C'est une spirale qui peut devenir infernale. Quelle que soit la technique que l’on pratique, quel que soit le poisson que l’on cible, la pêche est une histoire de choix matériel. À ce sujet-là, le moulinet, élément majeur de notre équipement, s’avère être un grand dilemme. La pêche à la mouche ne déroge pas à cette règle et réserve aussi son lot de subtilités.
Une affaire de technique
Et il faut dire que devant autant de mécaniques, de formes et de concepts, il y a de quoi se poser tout un tas de questions, surtout lorsque l’on débute. C’est un sujet de discussion et d’hésitation qui touche tous les pratiquants ! La pêche aux leurres au XXIe siècle en est la preuve marquante avec l’équipement spinning d’un côté et casting de l’autre. Si ces deux écoles s’opposent souvent, uniquement par pure affinité, elles sont en réalité totalement complémentaires et permettent de sublimer chaque approche de façon précise. La pêche à la mouche va dans cette direction et, rien que lorsque l’on évoque la simple technique traditionnelle en rivière, plusieurs catégories de moulinets peuvent être mises en opposition. Ici encore, tout est une question d’équilibre entre affinité et technique. Il est important de connaître les points forts de chaque modèle avant de faire son choix.
Manuel : classique mais très spécifique !
Pour le coup, on peut dire que le moulinet manuel est LE grand classique de la pêche à la mouche. Quels que soient leur taille, leur technologie, leur composition et leur prix, tous les moulinets manuels ont un point commun et pas des moindres : un ratio de 1 : 1, soit un tour de bobine pour un tour de manivelle. Ainsi, dans le but de gagner en récupération pour le confort de pêche ou durant les phases de combat quand on travaille les poissons au moulinet, il est préférable de s’orienter vers les modèles « large arbor ». En plus de cette capacité de récupération plus importante, la grande section de bobine gardera des enroulements de soie larges. En rivière, les tailles standards de moulinet sont généralement comprises entre 35 (destinés à des soies de 3 à 5) et 46 (destinés à des soies de 4 à 6). Lors de l’achat de ce type de produit, je pense qu’il est bon de s’assurer de deux points importants. Premièrement c’est que, à la base, tous les moulinets mouche sont montés en droitier. Il est impératif pour un gaucher de s’assurer que son futur moulinet est convertible. En règle générale, il suffit de retourner le sens des roulements de l’axe. Ensuite, un carter de frein au moins semi-étanche évitera les entrées importantes de matières qui viendront perturber la mécanique du moulinet.
Bâti cage fermée
Quels que soient les moulinets, lorsque l’on pêche en rivière et que l’on aime les pêches en nymphe au fil modernes, les bâtis cages fermées sont des incontournables. Cette disposition évite aux fils (ou soies) les plus fins de se frayer un chemin entre le bâti et la bobine. Lorsque cela arrive c’est la casse assurée. Il serait dommage de perdre un poisson.
Semi-automatique : pour les pêches modernes
Si les moulinets semi-automatiques caractérisés par les modèles à gâchette sont des technologies vieilles de bientôt près d’un siècle, ils sont aujourd’hui au cœur des débats des pêcheurs à la mouche. Certains pratiquants ne jurent que par eux, par pur confort. Un simple coup de gâchette permet de rapidement récupérer un maximum de soie. Cette ergonomie n’est rien par rapport à l’efficacité dont cet engin fait preuve pour la pêche à la mouche en nymphe au fil « moderne ». Un semi-automatique facilite la gestion des dérives et la maîtrise du fil fluo du corps de ligne pour les techniques dites à l’espagnole… Il existe même des moulinets semi-automatiques hybrides dotés de manivelles de combat.
Backing
Longtemps, dans certaines régions à « petits » poissons, le backing a été délaissé pour la bonne raison que cette réserve de fil supplémentaire n’avait finalement aucun intérêt. S’il est vrai que ce point de vue peut se comprendre, il n’empêche que le backing s’utilise comme une bourre, qui permet de garantir à la soie un enroulage à larges spires, offrant une longévité accrue. Vous profiterez d’une rapidité de récupération plus importante.
Démultiplié : le spécialiste des gros poissons
Vient enfin la catégorie moins connue des démultipliés, à mon sens non exploités à leur juste valeur. Si leur mécanique semble m o d e r n e , l e concept est utilisé depuis longtemps. Premier avantage, son ratio en général voisin de 1 : 3. Cette faculté de récupération est un véritable atout pour la rapidité d’exécution sur sa soie en action de pêche mais aussi lors du combat avec de gros poissons durant lequel toute la gestion se fait à la manivelle. Ces moulinets sont dotés d’un anti-retour ce qui permet d’avoir une manivelle fixe sur les rushs et par la même occasion un non-emballement de la bobine… le must du must pour lutter contre de beaux poissons sur des pointes fines.