Décembre et janvier sont deux mois de transition pour le brochet qui peut adopter des comportements très différents d’un jour sur l’autre. C’est aussi à cette période que l’on peut croiser de vrais beaux spécimens en chasse. La baisse des températures entraînant un net ralentissement métabolique, les fenêtres d’alimentation des brochets s’amenuisent à mesure que l’hiver s’installe.
Ne pas s'éparpiller
Cela pourra peut-être sembler monotone pour certains, mais, depuis plusieurs saisons, j’ai pris l’habitude de ne pas m’éparpiller, en pêchant n’importe où et n’importe quand, pour me focaliser au contraire sur un unique plan d’eau ou un bief. Cette familiarisation, étalée sur plusieurs semaines, me permet de mieux comprendre son fonctionnement et son évolution. L’écosystème est en plein changement, à commencer par les déplacements des poissons qui, pour certaines motivations, vont occuper différemment l’espace. S’il est possible de s’adapter à cette versatilité en pêchant aux leurres, ça l’est beaucoup moins à la mouche. Le brochet, malgré les hautes performances dont est capable son système latéral, apprécie les eaux claires. La turbidité de cette eau a son importance quant au déroulement d’une partie de pêche au fouet hivernale, pour la simple et bonne raison qu’un streamer stimule en priorité la vue du carnassier. Il est plus difficile pour ce type d’imitation, composée exclusivement de fibres, de rivaliser avec des leurres suréquipés (bavette, palette, paddle, billes bruiteuses).
Une question d'échelle
Sans forcément chercher à tout prix les eaux résurgentes d’une gravière, il convient tout de même de cibler des secteurs apportant une visibilité suffisante, de fuir les milieux turbides, pleins de matières en suspension. On oublie donc les bassins limoneux où la décantation des particules s’éternise à cause de la répétition des pluies hivernales. Il ne s’agit pas pour autant de confondre turbides et sombres : de nombreux bassins acides fonctionnent très bien. Maximiser ses chances à la mouche est aussi une question d’échelle et mieux vaut s’orienter vers des milieux à taille humaine. En fin de saison, j’ai plutôt l’habitude de fuir les immenses plans d’eau dans lesquels tous les poissons ont tendance à se concentrer. On y observe parfois de grandes migrations des espèces fourragères, inévitablement suivies par de nombreux carnassiers.
De la diversité
N’oublions pas que la mouche ne permet pas des approches aussi extensives que les pêches aux leurres. Il est donc plus malin d’augmenter ses chances de croiser ce type de regroupement. Un plan d’eau d’une bonne dizaine d’hectares, c’est déjà un bel espace pour traquer le brochet à la mouche. Il n’empêche que de nombreuses sorties seront malgré tout nécessaires avant de bien comprendre son rythme hivernal. La pêche à la mouche est une pêche de bordure qui n’aime pas l’uniformité. Une plage, une cassure, une roselière, un bras mort, une arrivée d’eau, un herbier suffisent à animer la pêche même si son résultat, à cette saison, se révèle parfois incertain. Tous ces espaces bien marqués permettent de prendre des repères intéressants. Un profil varié donne aussi la possibilité de localiser beaucoup plus facilement les secteurs peu profonds où se rapprochent les géniteurs à l’approche de la période de reproduction. C’est d’ailleurs un petit jeu très captivant qui débute dans notre pays en général dès la fin du mois de décembre, en particulier dans les régions du Sud et de l’Ouest.
À ne pas manquer
Ne l’oubliez pas : ces zones de bordures offrent au pêcheur au fouet peut-être l’une des meilleures occasions de l’année de se retrouver attelé à un bien gros et bien gras brochet, en eau peu profonde. Avec les émotions qu’on imagine déjà !