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Brochets à l'entrée de l'hiver

Crédit photo Valentin Bernard
Ça y est, l’été s’en est allé, les nuits se rallongent et les températures deviennent douces. Tout est en adéquation pour offrir de bonnes conditions à nos partenaires qui vont avoir besoin de faire le plein de forces pour préparer l’hiver. À mon sens, l’automne et l’entrée de l’hiver restent des périodes idéales pour traquer Maître Esox, qui plus est à la mouche !

En effet, les températures plus clémentes et le léger rafraîchissement de l’eau lui permettent de sortir petit à petit de ses zones de conforts estivales souvent peu propices à une prospection au streamer. De plus, le temps de pêche optimal devient considérablement plus long. Fini les quelques heures d’activité le matin ou le soir entre deux importants coups de chaleur. Les périodes d’activité s’étalent désormais tout au long de la journée, et avec une eau qui s’éclaircit, la pêche peu redevenir très visuelle, ce qui n’est pas pour nous déplaire. En lacs et étangs, commencez par prospecter les bordures, mais ne vous y attardez pas trop longtemps en cas de faible activité. Tout dépendra de la température de l’eau. Juste avant la baisse importante de celle-ci et les premières grosses gelées, ces zones peu profondes peuvent conserver une belle population de fourrage grâce à la chaleur et à la vie qui en émane. Contrairement au printemps, le brochet va quand même conserver une certaine hauteur d’eau au-dessus de lui, donc recherchez des profondeurs supérieures à un mètre.

L’entrée de l’hiver est une saison excellente pour le brochet.
Crédit photo : Valentin Bernard

Trouvez le garde-manger

Une pêche de prospection rapide permet de faire bouger les poissons actifs concentrés dans les derniers herbiers. Si tel est le cas, de belles actions sont possibles. Mais si les poissons ont délaissé ces postes pour se regrouper petit à petit dans les zones dites « de confort », inutile d’insister. Il faudra alors rechercher les boules de fourrage – notamment de perches – qui serviront de garde-manger à nos amis durant l’hiver. En revanche, si les bordures ne sont pas très rentables, je vous conseille d’investiguer les plateaux et hauts-fonds. En effet, ce sont souvent les premières zones où le brochet va se tapir dans la végétation et dans les herbiers encore présents, à l’affût du moindre « casse-croûte » lui permettant d’enrichir son beau manteau de gras destiné à affronter l’hiver. Faites donc un tour méticuleux des cassures, et n’hésitez pas à pêcher avec des streamers relativement volumineux et/ou avec une grande silhouette. Des mouches entre 15 et 25 centimètres sont une bonne base de départ pour rechercher des poissons corrects. Préférez des streamers articulés, ou avec un « stinger » offrant plus de réussite au ferrage. À ce moment de l’année, les poissons un peu éduqués auront tendance à faire des touches plus fines ; un armement adapté sur de gros streamers est donc nécessaire. Avec une température de l’eau comprise entre 10 et 20 degrés, ce carnassier atteint son optimum thermique, et devient plus actif. En cette saison, il ne sera donc pas amorphe, plaqué sur le fond comme il pourrait l’être en hiver. En cela, une grande bouchée ne le laissera pas indifférent, puisque l’important volume d’eau déplacé l’incitera à venir de loin pour s’en saisir.

Un stinger bien placé assurera la réussite de vos ferrages.
Crédit photo : Valentin Bernard

Quand faut-il les déloger ?

Dans une hauteur d’eau comprise entre un et deux mètres, allez-y pas à pas, et commencez par positionner votre streamer à cinquante centimètres sous la surface. Ensuite, vous pouvez descendre à un mètre, notamment pour prospecter les zones encore bien végétalisées. Pour cela, une soie intermédiaire ou une S3 feront parfaitement l’affaire. Ayez tout de même une S5 sous la main, si vous pêchez en dérive et que la vitesse ne vous laisse pas le temps de positionner votre ligne dans la couche d’eau.

Gardez donc dans vos boîtes quelques streamers de type « baitfish » entre 8 et 12 centimètres sur des teintes de gardon ou de perche. Ces streamers ont l’avantage d’imiter le menu fretin de l’année et sont donc une valeur sûre.
Crédit photo : Valentin Bernard

Enfin, si rien ne fonctionne, essayez d’aller directement les déloger dans les herbiers avec des montages texans ou des streamers palette. Côté animation, encore une fois, aucune règle n’est établie. L’idéal est de varier les vitesses de récupération et la « brutalité » des strips, pour trouver ce qui peut les déclencher. Mon animation de base est plutôt linéaire (en rolly polly), entrecoupée de saccades et de quelques pauses. Si les suivis ou les touches se multiplient, il sera intéressant de passer sur une action de nage de type « jerk » ou « dent de scie », avec des pauses plus ou moins longues, ceci afin d’exacerber l’irrégularité de la nage pour déclencher une attaque. À cette période de l’année, je n’accorde que peu d’importance au coloris de mon streamer, mais je varie énormément les animations. Toutefois, en fonction de la luminosité, il est possible de jouer sur l’alternance entre un coloris fluo type « fire tiger » et des teintes plus naturelles. En cas de forte activité, sur des chasses par exemple, il arrive que le brochet se fixe sur un seul type de proie et que la pêche devienne plus compliquée. Gardez donc dans vos boîtes quelques streamers de type « baitfish » entre 8 et 12 centimètres sur des teintes de gardon ou de perche. Ces streamers ont l’avantage d’imiter le menu fretin de l’année et sont donc une valeur sûre.

