Je vais commencer par opposer deux types de fibres et matériaux synthétiques. Nous avons les chenilles et les brushs d’un côté, et les fibres non liées de l’autre. La distinction est relativement évidente une chenille ou un brush est un assemblage de fibres emprisonnées au sein d’une âme. Pour la chenille cette âme sera généralement de nature textile alors que le brush est souvent fabriqué à partir de fil métallique comme un cuivre fin par exemple. Ce type de matériaux viendra systématiquement s’enrouler autour d’un hameçon, d’un tube ou d’un shank. Ces matériaux sont très utiles dans la réalisation de streamers de grande taille, notamment lorsque les hameçons utilisés ont une hampe longue. En effet, ils permettent d’habiller ladite hampe sans trop alourdir le montage.
Ne surchargez pas vos streamers
Il n’est pas nécessairement utile d’utiliser de la grosse chenille dans vos montages, au contraire, elle ne sert qu’à habiller la hampe entre les deux parties principales du streamer. Trop le surcharger le rendrait plus difficile à lancer. Ici on voit bien que par rapport à la taille du leurre la chenille représente une partie non négligeable mais est de taille modeste. Les brushs quant à eux, un peu plus long, peuvent faire partie intégrante du corps du streamer ou bien servir collerette de « finition » en tête. Un des types de fibre le plus utilisé dans le montage va être ce que j’appelle les fibres de type « tinsel » vulgairement appelé « flashabou ». Il s’agit ni plus ni moins de fibres brillantes, holographiques ou non, elles peuvent être de différentes largeurs. Nous trouverons principalement deux tailles dans le commerce, les fibres de 1/69’’, les plus fines comme le flashabou « classique », et les 1/32’’ que l’on retrouvera régulièrement sous l’appellation « magnum ». Ces fibres sont très intéressantes pour habiller votre streamer et lui apporter une robe avec plus ou moins d’éclat. Relativement souples il sera difficile de s’en servir pour donner du corps à votre mouche, sauf pour les montages de types sparkler composées essentiellement de ces fibres qui auront pour principal attrait leurs reflets plutôt que leur volume. À mon sens, la taille magnum reste la plus intéressante pour les montages brochet, la largeur supérieure de la fibre lui confère une plus grande résistance que sa petite sœur face aux dents des poissons. Surtout lorsque nous avons besoin de garder une certaine longueur (plus de 10 cm de fibre).
Tinsel et textile
Afin de réaliser des queues ou des habillages de corps un peu long une autre fibre est intéressante : les fibres « twist » ou polar flash. Ce sont ni plus ni moins que des fibres « tinsel » mélangées à des fibres textiles synthétiques, ce qui leur confère plus de volume mais surtout plus de solidité. La taille de fibre tinsel (flashabou) plus classique 1/69’’ sera parfaite pour travailler des boucles à dubbing ou des brushs. Ceci afin de former des collerettes ou bien en les mélangeant avec d’autres fibres. Il est primordial de marier différents types mais aussi largeurs de fibres pour éviter d’avoir des montages trop linéaires et homogènes, c’est une des clés pour obtenir un montage harmonieux. Les fibres « Angel Hair » ou cheveux d’ange pour éviter l’anglicisme sont des fibres plus courtes, plus ou moins fines et texturées. Elles seront nécessairement mariées à une fibre dure pour être soutenues comme habillage. Elles peuvent être utilisées de différentes manières, par exemple : on peut les utiliser pour la confection de petits « minnows » ou baitfish « flashy ». L’Angel Hair ou les fibres similaires comme le Ripple ice fiber de chez Hareline font merveille en tête comme finition, montées par le milieu et rabattues vers l’arrière vous assurerez solidité à votre tête et emprisonnerez un maximum de fibres. La troisième façon d’utiliser ce type de fibres est en twist dans une boucle à dubbing dans laquelle ou peut la marier à du flashabou et plus intéressant encore à des fibres courtes mais « raides » comme le hard Ripple qui donnera support et volume à votre corps ou tête de streamer.
Contraste et brillance
J’adore marier également ces fibres à des dubbing XXL de type predator dubbing ou Minnow dubbing pour jouer sur les contrastes et amener de la brillance. Ces mix de dubbing ainsi préparés permettent la finition de têtes plus ou moins volumineuses avec plus ou moins de contraste. Très chargées, elles confèrent des actions de nage de type « Jerk », votre streamer partira de droite à gauche au moindre strip. Plus fine votre tête donnera une action de pêche plus linéaire à votre mouche. Dans le registre des fibres « courtes » nous trouverons une catégorie qui est très connue dans le montage des mouches mer, mais qui est souvent sous-utilisée pour l’élaboration des streamers carnassier : les fourrures synthétiques ou « Craft fur ». Directement venues de l’univers textile ces fibres très vivantes ont plusieurs avantages comme de ne pas retenir l’eau lors du lancer et leur solidité, ce qui, dans le montage des streamers n’est pas négligeable. J’utilise ces fibres de plusieurs manières, en voici les principaux exemples :
1. Pour le montage des streamers articulés, montées vers l’avant et rabattues vers l’arrière pour plus obtenir plus de volume.
2. En bandelette fine « étirée » pour former des chenilles à fibre longue à enrouler autour de l’hameçon.
Les polymères
Dans la classe des fibres synthétiques qui nous viennent tout droit de l’univers textile nous trouverons enfin : les fibres polymères. De différentes natures, elles sont un parfait complément aux autres fibres évoquées jusqu’alors car un nouveau paramètre rentre en jeu: le volume. Ghost fibre, EP Fiber, Demone Air, fibres SWS et j’en passe toutes les marques vous en proposent. Ce sont des matériaux idéaux pour le montage de « minnows » et autres formes de poissons (baitfish). Mais aussi précieuses pour la confection d’une « âme » de streamer un peu long, solide mais surtout avec du « corps » qui poussera beaucoup d’eau. J’entends régulièrement autour de moi qu’il est difficile d’utiliser des fibres car le rendu final nécessite souvent une taille peu naturelle avec des finitions « coupées au couteau ». Le secret pour monter un joli baitfish en fibre est justement de faire une préparation en amont du montage en prédécoupant les longueurs pour ensuite les assembler sur l’hameçon par un jeu de pliage. Travailler la coupe des fibres en amont donne un rendu plus naturel.
Réaliser un poisson en fibres