La côte Landaise est une immense plage où se forment des centaines de baïnes au gré des bancs de sable, des vagues et des courants marins. La baïne est un nom d’origine gasconne signifiant petite bassine. C’est une dépression dans le sable formant une piscine naturelle placée devant les bancs de sable où se forment les vagues. Au gré des marées, l’eau de cette baïne se retire et crée un courant sortant, dirigé du bord vers le large, perpendiculaire à la côte, qui peut être très puissant et dangereux.
Un poste de chasse rêvé !
Ces déplacements massifs d’eau font le bonheur des bars qui y trouvent un terrain de jeu idéal pour se nourrir et chasser. Ils sont régulièrement présents dans les baïnes, que ce soit à marée haute ou basse, mais cette dernière est souvent à privilégier, car les courants sont plus forts et les bars aiment ça. Durant la marée montante, le terrain de jeu de notre célèbre Labrax est le plus favorable. Les vagues passent par-dessus les bancs de sable et remplissent la piscine naturelle. La masse d’eau est très importante et crée le fameux courant vers le large. Les poissons se placent à l’affût de chaque côté des bancs de sable. Toutes les proies qui repartent au large se laissent porter par cette « rivière sous-marine » et croisent la route et le regard des bars postés. Il n’est pas toujours évident de détecter la présence d’une baïne lorsqu’on commence la pêche en mer. Les vagues se brisent à leur arrivée sur un banc de sable peu profond en formant des barres d’écume blanche. Quand vous regardez l’océan et les vagues, vous apercevez une discontinuité dans ces lignes d’écume, une zone où il n’y a pas de blanc en surface, c’est le chenal de vidange de la baïne. Le courant sortant vers le large creuse le banc de sable qui est alors plus profond que les autres sur lesquels les vagues se brisent. Cette profondeur accentuée et le contre-courant empêchent les vagues de se former correctement, ce qui diminue la présence d’écume.
Le bon équipement
Une canne de 2,30 à 2,80 m de longueur et d’une puissance de 15-40 g ou 20-60 g sera idéale. Le talon de la canne ne doit pas être trop court, pour offrir un bon levier au moment de lancer. Le moulinet taille 3000 sera garni d’une tresse en 0,15 mm et une grande tête de ligne en Nylon ou fluorocarbone de 0,30 mm. Pour la tenue de pêche, il y a deux écoles : ceux qui préfèrent patauger pieds nus en short et ceux qui enfilent les waders pour rester au sec ! Lorsque la pêche s’achève à la nuit avec la fraîcheur qui tombe, le port des waders est une bonne idée.
Le bon timing
La marée est un élément essentiel à prendre en compte dans cette pêche, afin de pêcher les baïnes au meilleur moment. Les coefficients élevés, au-dessus de 80, sont intéressants, car l’amplitude des niveaux d’eau est plus grande et les courants sont souvent plus forts, même si la houle n’est pas très formée. L’horaire a aussi son importance : comme souvent dans la pêche, l’aube et le crépuscule sont les moments propices à une activité soutenue des bars. La fin de la marée montante et toute la marée descendante sont souvent des périodes intéressantes pour pêcher les baïnes.
Une prospection adaptée
Face à l’océan, les pieds dans le sable, comment prendre ces bars en plein courant ou au milieu des vagues ? Une grande gamme de leurres est adaptée à ce type de pêche. Le facteur le plus important la plupart du temps est d’arriver à lancer suffisamment loin afin d’atteindre certaines zones derrière les vagues. Suivant la configuration des postes et le profil de la plage, il est parfois possible de pêcher en bordure. Le bar est capable de chasser dans 50 cm d’eau seulement ou juste derrière la première vague. C’est un poisson très mobile et opportuniste, qui n’a pas peur de se placer dans de très forts courants et dans très peu d’eau. Il faut tout autant prospecter les zones lointaines comme le devant des vagues afin de comprendre où se trouvent les poissons. Certaines baïnes sont assez profondes, il n’est pas rare d’avoir 2 ou 3 m d’eau à 10 m à peine du bord de la plage. Ces postes sont très prisés.
Quels leurres utiliser
Si les bars ne sont pas trop éloignés du bord, la pêche au leurre souple peut s’avérer très efficace, à gratter sur le sable ou en linéaire. Pour lancer plus loin, mieux vaut utiliser des leurres durs destinés à cette pêche, poisson-nageur, stickbait coulant ou de surface, ces derniers étant très plaisants à utiliser. De nombreux leurres sont munis de billes à l’intérieur provoquant beaucoup de bruit dans l’eau, les bars en sont parfois fous ! Ces leurres durs possèdent généralement un transfert de masse à l’intérieur du corps permettant de gagner en distance de lancer. Vous pouvez également utiliser un jig métal qui se lance très loin par sa conception et son poids élevé. Il faut alterner ces différents leurres afin de trouver les poissons et déclencher des touches.
Une belle balade
Pêcher le bar dans les baïnes demande une certaine motivation, car chaque zone de pêche se situe à une centaine, voire plusieurs centaines de mètres les unes des autres. Durant une session, il n’est pas rare de parcourir plusieurs kilomètres dans le sable, ce qui rajoute une difficulté non négligeable. L’été, attention au coup de chaud ! N’oubliez pas de vous protéger du soleil avec un t-shirt manche longue, un chapeau et des lunettes de soleil, sans oublier une bouteille d’eau. Mais le jeu en vaut la chandelle, même si la pêche n’est pas miraculeuse, pratiquer dans ce cadre naturel et sauvage est un privilège dont il ne faut pas se priver ! La pêche dans les baïnes est une façon de découvrir autrement la plage et le littoral, et d’avoir la chance de fréquenter des endroits reculés et préservés. La balade peut parfois se transformer en pêche miraculeuse lorsqu’un gros banc de bars occupe une baïne. Les touches se succèdent et l’aventure sur la plage est à son paroxysme !
Un hot spot, mais attention aux dangers
Dans les stations balnéaires des Landes et du Pays basque, ce phénomène de baïne est bien connu des sauveteurs qui surveillent les zones de baignade l’été. Les baigneurs se font prendre dans ce courant, dérivent vers le large et n’arrivent pas à revenir sur le sable. Les accidents sont fréquents ! Lorsque les courants sont forts, évitez de vous mettre dans l’eau jusqu’à la taille. Les courants marins ont une puissance phénoménale qu’il ne faut pas sous-estimer. Lorsque l’on pêche les pieds dans l’eau, il faut rester vigilant aux vagues et aux courants et ne pas prendre de risque démesuré.