Brachycentrus maculatus appartient à une famille restreinte par le nombre de représentants, mais grande par son importance pour les pêcheurs à la mouche de toute l’Europe : les brachycentridae. Parmis eux, le « cul vert » Brachycentrus snubulus, un sedge que l’on retrouve le temps de quelques semaines sur la Dordogne et qui doit son nom à la masse d’œufs que la femelle possède à l’extrémité de son abdomen. Brachycentrus montanus, plus rare, demeure tout aussi intéressant. Brachycentrus maculatus, plus petit, se retrouve principalement dans les départements des Pyrénées et du Massif central. Dans les rivières des Pyrénées-Atlantiques, leurs émergences m’ont offert des coups de pêche mémorables.
Cycle
Les larves de cette espèce de trichoptères peuplent des cours d’eau aux profils très variés. Ruisseaux, petites et grandes rivières, plutôt en basse altitude où elles apprécient les secteurs d’eau vive. B. maculatus possède une larve à fourreau très représentative, qu’il construit avec de petits grains de sable fin. Le fourreau est tout en finesse et de forme cylindrique. À ce stade, les larves ont la particularité d’être de type filtreuses, grâce à leurs deux paires de pattes particulières qui leur permettent de capter les matières organiques en pleine eau. Il leur arrive également de s’alimenter de microalgues à la surface des substrats. La phase d’émergence, qui a lieu généralement entre le crépuscule et le début de nuit, est particulièrement intéressante par sa lenteur. Entre le temps de remontée vers l’interface et l’exuviation, la dérive des imagos qui ne sont pas directement aptes au vol est parfois très longue, laissant tout le luxe aux poissons de multiplier les prises en surface de ces sedges qui tentent de rejoindre tant bien que mal la terre ferme. Les imagos de B. maculatus mesurent moins d’un centimètre (antennes non comprises) et sont, avec leurs taches beiges presque dorées, assez facilement reconnaissables. En journée, les émergences sont très rares et les imagos accaparent souvent les faces cachées des feuilles de la végétation rivulaire. Parfois, les regroupements sont impressionnants. Une fois fécondée, la femelle, avec sa « masse ovigère » située sur l’abdomen, regagne l’eau pour y déposer des œufs et mourir…
En langage moucheur, ça donne quoi ?
Ces moments privilégiés et courts doivent être attendus avec le plus grand intérêt ! De telles émergences printanières offrent la possibilité d’observer et d’attaquer des poissons d’ordinaire très discrets qui se mettent à découvert pour l’occasion. Les mensurations de B. maculatus imposent parfois l’utilisation de « petits » hameçons, généralement entre 14 et 16. Par sécurité (en combat), il est préférable d’éviter les modèles trop fins de fer. Pour ce début de saison, voici un petit modèle « émergent », mais très flottant grâce à l’association du poil creux et du cul de canard. La forme « caddis » de l’hameçon offre à cette imitation toute la position de dérive ainsi que le réalisme de ce joli petit sedge. Bonne ouverture à tous !