étendues d’eau du nord de la Suède. Aux leurres et à la mouche, le « power fishing », c’est-à-dire une pêche rapide des bordures, semblait être une évidence. En balayant le maximum de linéaire de berges de ces lacs, l’objectif était de trouver rapidement le schéma de pêche du moment, tout en sachant que les conditions n’étaient pas à notre avantage. En effet, si les brochets français apprécient plutôt les temps perturbés, leurs homologues suédois sont plus actifs par haute pression et soleil bien présent ! L’enchaînement des perturbations nous a rendu les choses difficiles, surtout au début, et les certitudes ne se sont précisées qu’au cours de la deuxième journée de pêche. Un soulagement.
Prospection rapide
Tanguy est un compétiteur passionné par le black-bass et il apprécie particulièrement les modes de prospection rapides. Nous avons mis en place une stratégie commune visant à balayer un maximum de possibilités à deux avec les avantages de chaque technique. La pêche en casting permet de peigner vite et bien ces bordures interminables et les champs de végétation où l’on observe assez souvent une répartition non-homogène des brochets, très souvent regroupés sur des « hot spot » bien précis. L’approche de Tanguy fut le baromètre dans notre façon d’aborder la pêche. En effet, lorsque je fais un lancer à la mouche, mon binôme version « prospection rapide » en fait quatre ou cinq. Le delta de distance parcourue entre un leurre et un streamer sur une journée est colossal ! Dans ce contexte, il est important pour le pêcheur à la mouche d’observer, d’analyser et de retranscrire les choses qui marchent aux leurres en les adaptant ensuite à sa technique. Il suffit ensuite d’affiner l’approche.
Trois leurres
Tanguy misa avant tout sur l’enchaînement des prises pour comprendre le comportement des brochets, les couleurs qui fonctionnaient et les bons secteurs. Il cibla dans un premier temps les poissons de taille modeste. Il arma ses cannes d’un arsenal de leurres pour les secteurs luxuriants et peu profonds, en privilégiant des tailles non-sélectives, comprises entre 10 et 15 cm. Il était important que ce choix permette de combler certaines « limites » que l’on pouvait observer en pêche à la mouche, comme les distances de lancers ou l’impossibilité de pouvoir prospecter efficacement certains secteurs. Un trio composé de stick bait, buzz bait et chatter bait se dégagea rapidement et permit de trouver les secteurs où se tenaient les poissons. Mention toute particulière pour le buzz bait qui, aux yeux de notre compétiteur, est un leurre sous-exploité pour la pêche du brochet ! Avec des fonctions équivalentes à un spinner bait, c’est un leurre de premier choix lorsqu’il faut pêcher rapidement. Sa récupération linéaire rend son utilisation très simple. Le buzz bait aura particulièrement bien marché dans les pêches de prospection au cœur des champs de prêles et des roselières.
Super streamer
Comme les pronostics le laissaient envisager, Tanguy a enchaîné les poissons, donnant au leurre un avantage sur le plan quantitatif. Cependant, la mouche permit de cibler « d’autres » brochets grâce à certains points techniques. Finalement, le rendement des streamers fut très correct compte tenu du nombre bien moindre de lancers. Les streamers, surtout ceux conçus pour le brochet, présentent des caractéristiques uniques puisqu’ils sont capables d’atteindre des tailles et des volumes impressionnants pour un poids très limité. Le rapport taille/poids/distance de lancer en fait une référence en matière de discrétion. Ce n’est certainement pas un hasard si elle fut à la base conçue pour des pêches de surface et sub-surface !
Une fois dans l’eau et animés, la majorité des streamers évoluent et glissent lentement, sans dégagements d’ondes excessives. À la différence de Tanguy, je suis parti sur des tailles plus importantes comprises entre 20 et 30 cm. Il fallait que la taille et le volume comblent le déficit vibratoire. La lenteur des animations permit de stimuler des brochets certainement plus apathiques et moins enclins à suivre rapidement les leurres de prospection de Tanguy. Un écart qui paye.
Même combat
Si la pêche du brochet tend à véritablement rapprocher ces deux techniques, c’est aussi parce que nous y retrouvons de nombreuses similitudes à l’image du choix des couleurs. Nous sommes ici sur des stratégies communes. Cette sélection doit être mûrement réfléchie, avec plusieurs éléments devant être pris en considération à savoir la lumière, l’eau et la profondeur de nage. Ne connaissant pas le secteur, nous avons pris le parti de procéder par élimination. L’utilisation de plusieurs cannes permet aussi de pouvoir jauger l’effet des couleurs sur le comportement du brochet. Nous sommes partis sur de parfaits opposés avec des coloris imitatifs pour l’un et incitatifs et très vifs pour l’autre. Suivant les lacs et les secteurs, nous avons joué la complémentarité jusqu’à trouver la clé. Ainsi, quand Tanguy misait sur des coloris naturels, j’optais pour des streamers très visibles. Nous avons répété ces changements de façon presque permanente durant les phases d’activités faibles afin de trouver la clé. Bien entendu, nous nous sommes régalés durant ce voyage et nous avons beaucoup appris l’un et l’autre grâce à ces techniques vraiment différentes mais finalement très efficaces !
Mouche : Envie de passer le cap ?
La mouche souffre de l’image d’une technique à l’apprentissage long et fastidieux. En ce qui concerne les carnassiers, c’est un peu différent car, avec l’expérience et ses notions du terrain, le pêcheur aux leurres ne voyage pas en terres inconnues. Seules quelques compétences techniques de base et la gestuelle seront à assimiler. La pêche à la mouche permettra de prendre ses premières touches et poissons après quelques sorties seulement. En France, grâce à sa discrétion, cette technique peut s’avérer très efficace sur les carnassiers sollicités. Il est tout à fait possible de s’équiper d’un ensemble passe-partout composé :
- d’une canne en 9’#10 qui permettra de propulser efficacement une large panoplie de streamers de grandes tailles, mais aussi d’assurer sereinement des combats ;
- d’un moulinet large Arbor en taille 810 ou 911. Il équilibre parfaitement la canne et pourra contenir un backing + une soie de 10 ;
- d’une soie WFI N° 10 (intermédiaire). Son fuseau décentré sur l’avant chargera efficacement la canne et facilitera les posés précis. Sa densité intermédiaire sera idéale pour les pêches de bordure