La majorité de nos invertébrés aquatiques peuplant nos rivières font partie de l’embranchement des arthropodes. Ce vaste groupe rassemble aussi bien les éphémères que les crabes, les papillons ou les araignées… L’un des points communs majeurs entre tous les arthropodes est d’être composé d’un exosquelette (carapace) articulé qui n’a aucun pouvoir d’extension. Ainsi, les éphémères, les tricoptères et les plécoptères sont dès leur naissance confrontés à une succession de mues qui, tout au long de leur vie, marqueront certaines étapes majeures de leur cycle biologique. D’un point de vue composition, une exuvie est constituée majoritairement de couches successives de chitine et de protéines. Il faut le souligner, cette denrée est peu digeste et énergétiquement pauvre. Les exuvies sont très importantes pour les scientifiques puisqu’elles facilitent l’identification d’espèces mais permettent aussi de connaître l’abondance des invertébrés d’une portion de rivière. Elles sont ainsi récupérées de jour comme de nuit grâce à des filets pyramidaux à mailles très fines.
Deux mues
On compte réellement deux types de mue. La première concerne tout le stade larvaire de l’invertébré. Le processus est alors utilisé au profit de la croissance. Son exosquelette étant non extensible, l’individu à l’étroit est obligé de s’en extraire pour continuer de grandir. Cette étape récurrente varie en fonction des espèces, des conditions mais aussi de leur cycle biologique. Par exemple, chez la mouche de mai (Ephemera danica), on observe en moyenne plus d’une trentaine de mues tout au long de son stade larvaire, qui s’étale généralement sur trois ans. Au fil de chacune, la larve va grandir mais peu changer. Seules les ébauches alaires sont de plus en plus visibles. Ces étapes sont bien souvent périlleuses pour l’invertébré qui, fragile, s’expose au danger ainsi qu’à la prédation. Le second type concerne la métamorphose et le passage du stade larvaire à celui de subimago et/ou d’imago. Il existe ici plusieurs stratégies pour voir l’insecte s’extraire de son exuvie. Si certaines espèces optent pour une exuviation en dérive sur l’interface, comme cela est le cas chez de nombreux éphémères et tricoptères, d’autres préfèrent s’extraire de leur enveloppe immergée mais aussi hors de l’eau accroché à un élément (caillou, branche, feuille…). Dans certains cas extrêmes, l’exuviation imaginale se passe directement en vol, à l’image de la manne blanche Oligoneuriella rhenana…
En langage de moucheur, ça donne quoi ?
Les exuvies sont pour moi des fantômes en dérive, et il demeure toujours très difficile d‘identifier des poissons se délectant. D’ailleurs, on ne sait toujours pas exactement pourquoi les salmonidés jettent parfois leur dévolu sur ces enveloppes corporelles. Plusieurs hypothèses penchent vers certains besoins à combler. La possession d’une petite gamme permettra de pallier ce type de comportement plutôt rare, bien qu’à mon sens sous-évalué. Il peut y avoir deux types de montage : celui qui utilise l’exuvie en association avec un montage traditionnel imitant un invertébré émergeant en difficulté. Le second concerne le montage d’une exuvie seule. Par réalisme, cette imitation se doit être légère, souple tout en donnant un effet de transparence. Pour ma part, cette mouche tout en CDC, toute simple, est efficace. Plusieurs types d’exuvies sont ainsi réalisables, je me concentre sur trois modèles : éphémère, trichoptère et chironome.