Cette très jolie rivière sud-finistérienne prend sa source non loin de Trégourez, à Saint-Gouazec, dans les Montagnes noires. Elle s’écoule sur 45 km en direction de Quimper, principale ville traversée par ce fleuve. Sa partie estuarienne représente 17 km jusqu’à son embouchure avec la mer. En breton, Quimper (Kemper) signifie le confluent. Effectivement, l’Odet est composée de nombreux affluents, principalement celui du Jet qui la rejoint en rive gauche juste en amont de Quimper et du Steïr en rive droite, dont la confluence se trouve en plein centre-ville. Ces deux affluents, avec chacun leurs particularités, proposent avec l’Odet un vaste terrain de jeu pour le pêcheur à la mouche.
Une rivière à truite aux profils variés...
Dans sa partie amont (de Trégourez à Pont Allouen), l’Odet est une petite rivière, lente, bordée de prairies. Le profil est très semblable aux rivières de cette région. Elle forme de jolis méandres où les trous profonds succèdent à de petits courants et radiers. Ici, les truites se méritent. Les berges sont souvent boisées, la végétation aquatique dense et les berges abruptes. Les petites cannes courtes seront à privilégier pour déposer ses mouches à l’aide de lancers courts, mais très précis, pour débusquer les truites sauvages bretonnes, rapides comme l’éclair. Cela peut surprendre, car malgré leur taille moyenne entre 20 et 25 cm, elles sont très rondes et puissantes, voire acrobatiques ! Les belles de plus de 30 cm ne sont pas rares et quelques spécimens aux alentours des 40 cm peuplent ces secteurs. La pression de pêche est quasi inexistante une fois passées les deux semaines d’ouverture. En Bretagne, nous avons la chance de posséder un immense réseau hydrographique et une faible densité d’habitants. Il est rare de croiser du monde au bord de l’eau: une aubaine pour les locaux mais aussi pour les pêcheurs de passage dans notre région.
Bars en estuaire
Ce très bel estuaire de 17 km, entre Quimper et Benodet (bout de l’Odet en breton) est un terrain de jeu idéal pour traquer les gros bars au streamer, mais surtout du bord à vue avec des imitations de crabes et crevettes. Les poissons de 50 à 60 cm sont nombreux, et il existe la possibilité de faire un très gros de plus de 5 kg.
De jolis courants bordés de renoncules
Sur le tronçon plus en aval entre Pont Allouen et Lestonan, la rivière est grossie par le ruisseau de Langelin, qui peut se pêcher à la mouche sur sa partie basse. La rivière s’accélère. De jolis courants bordés de renoncules aquatiques offrent un parfait habitat pour dame fario. Le parcours de Quelennec est l’un de mes favoris. La pêche en sèche y est reine et les truites peu regardantes sur le modèle, du moment que les posés sont discrets et les dérives exemptes de dragage. Les petits CDC, émergentes en lièvre, peutes, et imitations de sedge roux font fureur comme sur la plupart des rivières bretonnes. Sans oublier les éclosions de mouches de mai qui font sortir les belles, qui les attendent impatiemment. Le coup du soir dès la fin mai peut être excellent sur ces parcours mais c’est en juin que vous pourrez profiter de belles et longues soirées (il fait nuit très tard en Bretagne). L’été, la finesse sera de mise, car la faible profondeur de ces cours d’eau rend les truites susceptibles ! Sauf si vous optez pour une pêche rapide et explosive aux terrestres (sauterelles et scarabées), qui réserve toujours son lot de belles surprises. Elles en raffolent ! À partir de Lestonan démarrent les gorges du Stangala, un parcours très rapide pour une rivière bretonne, du fait d’une pente plus abrupte. L’Odet a forgé son chemin au fil des siècles à travers les blocs de granit et roule ses eaux couleur thé dans un cadre magnifique et une vallée sauvage où la faune et la flore abondent. La rivière est bordée d’osmonde royale dans laquelle les libellules adorent se poser dans l’attente d’une proie, quand ce n’est un martin-pêcheur, voire une loutre que vous surprendrez par hasard. C’est un profil de rivière de montage que les truites apprécient. Les pêches en eaux rapides peuvent donc y être pratiquées. C’est un excellent parcours pour la pêche en nymphe au fil et en sèche/nymphe. Les mouches de type parachute sont excellentes. J’ai un faible notamment pour les petits sedges roux, encore une fois ! C’est la mouche de base à avoir en toute taille (18 à 12) et hauteurs de flottaison. Une petite pheasant tail ou ORL légèrement casquée (blanche, or ou cuivre) séduira les récalcitrantes. La densité de truites à la robe sombre est bonne, avec une moyenne de 23/25 cm, néanmoins quelques jolies de plus de 30 cm peuvent y être capturées. La croissance y est lente, du fait de ses eaux acides et pauvres en nourriture, mais le cadre et leur beauté vous feront rapidement oublier ce détail.
