Au plus près des obstacles : cherchez l'ombre

Les eaux qui se réchauffent sont propices au développement des algues et herbiers en tout genre. Si ce phénomène est inquiétant sur les cours d’eau de première catégorie, cela peut devenir un allié précieux pour le pêcheur au coup et au feeder en seconde catégorie et dans les zones déjà riches en matière organique.

Repérage visuel

Sur de nombreux canaux, étangs et rivières, de nettes bandes de verdure apparaissent en effet dans les zones les moins profondes, souvent en bordure, parfois au large. Les herbiers préférés des pêcheurs sont les nénuphars, avec leurs grosses feuilles qui génèrent une ombre généreuse au profit des poissons. Une première analyse rapide consiste à tenter de repérer une éventuelle présence de poissons en activité à proximité.

S'approcher

Mais il faut surtout s’assurer de l’absence d’autres herbiers jonchant le fond sans parvenir jusqu’en surface. Rien n’est pire, en effet, que d’amorcer au beau milieu d’un fond herbeux, impossible à pêcher au feeder. Un sondeur électronique est parfait pour identifier ces herbes cachées rapidement, même à longue distance. Le but, c’est de chercher à s’approcher de ces zones, dangereuses pour nos montages mais synonymes d’abris pour les poissons. Chercher les abords profonds des zones abritées est donc l’objectif principal. Le poste idéal pourrait être une berge opposée à distance abordable, bordée par un herbier épais donnant sur un tombant au pied duquel on va pêcher. À défaut de cassure nette, on bloque le fil dans le line-clip pour atteindre systématiquement le ras de cet herbier. Dans le même esprit, les abords de ponts et de pontons, les murs aux pieds ombragés, les coques des bateaux, les frondaisons d’un arbre sont autant de zones à explorer. Bref, quand le soleil tape fort, la consigne, c’est chercher l’ombre !

En toute sécurité

Le plus compliqué lorsque l’on pêche au plus près d’un obstacle, c’est de ne pas y laisser tous ses montages. L’utilisation du line-clip est inévitable. Le réglage de la distance se fait à tâtons. On va lancer d’abord aux trois quarts de la distance souhaitée puis allonger progressivement cette distance en rajoutant 1 ou 2m de fil à chaque lancer jusqu’à parvenir précisément au point d’impact choisi. Prenez garde de régler cette distance avec le même poids de montage (cage, plomb) que celui utilisé plus tard en cours de pêche, en prenant en compte l’amorce. Il est utile de noter cette distance parfaite en installant à proximité des piquets de mesure qui vous permettront de la retrouver avec précision en cas de casse, sans avoir besoin de réitérer toute cette procédure fastidieuse.

Une petite marge

Cela évite aussi de faire du bruit sur un coup patiemment amorcé. La discrétion est ici aussi un facteur évident de réussite. Il peut être intéressant d’aborder la pêche en gardant une petite marge derrière le coup initialement amorcé, les plus jolis poissons (carpes, carassins, gros gardons) ayant souvent tendance à reculer au fur et à mesure de l’avancée de la partie de pêche. Commencez donc à pêcher entre 1 et 3m avant l’abri repéré et observez le comportement des poissons. Si les touches cessent ou que la taille des poissons capturés semble baisser, il sera toujours temps de rajouter 50cm ou 1m de fil dans le line-clip. Un ou deux passages à vide, sans aucune amorce, permettent parfois de piquer un beau poisson avant de reprendre tranquillement un rythme normal de rappel. Les poissons étant là, bien à l’abri, on oublie les amorçages lourds avec de grosses cages. En fait, mieux vaut entrer directement dans le vif du sujet. L’amorçage de départ est réalisé avec la même cage que celle utilisée en action de pêche afin d’habituer les poissons. Les petites cages plastiques de type rocket sont assez discrètes, mais ne négligez pas non plus les petits feeders classiques, à peine plus gros qu’un ongle. Le mieux sera toujours d’utiliser le plus petit poids possible pour éviter de créer un bruit un peu fort en surface qui pourrait repousser les poissons au plus profond de leur cachette.

Les montages

Lorsque les poissons se trouvent au cœur de plusieurs zones scabreuses, la conception du montage utilisé est importante. On oublie les longues potences. Aux prises avec un beau poisson, la cage irait en effet traîner bien trop près du fond, risquant à tout moment l’accroc. Optez plutôt pour un montage à plat classique qui permet de décoller au maximum la cage du fond. Si, malgré tout, vous accrochez encore, utilisez un bas de ligne costaud (14 ou 16/100 au minimum) et, juste après le ferrage, tirez fort canne haute pour faire lever la tête au poisson et éloigner la cage du danger. Avec de gros poissons évoluant sous les bancs de nénuphars ou sous les herbiers collés aux berges creuses, ce montage classique rencontre néanmoins rapidement ses limites.

Plus loin encore

Le method feeder, lui, autorise plus facilement d’aller plus loin, jusqu’à parfois pouvoir rentrer légèrement dans l’obstacle, et sans risque bien sûr. L’hameçon emprisonné dans l’amorce peut en effet descendre au travers d’une zone difficile sans pour autant accrocher. Sur un fond vaseux ou recouvert d’une petite couche d’herbes, une petite bouillette flottante ou un dumbell pop’up (flottant) resteront bien visibles juste au-dessus du fond. Mais plus on va s’approcher des obstacles, plus le risque d’accrocher est bien sûr élevé.

L'astuce

Il est compliqué, voire souvent impossible, d’utiliser un long bas de ligne lorsque l’on vise les frondaisons d’un bel arbre ou un banc de nénuphars. Une petite astuce permet malgré tout de tenter le coup. On utilise pour ça un feeder dit open ended (ouvert sur l’arrière). On peut y coincer le bas de ligne, enserré dans l’amorce et envoyer ainsi un montage de gabarit réduit qui se déploiera sur le fond avec le délitement des farines.