L’hiver, face à des poissons moins actifs, au métabolisme ralenti, avec des combats moins violents, je n’hésite pas à changer mes habitudes. Tout dans les choix de mon matériel et de mes montages est alors orienté vers plus de finesse et de discrétion. Il est impossible de pêcher fin et précis avec une canne trop longue et trop raide. Chaque prise de contact avec le poisson, chaque coup de tête durant le combat est un risque de casse ou d’ouverture d’hameçon. Utilisez donc une canne courte, autour de 3,30 m, la plus light possible, avec une action de pointe très douce. Bannissez néanmoins les cannes trop molles avec lesquelles vous n’aurez aucune maîtrise de vos actions. Un blank fin et résonant en carbone japonais haut de gamme est évidemment un plus. Avec des lignes très fines, la réussite tient dans une bonne maîtrise de la gestuelle de votre poignet.
Les scions
Côté scion, en absence de courant, c’est le moment de sortir vos 0,25 et 0,50 oz qui ne voient pas forcément le jour le reste de l’année. Selon les marques et les modèles de cannes, à tailles égales, les scions peuvent être plus ou moins durs, sachant que la fibre de verre est toujours moins rigide que le carbone. J’utilise les scions en carbone plein toute l’année. Je trouve que les touches, même sur les plus petits diamètres, sont plus marquées et qu’il m’est plus simple de ferrer au bon moment. Et parfois même de ne pas ferrer du tout mais de simplement prendre contact en imprimant un très léger mouvement du poignet. Avec un scion très fin et très souple, il est important de bien noyer sa bannière dès que le feeder touche le fond. Il ne faut pas hésiter à tendre fortement la ligne jusqu’à sa disparition complète sous la surface. Ensuite seulement, on peut rendre un peu de fil pour laisser le scion se redresser. Avec une tresse, détendez légèrement la bannière jusqu’à obtenir un léger ventre sous la pointe de la canne, discrétion garantie ! Enfin, s’agissant du moulinet, une taille 3000 pour les pêches à courte ou moyenne distance est parfaite.
Tresse ou nylon
Sur ce moulinet, je délaisse mes 22-24/100 pour des nylons 18-20/100 lorsque je pêche dans des zones de regroupement (darse, port, contre-canal, etc.) Avec ces nylons plus fins, la surface de contact avec l’eau est réduite, les vibrations dues au courant sont moins marquées et je peux pêcher avec plus de précision en réduisant le ventre formé par ma bannière. Pour les mêmes raisons, mais pour des pêches plus lointaines (au-delà de 20m), une tresse en 6 ou 8/100 permet de pêcher précisément, offrant même la possibilité de pêcher bannière détendue pour n’opposer aucune résistance à la touche.
Les petites cages
Toujours avec ce souci constant de discrétion, l’impact du feeder avec l’eau doit être le plus délicat possible en prenant garde de bien accompagner le montage en fin course, au moment où la ligne vient en butée sur le line-clip. Les tout petits feeders rockets à cage plastique sont les plus discrets. Les formes classiques avec plombée latérale sont disponibles elles aussi dans des tailles à peine plus grosses qu’un ongle, dans des poids plumes donc. En eau froide et très claire, il est inutile d’amorcer au préalable sous peine de faire fuir les poissons. Je n’hésite pas à utiliser directement ces cages minuscules pour pêcher immédiatement.
Les accessoires
La finesse doit s’accompagner de légèreté aussi, réalisez vos montages avec une quantité réduite d’accessoires, les plus petits possible. Exit l’émerillon pour fixer le bas de ligne, attachez-le directement boucle dans boucle dans la vrille du montage. Quelques bons détaillants en ligne proposent des stop floats (Cralusso) minuscules (taille XS). Associés à un micro-émerillon baril Black (VMC) n°36 et une micro-agrafe carnassier, on peut donner un bel équilibre et une grande légèreté aux montages hélicoptère et à plat.
Le bas de ligne
Oubliez les bas de ligne en 12 ou 14/100 de la belle saison, ressortez vos bobines de 6,5 et 8/100. Un nylon fin ayant tendance à vriller et à être plus sensible au nœud, mieux vaut utiliser un bas de ligne court (30 à 50 cm) relié à 50 cm d’un nylon plus fort de 2 à 4/100 par un raccord boucle dans boucle. Cette sorte de queue-de-rat traversera la couche d’eau naturellement, présentant une fin de ligne fine sans risque d’emmêlement. Si vous sentez qu’il faut rallonger ou raccourcir, faites-le sur le brin de nylon plus fort. Attention aussi à la sincérité des diamètres annoncés, choisissez des références indiscutables, type Palmer (Sensas) ou Power Micron (Matrix).
L'hameçon
Mais le plus important à mes yeux tient peut-être dans le bon choix de l’hameçon dont il faut absolument surveiller trois paramètres fondamentaux : son piquant, sa forme, son poids. Il vous faut opter pour des hameçons choisis parmi les plus légers possible, avec un fer très fin et une pointe bien affûtée. Plus il sera léger et mieux l’hameçon ira se piquer loin dans la bouche du poisson sans le moindre effort. L’hiver, les petites esches (vaseux, pinkies) sont reines, et un hameçon droit, fin de fer, dans les tailles allant du n°20 au 24 est le plus adapté. Citons quelques références incontournables : Ultra Fine Pole Red (Drennan), R305 (Suehiro), MXC (Matrix).
Bobine de secours
Si vous manquez de bobines de moulinet, n’hésitez pas à enrouler sur une bobine déjà remplie une trentaine de mètres d’un nylon plus fin qui vous serviront le temps de vos pêches d’hiver. Veillez néanmoins à ce que le remplissage final ne vienne pas dépasser les lèvres de la bobine, ce qui vous vaudrait de belles perruques. Et pensez aussi à ne pas pêcher plus loin que cette trentaine de mètres !