Alexandre Mézy n’a pas de parcours favori : rivière, lac, fleuve, tout lui convient… du moment qu’il y a du poisson ! Pour l’occasion, il m’a donné rendez-vous sur les berges d’un grand lac des Bouches-du-Rhône peu profond (1,50 m), au fond plat et régulier. L’eau y est claire, mais un violent mistral balaie la surface.
Avec le vent
Le choix est pris de s’installer sur la berge battue par les vagues afin de profiter du courant et de l’eau agitée, facteurs favorisant l’activité des gros poissons. Avant même de monter son matériel, Alexandre prépare son amorce (voir encadré). Il introduit de l’eau une première fois, assez grossièrement, et laisse gonfler. Il prépare toujours son amorce au plus tôt, la veille même s’il a le temps, pour introduire un maximum d’eau et la rendre la plus inerte possible.
L'amorce d'Alexandre
- 50 % de Super Crush Green (Sonubaits) : il s’agit d’une amorce verte à base de farine de poisson et de pellets broyés.
- 50 % de Feeder Romain Foiratier (Champion Feed) : mélange riche en pain, grosses particules rouges, explosif.
- Astuce : Alexandre passe au mixer une ou deux boîtes de maïs doux et ajoute cette bouillie à son amorce au mouillage (gros apport de petites particules jaunes).
Menu copieux
Sa recette est chargée en farines de poisson, très odorantes et huileuses, capables donc d’attirer les poissons de loin. Le résultat, une amorce verte, est surprenant. Alexandre explique que cette couleur se marie parfaitement avec le fond et que les gros poissons, particulièrement les carpes, en sont fans ! Le temps que le mélange gonfle, Alexandre termine son installation et prépare ses esches. Sa tablette est très fournie. « Au cours d’une même sortie, l’appétit des gros poissons évolue, m’explique-t-il. Il m’arrive de prendre régulièrement de gros carassins avec des gozzers rouges puis, d’un seul coup, plus rien. Il suffit alors de changer d’appât, ver de terre ou asticot jaune par exemple, pour que ça reparte ! » Alex cherche donc sans cesse l’esche qui déclenche la touche le plus rapidement. Il utilise même les esches artificielles (dumbells, maïs en plastique), passant alors à une approche plus moderne au method feeder. Le plus important, selon lui, est de disposer de maïs doux, utile à la fois sur l’hameçon et dans l’amorce. Cette graine est un véritable aimant à carpes, carassins et grosses brèmes. Lorsque les touches sont régulières et les poissons bien présents, il lui arrive souvent d’en passer plus d’un litre !
Gaver les petits
Le vent persistant empêchera de pêcher loin (25 m), mais le fond régulier et la pression de pêche, faible ici, devraient permettre de rapprocher les poissons près du bord sans trop de difficultés. La stratégie d’Alexandre est simple : amorcer un coup copieusement avec un très gros feeder en apportant farine, maïs, asticots, terreaux et casters afin de gaver rapidement les petits poissons présents. Il pêchera sur cet amorçage au feeder classique. Lorsque les poissons seront installés, il essaiera de bien analyser leur manière de mordre pour jongler ensuite entre method feeder et feeder classique. Ce dernier permet en effet d’apporter plus facilement, grâce au volume de la cage, asticots, terreaux et maïs en quantité.
Dans le fourreau
Aujourd’hui, les petites cannes restent dans le fourreau. Alexandre prépare deux cannes de puissance medium, des Horizon XC Class (Matrix), assez longues (3,80 m) pour pouvoir maîtriser rapidement les beaux poissons et appuyer ses lancers face au vent tout en restant précis. Les scions sont des 1,5 oz en carbone, assez raides pour ne pas balloter dans les vagues et rater les plus petites touches. Deux moulinets (Daiwa) équipent ces cannes, les bobines de tailles intermédiaires étant remplies d’un nylon de qualité, Former (Colmic), en 25/100, sur lequel il va installer directement son montage. S’agissant du bas de ligne, Alexandre doit déterminer le bon compromis discrétion-résistance. Il utilise 60 cm de nylon Power Micron (Matrix) et un hameçon 3311 (Sensas) n° 14. Coté feeders, des cages de 30 et 50 g permettront de viser droit face au vent sans souci. Heureux présage, dès le début, les poissons répondent présents…
Comprendre
Quelques petites brèmes sont les premières arrivées sur le coup et de grands arrachages de canne trahissent la présence de poissons plus gros. Alexandre pêche avec un montage à plat classique afin de stabiliser au maximum l’esche sur le fond. Il sait par expérience que les plus beaux poissons viennent très près de la cage et peuvent même se nourrir directement à sa sortie, ce qui fait osciller le scion délicatement de l’avant vers l’arrière. Il faut alors comprendre comment les faire mordre. Le long bas de ligne est efficace un moment et va chercher les poissons autour du cou dans les mouvements d’eau et le courant, quelques carassins se laissent aussi avoir mais ça ne dure pas. Alexandre essaie alors le method feeder avec un tout autre bas de ligne : 10 cm de 20/100 avec hameçon Feeder Rigger (Matrix) n° 10, monté avec un cheveu sur lequel il noue une baïonnette afin de mettre en place un dumbell rouge pop-up.
L'atout litou
Le résultat est sans appel et les carassins rejoignent la bourriche les uns derrière les autres ! Mais le method feeder ne permet pas de déposer autant d’appâts et notre champion revient au feeder classique, réduisant la longueur du bas de ligne. Les gros carassins mordent encore une heure avant de filer… C’est le moment que choisit Alexandre pour saturer son amorce avec du litou, laissant une tache jaune épaisse et tenace qui navigue dans le courant. Contrairement au Tracix, le litou est lourd et, étant un peu gras, colle aux cailloux et reste bien sur fond. Plus les poissons fouillent, plus le nuage s’épaissit. De grosses brèmes rentrent alors sur le coup et ne lâchent plus Alexandre qui évidemment se régale.
Une pêche de magazine !
Sur l’hameçon, les dendros surpassent maintenant les gozzers rouges. Une vraie « pêche de magazine », en quelque sorte ! À l’arrivée en effet, ce sont plus de 50 kg de poissons qu’Alexandre extrait de sa bourriche et qui rejoignent le tapis de réception gonflable, pour quelques photos. Une sacrée démonstration.