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Le tavan, ou tavanas, une mouche pour eaux rapides

Imaginé par Patrick Sanguin en 1989, le tavan, plus vulgairement connu sous le nom de « tavanas », est une référence en eaux rapides. Son excellente flottaison n’a d’égale que sa parfaite visibilité et permet une utilisation dans les eaux les plus vives et les plus puissantes. Zoom sur une mouche qui jouit dorénavant d’une solide réputation nationale et internationale.

Entretien avec Patrick Sanguin, son créateur

Bonjour Patrick Sanguin, pourquoi avoir choisi de nommer cette mouche « tavan » ? Patrick Sanguin : Bonjour, alors effectivement comme vous le dites il s’agit bien d’un tavan, à ne pas confondre avec le tabanas. Ce nom signifie le taon en patois provençal, cet insecte volant et grossier que l’on connaît bien. Il est l’archétype de la grosse mouche bien visible.

Comment a-t-elle été inventée ?
P. S. :
À l’époque, je cherchais une mouche insubmersible et très visible. Un modèle qui me permettrait de faire pêcher une nymphe sans couler. J’avais essayé avec des sedges en chevreuil ou autres mouches déjà très flottantes, mais sans résultat convaincant. C’est un ami et excellent moucheur, Bernard Feragutti, qui me donna alors l’idée de rajouter un « parachute » sur un sedge et de là naquit ma mouche fétiche.

Patrick en action devant son étau
Crédit photo : Bernard Galliano

Quel est son montage original ?
P. S. :
Le tavan d’origine est monté sur un hameçon de 12 avec ardillon pour les pêches à deux mouches et sur un hameçon de 14 pour les pêches de courants en sèche. Sans cerque, il possède un abdomen en paon, une aile en poils de chevreuil et un « parachute » en coq et polypropylène blanc.

Un petit mot sur ton palmarès ?
P. S. : J’ai été champion de France en 1993 et gagnant de plusieurs concours réservoirs. Je suis guide de pêche depuis 1991.

La variante en poils de lièvre arctic proposée par Jérôme Chicard, vice-champion de France de montage
Crédit photo : Bernard Galliano

Des utilisations variées

La silhouette trapue du tavan et son parachute bien visible en font une artificielle de choix lorsqu’on débute à la mouche. L’œil du débutant la retrouve assez rapidement à sa tombée sur l’eau et la visualisation de sa dérive en est facilitée.

Le montage tavan/nymphe

La grande particularité de ce montage est qu’il permet de faire dériver une ou deux nymphes très naturellement sur des postes courts plus ou moins profonds. Ces dernières, fixées à la courbure par un morceau de fluorocarbone, sont présentées de manière plus ou moins verticale aux poissons. En gardant le fil plaqué sur l’eau, cette technique autorise aussi une pêche à distance en nymphe, même par fort vent (ce qui engendrerait une bannière dans la ligne en cas de pêche au fil). Elle permet aussi de pêcher avec des imitations lourdes (jusqu’aux montages avec billes tungstène 3,2 mm pour ma part). En revanche, si on devait retenir un point faible, ce serait l’incapacité de la mouche de se mouvoir librement, bridée par le fil de la pointe et celui de la nymphe. J’ai souvent recours à cette pêche en début de saison, lorsque les conditions climatiques alpines forcent le poisson à rester apathique et à prendre les nymphes du bout des lèvres. L’absence de potence retransmet parfaitement la touche à l’œil du pêcheur lui permettant de placer un ferrage immédiat qui limite fortement les décrochés.

Un tavan et une nymphe, un tandem redoutable
Crédit photo : Bernard Galliano

Le montage tavan/nymphe avec potence

Dans le cas où les poissons s’alimenteraient en surface, nous pourrions utiliser cette technique sur les postes profonds mais, en général, celle-ci est réservée aux zones relativement longues et peu profondes. Elle cible des sujets actifs dans les couches d’eau supérieures potentiellement aptes à prendre la sèche comme la nymphe. Doublant les chances de captures, j’aime l’utiliser en début ou fin d’éclosion avec des pointes d’1 m ou 1,50 m et des nymphes légères. Une potence entre 5 et 7 cm laisse une belle liberté de mouvements au tavan, tout en permettant une bonne distinction des touches sous la surface.

Les truites d’eaux rapides ne sont jamais insensibles à un tavan bien présenté
Crédit photo : Bernard Galliano

En sèche

Enfin, il est évidemment possible d’utiliser cette mouche seule, en particulier dans les courants les plus vifs. À certaines périodes de l’année, nos salmonidés aiment se placer au raz des rapides, voire complètement à l’intérieur, et c’est à ce moment précis que le tavan entre en jeu. Sa silhouette imposante le rend parfaitement visible sous l’eau et nos partenaires de jeu n’hésitent pas longtemps à monter s’en saisir, convaincus que son apport énergétique sera supérieur à leur dépense. Son très haut niveau de flottaison lui permet également de rester en surface même dans des conditions de dérives extrêmes. En contrepartie, en eaux lentes ou sur les zones les plus calmes des torrents, ne soyez pas surpris si cette mouche essuie quelques refus. Les truites ayant le temps ici de voir « passer le train ». Les refus sont principalement dus à son aspect général relativement grossier, à sa flottaison haute et à sa taille qui ne correspond pas forcément à celle des insectes du moment. Il est donc conseillé, dans ce cas précis, de changer d’imitation ou d’essayer un modèle en taille 16.

Une belle truite prise par l’auteur avec la technique tavan / nymphe
Crédit photo : Bernard Galliano

Quelques variantes parmi tant d'autres

Depuis son invention, plusieurs variantes ont vu le jour. Elles gardent plus ou moins les mêmes bases de montage mais comportent des matériaux différents. De mon côté, afin d’affiner un peu sa silhouette, je préconise un dubbing hydrophobe à la place du paon. Il ajoutera un degré de flottaison supplémentaire. J’ai aussi dans ma boîte des modèles bien fournis en cul de canard et poils d’oreille de chevreuil tout aussi flottants mais plus mobiles à mon goût. Utilisés en sèche pure, ils ajoutent un côté « vivant » au tavan. Enfin, une version totalement composée de poils de lièvre arctic s’est souvent montrée très intéressante.

Le montage du tavan original en images

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Magazine n°Pêche Mouche n° 146

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