La neige, le froid, les eaux glaciales rendent depuis des semaines les surfaces des lacs et des rivières exemptes de presque toute trace d’imago d’invertébré aquatique. Même sous les latitudes les plus clémentes, les rares espèces qui émergent se comptent à cette époque sur les doigts d’une main… Cependant ces températures basses ne font aucunement peur à cette famille de plécoptères dont les émergences sont parmi les plus précoces de l’année. D’ailleurs, certains genres (Taeniopteryx) ne volent qu’en hiver. Chez les Anglo-saxons, les Taenioptérygidae sont appelés de façon très générique « Winter red » (rouge de mars) ou « February Red » (rouge de février) en référence à leur teinte légèrement rougeâtre très foncée.
Bio indicateur de référence
Comme l’intégralité des plécoptères, cette famille dispose d’exigences bien spécifiques. En tant que bio indicateur de référence, la qualité de leur habitat doit être irréprochable. Les Taenioptérygidae apprécient les rivières bien oxygénées où le courant est soutenu. Ces perles abondent sur les cours d’eau de piémonts et de moyenne montagne. Certaines espèces se retrouvent même jusque dans les torrents montagnards, serpentant au-dessus de 2000 mètres. Leur cycle vital est en moyenne d’un an. D’après les derniers écrits en France, cette famille de plécoptère compte 14 représentants répartis en 3 genres : Brachyptera, Rhadbiopteryx et Taeniopterix. Comme souvent chez les perles, l’identification des espèces est plus simple chez les larves que chez les imagos. Globalement, les larves sont de taille assez imposante comparativement à l’imago, et pouvant atteindre près de 12 mm de long. Elles sont assez facilement reconnaissables, notamment grâce à leurs deux longues antennes qui peuvent atteindre la longueur de l’individu, mais aussi leur corps parfois très anguleux surtout au niveau du thorax. Les nymphes arborent en général une couleur brune.
Plaquées sous les cailloux
Suivant les espèces, le comportement et la tenue des larves varient. Si certaines aiment se tenir plein courant et plaquées sous les cailloux, d’autres préfèrent les fonds sablonneux, à l’image du genre Taeniopterix dont certaines espèces peuplent souvent les zones à ombre. La nuit à l’abri des regards, les larves remontent discrètement le long des pierres et des végétaux présents sur les berges. C’est à sec que la métamorphose imaginale a lieu. Une fois effectuée, les perles adultes sont de nature discrète et mesurent, suivant les espèces, entre 8 et 12 mm de long. Elles ne s’envolent presque pas et préfèrent détaler au sol, qui est aussi le lieu de l’accouplement. Seules les femelles se mettront véritablement à découvert pour pondre, l’abdomen immergé dans l’eau. Leur évolution est lourde et hasardeuse. Ce trait caractéristique est dit « en hélicoptère ».
En langage mouche, ça donne quoi ?
Avec leur cycle particulier, les plécoptères ne sont pas les invertébrés les plus consommés par les poissons, surtout les adultes. La période hivernale s’avère être la meilleure période pour observer des poissons exclusivement attablés sur cette catégorie d’invertébrés, à commencer par les ombres qui, sur certains parcours de seconde catégorie, n’hésitent pas à monter sur la femelle à la dérive. Cette mouche est aussi une référence durant les premières semaines de l’ouverture sur certains parcours de première catégorie. Côté montage, bien que ces plécoptères soient qualifiés de « red », mieux vaut opter pour des bruns sombres/chocolat plutôt que des teintes rouille.
Fiche montage : la perle d'hiver
- Hameçon : TMC 101 n° 14
- Fil : Nano silk 12/0 noir
- Abdomen : dubbing chocolat
- Thorax : CDC marron
- Ailes : Texte
- Tête : pointe de plume de queue de faisan naturel + CDC marron
- Pattes : Elk noir