Membre de l’équipe nationale feeder, Benjamin Billaut est un pêcheur impressionnant de simplicité aussi. Je le retrouve aujourd’hui sur un parcours du Vaucluse, un bras mort du Rhône, à l’île de l’Oiselet.
Une météo difficile
De grosses pluies en amont ayant gonflé le Rhône, les poissons se sont, comme ils en ont l’habitude, réfugiés dans ce bras mort très calme, quasiment sans courant. Mistral à décorner les bœufs et températures extrêmement fraîches pour la saison, les conditions sont assez terribles aujourd’hui ! Coupe-vent et bonnet sont de rigueur et ce n’est pas son installation, en fait ultra simple, qui va réchauffer notre bonhomme. Une caisse, une desserte, une bourriche, un manche d’épuisette, un support feeder et le voilà prêt. Benjamin a pris soin de s’installer au plus loin de la prise d’eau avec le fleuve, se positionnant complètement en travers pour réduire l’action du vent sur la bannière. C’est une manière de gagner en précision, mais aussi d’aller pêcher une zone profonde et totalement dépourvue d’accroc.
Amorce et esches
Concernant son amorce, notre champion explique qu’il ne lui semble pas nécessaire d’apporter de grosses quantités pour fixer les poissons. Avec un feeder de petite taille, inutile de mouiller plus de 500 g de farines sèches pour 3 heures de pêche. Un demi-paquet de 3000 Gros Gardon (Sensas), de granulométrie moyenne et de couleur brune, suffit. Le mouillage s’effectue en deux étapes, la seconde n’étant qu’un réajustement au moment d’attaquer la pêche. Le parcours est peuplé de beaux poissons, surtout des brèmes et des carassins. Benjamin introduit dans son amorce une bonne quantité de grains de maïs et quelques pinkies rouges qui vont la faire éclater sur le fond. Pas de phase d’amorçage proprement dite puisqu’il commence à pêcher au premier lancer. « Lorsque les poissons sont là, il n’est pas nécessaire de réaliser un gros amorçage, précise-t-il. Je privilégie plutôt un apport constant d’esches. » Benjamin considère aussi qu’à volume égal, les pinkies étant bien plus nombreux que des gozzers, ils vont maintenir les poissons en activité plus longtemps.
Le matériel
Benjamin ayant choisi de n’aborder qu’un coup unique, il ne monte donc qu’une seule canne, assez courte comme à son habitude. Il s’agit d’une Black Arrow 400 (Sensas), une 3,30 m de puissance médium 20-50 g. Le scion en carbone (1 oz) permet une lecture précise des touches même les plus fines. Surprise, il pêche avec une tresse, j’aurais sans aucun doute plutôt opté pour un nylon. Mais il joue ici la carte de la sensibilité à 100%.
Le montage
Benjamin utilise un montage avec potence coulissante qui mêle sensibilité et stabilité. Il l’a souvent utilisé dans les grandes compétitions internationales où le règlement impose en effet des montages coulissant à l’infini. Pas de système auto-ferrant donc ni de potence fixe pour ne pas qu’un poisson se retrouve prisonnier d’un montage après une éventuelle casse. C’est la position du feeder en dérivation qui donne toute sa sensibilité à ce montage dont les gros poissons apprécient aussi la stabilité. Il raccorde pour finir une petite tête de ligne, 1,30 m de 30/100 en fluorocarbone, pour rigidifier et bien plaquer le montage. Benjamin ne fait pas dans la dentelle. Le bas de ligne de 60 cm est en 14/100, terminé par un hameçon n°14. Le nylon très raide dans ces tailles accentue la stabilité de l’ensemble sur le fond. Si Benjamin veut que ça bouge un peu, il fera lui-même quelques petites tirettes en levant la canne ou par un simple petit tour de manivelle.
L'action de pêche
À la pêche, c’est agréable quand tout se passe comme on l’avait prévu et aujourd’hui c’est le cas ! Benjamin remarque rapidement des passages dans le fil qui traduisent que les poissons sont dans les parages et commencent à s’alimenter sur le coup. Serein, il attend qu’une belle touche se produise sans tenter le moindre ferrage. Les premiers poissons piqués sont des brèmes de plus du kilo, leur combat lourd et lent trahissant leur identité avant même qu’il puisse les observer sous la surface, dans l’eau très claire du parcours. Mais rapidement des touches parasites viennent perturber la partie de pêche. Pas les carassins attendus mais des poissons plus petits, des gardons qui sont entrés sur le coup et se précipitent sur les gozzers que Benjamin pique sur son hameçon. Mais notre champion est réactif, il n’est pas question de rester sur ces gardons. Il est venu pour prendre des gros poissons et il est presque sûr qu’ils sont là… ou en tout cas pas bien loin. Dans son feeder, il introduit du maïs bloqué avec un petit bouchon d’amorce serré.
Les carassins
Il change rapidement d’esche, remplaçant son bouquet de gozzers par un beau gros grain de maïs piqué sur un hameçon n°12, bouchée que les petits gardons n’arriveront pas à engamer. L’attente est plus longue mais au bout d’une dizaine de minutes la touche est appuyée, c’est en effet un beau carassin. Et pour être précis, ce ne sera pas le dernier !
Les choix de Benjamin
Benjamin a utilisé aujourd’hui deux modèles de feeders anglais, assez spécifiques, commercialisés par Preston Innovations.