La réussite d’une partie de pêche dépend de nombreux paramètres dont certains nous échappent totalement. Gardons toutefois en mémoire que l’idéal serait de présenter un appât au naturel, libéré de toute entrave, autrement dit sans plomb, sans fil et sans hameçon. Ce n’est pas possible bien sûr. Essayons d’alléger les montages et de soigner la présentation de l’appât pour que celui-ci évolue le plus naturellement possible.
Le montage coulissant, oui mais...
Si les montages dépendent beaucoup de l’espèce recherchée et du type d’appât utilisé, le choix se fait aussi en fonction de l’état de la mer. Un montage efficace en début de partie de pêche peut s’avérer inopérant quelque temps après… Il est donc judicieux de s’adapter, tout en sachant qu’un montage coulissant, et notamment en dérivation (usage d’un coulisseau), est toujours plus efficace dans des conditions de pêche « normales » qu’un montage à empiles courtes. En effet, lors de la touche, le poisson sent moins, voire pas du tout, la résistance occasionnée par l’inertie du plomb. Ce montage est d’autant plus efficace que la mer est calme avec un courant modéré, mais suffisant pour que le bas de ligne, généralement assez long, puisse se déployer sans s’emmêler. Si la mer est agitée, ce montage coulissant devient souvent inopérant, provoquant nœuds et boucles. Un montage à potences avec une ou deux empiles courtes est alors conseillé, même si on perd beaucoup en sensibilité et en mobilité.
Longueur et diamètre du bas de ligne
La longueur et le diamètre du bas de ligne ont également leur importance. Si le poisson chipote et finit par se désintéresser de l’appât, allongez et/ou réduisez le diamètre du bas de ligne pour que l’esche ait davantage de mobilité. Les touches seront plus franches et le poisson engamera plus profondément. Commencez tout d’abord par allonger le bas de ligne pour gagner en liberté de mouvement. Moins bridé, l’appât se transforme presque en leurre et va jouer sur l’agressivité des prédateurs. Si les résultats ne sont pas à la hauteur, alors réduisez le diamètre de cette partie terminale du montage. L’appât aura un comportement plus naturel et sera plus attractif. Il faut trouver le bon équilibre longueur/diamètre. Trop long et trop fin, les risques d’emmêlements augmentent par mer agitée et à l’approche des étales, moment durant lequel le courant s’assagit. Le bas de ligne n’est plus aussi tendu par la force du courant. Un bas de ligne en queue-de-rat, c’està-dire composé de plusieurs sections, allant par exemple du 45/100 à une pointe en 26/100, peut s’avérer efficace car il allie souplesse et mobilité, tout en conservant une certaine rigidité sur les deux premiers tiers de sa longueur.
À la recherche du bon lest
La forme et le poids du lest sont aussi dictés par les conditions de pêche. Un montage avec un plomb trop lourd peut être à l’origine d’une bredouille. Il faut tâtonner un peu et ne pas hésiter, en cours de partie de pêche, à changer le grammage. Trop lourd, le montage perd en sensibilité. Trop léger, vous perdez le contact avec le fond et l’appât dérive trop rapidement. Il est utile de confectionner un montage permettant de changer rapidement de lest. Souvenez-vous de la règle des douzièmes qui rappelle que lors des deux dernières heures du flot et des deux premières du jusant, le courant, bien que s’amplifiant, reste modéré. À ces moments de la marée, il est souhaitable de réduire le grammage de la ligne. Le pêcheur doit s’adapter en permanence à la force des courants qui varient sans cesse. Au cours d’une partie de pêche, nous pouvons être amenés à utiliser des poids allant de 60 à 150 g ! Une ligne vivante, c’est-à-dire qui dérape un peu sur le fond, est plus prenante qu’une ligne bloquée par un plomb grappin. Les plombs « portugais » (Lemer), en forme de pyramide, sont à privilégier. Ils ont le mérite de dériver un peu, puis de se bloquer, sans pour autant s’enfouir définitivement dans le sable.