Mais aussi d'autres espèces dont le saumon atlantique
Ce secteur du Stangala est régulièrement fréquenté par les pêcheurs de migrateur qui peignent les pools où les saumons stationnent quelques heures pendant leur remontée. Ils y sont souvent très mordeurs dans ces eaux rapides et oxygénées. Les mouches à dominante foncée, dont la noire de l’Odet, ont toujours rapporté quelques prises au plus téméraires. Il y a une petite marche pour arriver sur ce joli parcours, dont le Meil Poul. Les saumoniers iront rapidement sur les postes plus en amont de la « vieille rivière », où le poisson roi reste plus longtemps, en attendant de monter plus tard sur la partie supérieure pour frayer.
Au coup du soir
Les truites de mer fréquentent également l’Odet, à moindre titre, qu’elles remontent souvent à partir de fin mai et juin. Une population surtout composée de finnocks (poissons d’un an de mer) mais quelques spécimens de plus grande taille s’y aventurent également, des poissons à la combativité impressionnante en rapport taille/ puissance. Peu de pêcheurs les recherchent spécifiquement, du fait de leur faible abondance. Il est cependant possible d’en prendre dans Quimper en nymphe à vue ou en noyée. Au coup du soir, il arrive de temps à autre de piquer une de ces petites diablesses argentées ! Je me rappelle encore deux casses successives que j’avais dû essuyer il y a maintenant quelques années. Puis en changeant de bas de ligne et en mettant une pointe plus forte, j’avais pu admirer l’une d’entre elles. Un magnifique poisson tout frais argenté qui, ce jour-là, avait décidé de gober.
Un parcours atypique en plein centre-ville
Depuis 2014, le parcours de Quimper centre-ville a été ouvert à la pêche sportive pour le plus grand bonheur des pêcheurs citadins de la préfecture du Finistère. La pêche doit être pratiquée uniquement en wading et en no-kill (mouche et leurre) et elle permet de rechercher un panel d’espèces assez rare qui cohabitent dans ces eaux mixtes. En effet, la marée remonte jusque derrière la gare SNCF selon le coefficient et se mélange à l’eau douce. Cet écosystème d’eau saumâtre, très riche, permet une croissance plus rapide des truites et de trouver des poissons inféodés à ce milieu. Pierre, un ami, le fréquente souvent et prend chaque année de très belles farios pour la région (40+). Lorsque je trouve quelques heures, Sur la partie amont, l’Odet adopte de nombreux méandres où la végétation aquatique offre le gîte et le couvert à de belles truites à la robe dorée. j’aime y aller pour pêcher en nymphe à vue les belles truites et parfois leur cousine, les truites de mer de passage. Les petites ORL, pheasant tail mais aussi imitations de chiro fonctionnent à merveille sur ces poissons qui s’alimentent à qui mieux mieux. Elles ont un parfait mimétisme et pourraient passer inaperçues pour le commun des mortels, tellement elles sont parfois difficiles à repérer. Il n’est pas rare qu’elles soient dérangées par les nombreux mulets qui viennent brouter le long des cailloux et parois, et qui les déplacent sur leur passage. Cela permet parfois de les repérer de cette façon. Cela dit, ces mulets peuvent être capturés à la mouche en employant des imitations de pains, nymphe blanchâtre, mais aussi parfois en nymphe à vue avec des gammares et PT casquée orange; de vaillants combattants pas toujours faciles à duper. De gros bars viennent également chercher pitance en « tapant » dans tout ce qui passe à leur portée: truites, tacons, vairons, flets, et toute autre proie disponible. Ils sont souvent âgés et très éduqués. Extrêmement difficiles à prendre, mais c’est toujours tentant lorsque l’on voit ces poissons qui parfois dépassent les 70 cm et vous narguent ! De mai à juillet, quelques belles aloses y séjournent également et permettent de passer un bon moment avec ces adversaires redoutables de puissance. Une pêche à vue très amusante.
Renseignements et informations
AAPPMA DE QUIMPER
Une AAPPMA dynamique dont le bureau a été récemment renouvelé avec plusieurs jeunes pêcheurs passionnés qui œuvrent dans cette association et notamment pour le développement du loisir-pêche. Une école de pêche propre à l’AAPPMA propose des stages pendant les vacances scolaires et les mercredis, encadrés par Bruno Joncour.
• Président: Gilbert Souligoux
• Aappma.quimper@orange.fr
• Site Internet: https://kemper-peche.com/