L'auteur avec un magnifique spêcimen !
Crédit photo : Valentin Bernard

Du côté des rivières

En rivières, recherchez et privilégiez les berges lentes. Une pêche rapide sera à mettre en œuvre au-dessus des derniers ilots d’herbiers et dans les calmes provoqués par différents types de structures (piles de pont, muret, etc.). En effet, les calmes, les retournes, les arrivées d’eau et les pointes de confluence gardent longtemps leur population de fourrage en place. Cela s’explique soit par l’apport providentiel d’éléments nutritifs, soit par une température plus intéressante. Si les niveaux d’eau le permettent, une prospection des cassures de courant en bordure de veine forte peut donner de très bons résultats. Choisissez donc bien votre berge en fonction de ces paramètres, et rappelez-vous que la berge intérieure à un virage est toujours plus lente et moins profonde que celle de l’extérieur. Bien entendu, en eau courante, la pêche restera dépendante des conditions de niveau. Si les pluies automnales sont conséquentes, les eaux fortes pousseront les poissons dans les darses ou les lônes, c’est ici qu’il faudra les rechercher. Pour ce qui est du matériel en rivières, je privilégie des cannes courtes 8 à 9 pieds maximum, pour une puissance de 9/10, voire 10+. En effet, une pêche de bordures encombrées nécessite une bonne réserve de puissance pour extraire des poissons bien souvent plus combatifs qu’en eau calme. Des soies avec des profils plutôt courts, qui chargent rapidement la canne, sont conseillées, car l’encombrement des berges peut être un obstacle depuis le bord, et la pêche en dérive laisse souvent peu de temps pour lancer. Notez que dans 90 % des cas, une soie intermédiaire rapide ou une soie flottante pointe plongeante (S3) répondront à la majorité des situations rencontrées. Mais gardez néanmoins un peu de place dans votre sac ou sur votre embarcation pour des soies plus plongeantes qui peuvent, certains jours, sauver votre pêche. Un bas de ligne plutôt court d’une longueur de canne maximum vous donnera plus de précision.

Vive les tube fly

Les tubes fly sont incontournables à cette saison.
Crédit photo : Valentin Bernard

Côté montage, les tubes fly exprimeront tout leur potentiel en rivière, et notamment dans les zones encombrées. En effet, si le tube fly est monté en texan ou avec un plus petit hameçon dissimulé au cœur de la mouche, les accrochages sont presque impossibles, ce qui est donc très pratique pour pêcher les berges où les obstacles peuvent changer de place régulièrement d’une crue à l’autre. Je préfère de loin cette solution à un anti-herbe directement monté sur la mouche. La réussite est bien supérieure et, en règle générale, la durée de vie du streamer est bien meilleure. De plus, lorsque les touches sont plus timides et qu’il faut positionner un hameçon « chance », aussi appelé « stinger », à l’arrière de la mouche, le montage tube offre des possibilités infinies. Enfin, si la pointe de l’hameçon s’abîme lors de différents accrocs dans les bois ou sur les structures, il suffit de le changer. Prenez donc l’habitude d’utiliser des tubes, car leur équilibre parfait en fera une arme de choix pour les pêches hivernales. Enfin, quel que soit le spot de pêche que vous pratiquez, gardez toujours un œil attentif sur vos prises. Si vous notez la présence de sangsues sur les poissons, cela signifie que ces derniers sont plaqués sur le fond, ce qui vous permet donc de savoir quand ralentir la pêche.

La baisse de température de l’eau va faire bouger les becs.
Crédit photo : Valentin Bernard

 

Quelques conseils

1. Un streamer bien positionné dans 50 cm d’eau fera monter les poissons sans hésiter.
2. Sur des chasses ou lorsque les poissons sont fixés sur des proies, des streamers de petite taille peuvent débloquer la situation.
3. Du bord, recherchez les bordures profondes avec les derniers herbiers en place, cela vous rapportera de jolis poissons.
4. Il est intéressant de varier la tonalité de vos streamers : alternez des coloris fluos et naturels en fonction de la luminosité.
5. Un armement adapté de vos tubes sera un gage de réussite : un texan pour les zones encombrées, un montage suspending avec de la mousse pour des pêches plus lentes, et des rattles pour le rendre plus agressif. Préférez les sonorités graves.

 

 

 

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