La règle des douzièmes
Une marée dure environ six heures. La force du courant n’est pas continue. Elle dépend du débit d’eau rentrant ou sortant. La hauteur d’eau évolue suivant la règle des douzièmes, autrement dit la mer monte ou descend d’1/12 la première heure, de 2/12 la deuxième heure, 3/12 la troisième et quatrième heures, 2/12 la cinquième heure et de 1/12 la sixième heure. Le courant est donc le plus fort en milieu de marée, soit lors de la troisième et quatrième heure. À l’approche des étales, le courant s’assagit.
Gare au poids de l'hameçon !
Le poids de l’hameçon a également une grande importance. C’est un corps étranger. Si le poids est trop important, l’appât n’aura pas un comportement naturel et le poisson le délaissera. Il est donc important de choisir un hameçon pas trop fort de fer, surtout pour les appâts légers et fragiles (vers marins) et de petite taille, tout en étant suffisamment solide. Le compromis est parfois difficile à trouver. Ce poids est d’autant plus important que certains poissons aspirent l’esche. Et là, l’usage d’un hameçon plus fin de fer est un vrai plus. Moins lourd, l’appât sera plus facilement aspiré et la touche sera de meilleure qualité.
Lancer loin, pas si sûr !
Les pêcheurs sont pour nombre d’entre eux atteints par le syndrome de la rive d’en face… Évidemment, en mer, c’est un peu difficile… Cela étant, certains sont tentés de lancer le plus loin possible. Si parfois les pêches à grandes distances sont souhaitables, il ne faut pas négliger les postes plus proches du rivage. Le poisson n’est pas nécessairement au large. Mieux vaut lancer moins loin tout en douceur que de lancer comme une brute pour atteindre une grande distance, mais avec une mauvaise présentation de l’appât. Si vous ne maîtrisez pas les montages avec accroche-appâts, dont l’objectif est de gagner en distance tout en protégeant l’esche, mieux vaut pêcher à 40 mètres avec des appâts encore présents sur l’hameçon… Si, malgré toutes ces recommandations, les poissons boudent toujours, préparez-leur un menu varié. Un panaché peut attiser leur curiosité. Vous pouvez imaginer tout type de combinaison en associant vers, poissons, céphalopodes et crustacés. Un duo arénicole/lanière de calamar donne du volume, marie les arômes et séduit ainsi les poissons les plus poussifs… Enfin, n’hésitez pas à remplacer fréquemment les appâts, car ils perdent rapidement leurs qualités gustatives. Les effluves se réduisent progressivement avec le temps passé dans l’eau. Si rien n’y fait, n’hésitez pas à y mettre les formes ! Sculptez vos esches et faites en sorte qu’elles deviennent un leurre ! Un fanion découpé dans le manteau d’un calamar peut tenter un joli bar parce qu’il sera plus en mouvement… Les poissons sont bien souvent amateurs d’œuvres d’art… Pensez-y !
Les six principes de Gilbert Colin
Pour Gilbert Colin, spécialiste de la pêche en surfcasting sur les plages et grèves du pourtour atlantique, il est parfois nécessaire de revenir aux fondamentaux lorsque la pêche s’annonce difficile… "Il ne faut pas hésiter à revoir sa copie. En mer, rien n’est établi… Pour ma part, je respecte six principes de base" :
- Je privilégie autant que possible le montage coulissant pour réduire les problèmes de résistance à la touche. Si les crabes se régalent de mes appâts, je mets un petit flotteur sous-marin afin de décoller l’appât du fond. Le flotteur est bloqué en tête de l’appât ou à 10 cm maximum par un stop-float.
- J’allonge dans un premier temps la longueur du bas de ligne, y compris avec un Nylon de fort diamètre. Si cela n’est pas suffisant, je réduis son diamètre dans un second temps.
- J’abaisse si besoin le poids du lest. Un poids excessif provoque un impact sonore à la surface de l’eau qui peut mettre en fuite les poissons, notamment la daurade royale dont la méfiance est importante.
- J’allonge mes distances de lancer. Un montage longue distance avec accroche-appât peut s’avérer fructueux.
- Je recherche la fantaisie en réalisant un bas de ligne en Amnésia (Sunset), de couleur rouge, agrémenté de perles et de sequins (petits disques en plastique colorés), histoire de créer des vibrations pouvant déclencher l’agressivité des poissons.
- J’utilise parfois de l’attractant en spray. Il permet de camoufler les odeurs parasites, notamment celles de nos mains. Le produit Yum au parfum écrevisse à ma préférence.