À mon sens, le bass reste l’un des poissons les plus ludiques d’eau douce ! Il se pêche de la surface jusqu’au fond, à vue ou à l’aveugle, sur des animations rapides, mais aussi très lentes. Il va pousser le pêcheur à réfléchir et à approfondir ses connaissances sur son comportement. Cette connaissance comportementale est la condition de l’assurance de capturer régulièrement des poissons. Le matériel et beaucoup de techniques sont transposables de la truite vers celui-ci, ce qui est plutôt un avantage pour débuter. Il suffira juste d’adapter les mouches et la technique à votre mode de prospection (du bord, float-tube, etc..).
Un prédateur lunatique
En ce qui concerne le carnassier à la mouche, j’ai toujours pris plaisir, depuis mon enfance, à essayer de faire un parallèle entre ce qui existe dans le monde du leurre et dans celui de la mouche. Il est très souvent possible et payant d’adapter les mouches en s’inspirant du leurre. C’est un exercice très intéressant qui nécessite de repousser les limites physiques de la mouche, que ce soit en matière de fréquence de lancer, des matériaux employés ou des techniques utilisées pour passer à la bonne hauteur et à la bonne vitesse. Cette analyse est particulièrement vraie pour le black-bass, c’est un poisson qui peut être très lunatique. En effet, même si sa curiosité et sa voracité font de lui un partenaire de jeu de choix pour les pêcheurs, cela devient compliqué lorsque l’on cherche à trouver des techniques rentables tout au long de la journée. D’expérience, comme pour beaucoup d’autres espèces, j’ai remarqué un changement de comportement très important en fonction des conditions météo. Ce qui fonctionnait à un moment peut s’avérer complètement inefficace une heure plus tard.
Des boules de nerfs
Lorsque le temps est plutôt calme et que la luminosité offre la possibilité d’une pêche à vue, j’utilise une soie flottante de 6/7 pour l’eau libre et une 9/10 pour les endroits encombrées (nénuphars, bordures avec obstacles, structures métalliques…). Il est bien sûr possible d’adapter ces deux ensembles à la population de bass présente dans vos spots de pêche. Mais il est fondamental d’avoir une réserve de puissance suffisante pour extraire au plus vite ces boules de nerfs des obstacles. Concernant les mouches, il ne faut pas hésiter à ressortir vos mouches réservoir, sparkler, norauto, boulettes en « egg-yarn » et larves de demoiselles… Sur des secteurs subissant une forte pression de pêche, vous serez surpris de voir à quel point un petit streamer sur hameçon de 10/12 peut faire réagir même les plus gros poissons ! Si les poissons sont enclins à monter en surface, des imitations de terrestres en diverses tailles et coloris vous apporteront de bons résultats. De la même manière, pensez aussi à utiliser de petites libellules et tipules. Ces dernières sont souvent la base de l’alimentation des petits blacks. Enfin, et c’est indispensable, montez des worms (imitations de ver de terre). C’est LA mouche par excellence sur le black, notamment depuis l’apparition de nouveaux matériaux sur le marché, qui permettent de fabriquer des mouches robustes. Privilégiez les coloris naturels (olive, marron, noir), mais n’oubliez pas le rose bubble-gum et le vert chartreuse, qui sont des couleurs très efficaces pour ce poisson, quel que soit le type d’eau.
