Le bar est sans doute le prédateur marin le plus déconcertant en matière de comportement. Tous les pêcheurs ont un avis sur la couleur des leurres à utiliser dans certaines circonstances, mais quelques notions sur la vision du bar sont d’un grand intérêt pour la recherche de ce prédateur atypique. Le bar possède des yeux riches en pigments rétiniens, qui lui permettent de bien voir par faible luminosité. Les scientifiques ont longtemps pensé que les bars voyaient le monde en noir et blanc. Après des années d’études et de tests, nous savons maintenant qu’ils voient, eux aussi, le monde en couleur. Cependant, certains prétendent qu’ils ne perçoivent pas le rouge. Ils seraient comme les daltoniens, plus sensibles à une palette de couleurs qui varie essentiellement du bleu et au vert. Cela n’explique pas pourquoi les coloris fluorescents sont efficaces en eaux sales et pourquoi certains leurres pailletés peuvent prendre poisson sur poisson dans certaines conditions lumineuses. Sans doute la luminosité du leurre intervient-elle autant que son coloris de base.
Les bars possèdent des rétines qui comptent beaucoup plus de bâtonnets (cellules sensibles à la lumière) que de cônes (cellules détectant les couleurs). Leurs yeux peuvent ainsi capter la moindre parcelle de lumière, ce qui leur donne une excellente vision nocturne. Les pêcheurs doivent garder à l’esprit que notre vision et celle du bar n’ont que peu de points communs. Autre facteur de distorsion, et non des moindres, nous ne vivons pas dans le même milieu et l’élément liquide influe largement sur la perception des couleurs ! Les scientifiques parlent « d’une perte des couleurs sous l’eau qui est due à l’absorption sélective ». En effet la lumière blanche est composée d’un spectre de couleurs : violet, bleu, vert, jaune, orange, rouge (rangées dans l’ordre des longueurs d’onde de plus en plus élevées). Sous l’eau, il y a une perte rapide de l’intensité lumineuse qui dépend de la longueur d’onde de chaque composant. Ce phénomène s’appelle l’absorption sélective et il est dû aux déformations des molécules de l’eau par l’absorption de la lumière. L’absorption est plus forte aux longueurs d’onde élevées, les valeurs exactes dépendant de la transparence de l’eau.