Les Ecdyonurus arrivent dans la continuité de la march brown, une espèce cousine phare, qui a animé les premières semaines de l’ouverture. Ce genre regroupe, en France, une quinzaine d’espèces et, comme très souvent, leur ressemblance rend l’identification très compliquée… En pratique, il existe véritablement quatre espèces importantes pour le pêcheur à la mouche : E.dispar, E.venosus, E.torrentis et E.insignis. Ces éphémères apprécient les rivières rapides, oxygénées, dotées d’un fond caillouteux et dépourvu de pollution. Ils sont observés dès le mois de mai pour une période de vol qui s’étalera parfois jusqu’à la fin de l’été.
Cycle
Les larves pétricoles des Ecdyos, avec leurs profils aplatis, sont parfaitement adaptées au faciès des rivières rapides, où elles vivent à la surface des cailloux sur les secteurs exposés au courant. Avec près de 2 centimètres, les larves ne passent pas inaperçu sur le fond des cours d’eau, mais restent souvent très furtives. D’une espèce à l’autre les motifs présents sur les pattes ou le corps ne manquent parfois pas d’esthétisme. Elles sont phytophages et se délectent du film algal présent sur la surface des pierres. Lors de l’émergence, la nymphe se rapproche de l’interface en rampant lentement vers les cailloux les plus affleurant. Durant cette étape charnière, elle est souvent très exposée à la prédation. L’exuviation a souvent lieu sous l’eau, et rapidement l’imago va rejoindre la surface. À ce stade, l’identification est extrêmement complexe pour ne pas dire impossible. Une chose est certaine, ces éphémères imposants et leurs ailes fortement nervurées ne passent pas inaperçu. Ils sont d’ailleurs souvent confondus avec la march brown à l’image de E. venosus qui est l’espèce la plus précoce. Les émergences sont régulières sans connaître pour autant des pics d’activités. Le stade subimaginal est très court et les individus vont rapidement procéder à leur seconde mue à l’abri de la ripisylve. C’est à ce stade que les Ecdyos sont plus facilement reconnaissables, notamment grâce à leurs couleurs tirant du jaune/oranger au rouge feu suivant les insectes et l’avancement de leur cycle biologique. Seul E.insignis arbore des nuances plus claires et plus sobres. Les mâles se lancent dans un traditionnel vol pendulaire au-dessus de la rivière, durant lequel ils retrouvent souvent associés à d’autres espèces. Les femelles après avoir répandu leur masse d’œufs fixée à l’arrière de l’abdomen meurent d’épuisement en arborant des couleurs uniques chez les grands éphéméroptères.
En langage moucheur, ça donne quoi ?
C’est un fait, mis à part certains cas exceptionnels, les Ecdyos n’ont pas la réputation de mettre une rivière en ébullition. Ce qui n’empêche en rien leur abondance et donc l’intérêt que peuvent leur porter les truites. Ces espèces que l’on retrouve le plus souvent en moyennes rivières stimulent les poissons qui montent et gobent le plus souvent façon spontanée et aléatoire sans pour autant s’y focaliser. Les imitations d’Ecdyos sont donc d’excellentes mouches pour pêcher l’eau et peigner chaque veine d’eau, chaque poste marqué lorsque les gobages sont rares. Les montages parachutes sont alors des références.