Jusque-là, je mettais les excédents et rebus de fils de mes bas de ligne dans une poche de mes waders, qui débordait vite de Nylons et que j’oubliais de vider régulièrement ! Le « récup’fil » de Serge a réglé le problème définitivement, et c’est un accessoire que je conseille à tous les moucheurs. Serge est avant tout un passionné du bois. Ouvrier agricole de métier, il a découvert le maniement du tour à bois sur le tard… au départ pour s’occuper l’esprit et ne plus penser à fumer ! Bien lui en a pris, car il est vite devenu un artiste du tour, un maestro de la « gouge à profiler », un professionnel de la « plane ». Pêcheur à la mouche depuis de nombreuses années, il a naturellement mis son talent au service de sa passion et a développé de beaux objets en rapport avec notre art.
De beaux outils de montage
Il a notamment fabriqué toute une gamme d’outils de montage en bois pour remplacer ceux en plastique et métal brut, beaucoup moins beaux. L’Atelier Cathare était né, et il ne cesse depuis d’étoffer sa gamme. Des porte-moulinets de différentes essences aux personnalisations de manivelles pour vos moulinets, en passant par des inserts de poignée en buis, tout est possible ! Vous pouvez rencontrer Serge et son équipe – Philippe, son frère, et Rudy, un ami monteur de mouches qui fait des démonstrations avec les outils créés par Serge – durant la plupart des Salons de pêche à la mouche de l’Hexagone. Il vous fera, avec plaisir, une démonstration au tour à bois, pour vous confectionner une belle toupie dont il a le secret ! En effet, ses compétences ne se résument pas à la fabrication exclusive d’objets pour la pêche. Il fait également de très beaux stylos-billes et à plume. J’avoue avoir craqué sur ceux en olivier. Des soucoupes, des tire-bouchons, des trophées, des porte-clés, et autres objets décoratifs de tout bois sont aussi au catalogue, et bien d’autres choses encore ! Nous nous sommes revus, mi-février, durant l’excellent Salon de la pêche de Muret, près de Toulouse. Serge y exposait quelques-unes de ses créations, que je vous livre dans cet article… Interview d’un artisan français aussi sympathique que passionné.
Contacts
- Site Internet : www.lateliercathare.fr
- Téléphone : 07 89 54 42 73
- Facebook: @Serge Marty L’atelier Cathare
Comment, où et à quel âge avez-vous commencé la pêche à la mouche ?
Serge Marty : J’ai commencé la pêche à la mouche avec mon frère, Philippe (qui m’aide durant les Salons). Nous avons rencontré un ami et voisin de notre sœur. Ce dernier, Alain, était passionné de pêche au fouet et un excellent pêcheur baroudeur, toujours à la recherche des plus gros saumons, truites et taïmens en Russie, Suède, Alaska ou encore Mongolie. Il nous a initiés dans les années 1980 à 1990 sur les rivières Cathares, comme l’Aude, l’Hers, l’Ariège, et sur divers lacs de montagne de la région.
Quand et pourquoi avez-vous commencé à travailler le bois ?
S.M. : Le commencement fut atypique : ma fille a quitté la maison familiale pour ses études à l’étranger, laissant un vide, et d’un coup, un matin, j’ai décidé d’arrêter de fumer ! Le tournage sur bois a été un peu comme mon patch nicotine ! Par le passé, j’ai exercé divers métiers liés au bois (bûcheron, travail dans les espaces verts…) et l’idée d’utiliser les bois inutilisables par l’industrie me trottait déjà dans la tête. Au départ, j’ai décidé de bricoler et de modifier les outils de montage existants, surtout pour en améliorer l’esthétique. Le reste a suivi !
Quel est ou quel sont le(s) objet(s) que vous préférez créer ?
S.M. : Après quelques années de tournage, j’ai « créé » mon récupérateur de fil en bois à la suite d’une rencontre avec un pic épeiche emmêlé dans une perruque de fil de pêche abandonné. J’ai libéré le pauvre oiseau et ai commencé à réfléchir à un objet qui pourrait faire évoluer ce genre de choses et faciliter le stockage du fil usagé : mon « récup’fil » était né ! J’ai ensuite travaillé sur la modification et l’amélioration grâce au bois de la manivelle pour Vivarelli « lucky-bur », ma création devenant tournante. Puis j’ai fabriqué des sets d’outils de montage complets dans divers bois (certains rares) pour étoffer ma collection. Mon souhait, finalement, était de remplacer le plastique par le bois, l’industriel par l’artisanal…
Quel bois préférez-vous travailler et pourquoi ?
S.M. : Tous les bois que personne ne veut sont intéressants pour moi. Tordus, tachés, tourmentés, il y a toujours quelque chose d’intéressant à faire avec ! Après des débuts à travailler des bois rares et le plus souvent exotiques (ébène, palissandre, bocote, teck…), j’ai souhaité limiter leurs utilisations pour me tourner vers des bois locaux au bilan carbone plus favorable. Le buis, le châtaignier, le chêne, etc., sont devenus mes bois de référence. Pourquoi chercher loin ce qu’il y a dans le beau pays Cathare !
Quel est votre coin de pêche préféré en France et éventuellement à l’étranger ?
S.M. : Tu l’auras compris, un brin chauvin… le fleuve Aude reste ma rivière de cœur ! Je pêche aussi l’Ariège afin de sortir un peu de ma zone de confort, accompagné par mon fournisseur de nymphes (pour passer du temps derrière le tour, c’est bien que d’autres en passe derrière l’étau !) : mon ami Rudy, qui maîtrise et met en avant mon aiguille à cul de canard durant les Salons, un de mes produits références proposés en une grande diversité de bois.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? Quels sont vos projets ?
S.M. : Aujourd’hui jeune retraité, le temps ne va pas me manquer pour concrétiser de nouveaux projets. J’en ai plein la tête, et certains sont déjà en phase de test sur mon gilet, mais aussi sur les gilets de mes compagnons de Salons, les différents retours servant à améliorer les produits avant de les proposer au public.