Bas de ligne court et résistant
Par temps venteux et plutôt gris, une pêche rapide, de prospection, que ce soit en surface ou au streamer, peut être un élément déclencheur, surtout si l’on a repéré des bancs en maraude près des bordures. C’est également par là qu’il faut commencer, sur les coups du matin et du soir, les jours de chaleur. En règle générale, j’utilise des cannes de puissances 6 à 7, mais il m’arrive de passer sur des puissances supérieures de 9 à 10 pour prospecter les postes les plus encombrés. Coté bas de ligne, plus l’eau est brassée par le vent, plus j’ai tendance à le raccourcir, afin d’être le plus en direct possible et ainsi de mieux ressentir les touches. Un bas de ligne d’une longueur de canne se terminant en 25 ou 30/100 suffira amplement, et un bon 35 pour pêcher près des obstacles et des herbiers. Pour ce qui est des mouches, des streamers à tail ou à palette type chatterfly déclencheront les poissons en maraude ou actifs. C’est le moment également de sortir vos plus belles frogs (grenouilles) et autres topwaters. Choisissez un popper pour pêcher vite autour de postes cibles. Si des poissons sont suiveurs, mais rechignent à percer la surface, passez immédiatement sur un « diver ». Pour tout avouer, j’ai quasiment abandonné les poppers au profit de sliders ou « divers » qui sont beaucoup plus discrets. Ils font souvent la différence sur les secteurs ayant une forte pression de pêche. Une autre astuce qui peut vous rendre service en cas de poissons suiveurs : montez votre top water en potence et un petit streamer type Minnow ou Woolly-bugger en pointe 50 à 80 cm dessous. C’est un sauve bredouille sur les poissons les plus compliqués.
La pêche au fil plaqué
Les jours de grand beau temps avec peu ou pas de vent, je me concentre vraiment sur cette technique. C’est certainement une des pêches les plus rentables sur le bass dans des eaux chargées. Il vous faudra une canne plutôt courte entre 8 et 9 pieds pour soie de 6/7, une 4/5 peut aussi convenir, mais d’une action plutôt rapide afin d’assurer les ferrages. Lorsque le temps est clair et chaud, les poissons se réfugient sous les frondaisons ou à l’ombre des structures. J’utilise un bas de ligne sans nœud plutôt court (une longueur de canne maximum) qu’il convient souvent de recouper vers le « 30 centièmes ». Après une micro-boucle, je rajoute une pointe en fluoro carbone entre 1 m 20 et 1 m 50 en 25 ou 20 centièmes. J’applique ensuite un peu de graisse colorée en stick sur les 20 cm qui précèdent la boucle. L’action de pêche est quant à elle très simple, je viens nouer mon worm ou ma créature en pointe. Je rajoute toujours un peu d’attractant sur la mouche. Je prospecte en me focalisant sur les structures ou sous les frondaisons. Il faudra être le plus tendu possible lors du lancer, et résorber le moindre ventre de soie pour rester en contact. La touche peut se produire dès le posé. Si rien ne se passe, attendez quelques secondes, puis tricotez lentement jusqu’à sortir votre montage de la zone de confort. N’hésitez pas à varier les couleurs de vos imitations, mais aussi les montages. J’utilise un montage type wacky ou texan pour pêcher sous les frondaisons ou près de branches. Et je me réserve un montage lesté avec une bille tungstène pour les enrochements ou les structures en béton. Lorsque le vent est trop important ou que les postes sont très encombrés et nécessitent une grande précision lors du lancer, j’affectionne des soies avec une pointe intermédiaire transparente sur laquelle j’ajoute directement ma pointe. Je viendrais alors tricoter mon montage de manière plus directe pour ne rien rater de ce qui se passe. Mais certains jours, une pêche quasi statique restera plus efficace.
Ressortez vos soies plongeantes !
Une des pêches du black-bass à laquelle on ne pense pas forcément, c’est celle du booby ! Par temps clair et forte chaleur, les poissons peuvent aussi bien se tenir à l’ombre que sur le fond, bien au frais. C’est quelque chose qui est vraiment sous-exploité, surtout en gravière. Et, il s’avère que le booby est une technique redoutable sur ce poisson. Avec des montages de streamers un petit peu revisités et adaptés au Bass, cela reste la pêche qui vous réservera les touches les plus violentes. Tout comme en réservoir, utilisez une soie «lowstretch », c’est-à-dire sans aucune élasticité en S5 ou S7 selon les profondeurs recherchées. Je monte sur ma soie une partie de 10 cm en 40 centièmes qui se termine par une micro-boucle. Je viendrais ensuite utiliser une pointe en fluorocarbone 25 à 30 centièmes. Je place un premier booby en potence 30 cm après la boucle, et un second 1 m à 1,50 m plus loin. Ensuite, je laisse ma soie se poser sur le fond pour faire une pêche à gratter avec des animations plus ou moins longues et plus ou moins rapides selon l’humeur de nos amis.