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Lentilles noires, maïs blanc, chènevis : la pêche à la graine

Crédit photo Olivier Wimmer
Même si la pêche à la graine ne suscite plus autant de passion que jadis, elle n’en reste pas moins passionnante et toujours efficace. Si le chènevis, le maïs et le blé sont les plus utilisées, il en existe aussi d’autres, moins connues, mais dont les qualités facilitent bien les choses.

Les graines sont aujourd’hui essentiellement utilisées pour agrémenter les amorces dans le but d’attirer et de maintenir les poissons sur un coup. Chènevis, maïs et blé, les plus couramment utilisées, le sont entières ou moulues. Mais ces graines sont plus rarement employées pures, en tant qu’amorçage exclusif ou sur l’hameçon, sauf le maïs toutefois avec le succès qu’on lui connaît sur la carpe. Pour ma part, j’utilise fréquemment les graines entières, notamment à l’hameçon et y compris si mon coup est amorcé avec des farines et des esches vivantes. Hormis ces classiques, il en existe en fait bien d’autres, pour certaines totalement méconnues ou très peu utilisées. Elles sont pourtant très efficaces ! 

La lentille noire est un excellent succédané ou complément du très classique chènevis.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Les graines à gardons

Pour le gardon, j’ai déjà évoqué ici le chènevis, avec une façon de l’utiliser peu orthodoxe mais qui rend sa pratique un peu plus facile (voir notre n° 885 de février 2019). Mais il y a d’autres graines. Pourquoi remplacer une esche déjà efficace, direz-vous ? Simplement parce qu’elles se préparent et s’eschent plus facilement et tiennent aussi mieux à l’hameçon, petit défaut bien connu du chènevis. 

On règle son rappel en fonction de l’appétit des poissons. Et pour distribuer les graines avec précision à bonne distance, la coupelle se révèle irremplaçable.
Crédit photo : Olivier Wimmer

La lentille noire est en fait un très petit haricot noir, appelé aussi haricot Urid ou mungo. Plus petite et moins volumineuse qu’un grain de chènevis, elle est crémeuse, sucrée, très protéinée et se cuit très facilement. Aucun germe n’apparaît à la cuisson, mais elle arbore alors une belle couleur noire pâle. Sa forme, différente de celle du chènevis, rend son eschage très facile. En outre, sa tenue à l’hameçon est remarquable après une cuisson al dente. On trouve ces lentilles prioritairement dans les boutiques d’alimentation indiennes ou asiatiques, au prix d’environ 5 € le kilo. Le paquet est souvent estampillé Urid beans en anglais. 

Eschage d’une lentille noire, aussi attractive qu’un grain de chènevis.
Crédit photo : Olivier Wimmer

La vesce est une plante verte vivace assez commune, issue d’une graine plus charnue et légèrement plus plate qu’un grain de chènevis. Cette légumineuse à la forme régulière prend une couleur ambrée brillante après cuisson. Pas de germe blanc ici non plus. Sa tenue à l’hameçon est également remarquable, à un point tel qu’il est possible de pêcher à l’anglaise avec. On améliore encore la tenue en la congelant aussitôt après cuisson dans de petits sacs. Elle gagne encore en fermeté, tout en restant attractive et accessible. La graine de vesce se décline en différentes graines de saison. C’est la vesce de printemps, qui prend une belle teinte noir violacé à la cuisson, qui nous intéresse pour la pêche. Comptez 20 € le kilo environ dans les bonnes graineteries. 

En étang, le maïs blanc, pas toujours très facile à trouver, fait des ravages sur les carassins.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Comment les utiliser ? 

Par leur similitude avec le chènevis, ces graines sont efficaces sur le gardon. En outre, elles rebutent les plus petits poissons, notamment les ablettes. C’est parfait lorsque ces dernières empêchent toute esche naturelle d’atteindre le fond. Pêcher exclusivement avec ces graines exige bien sûr accoutumance et patience, mais permet donc de sélectionner la taille des poissons. Elles tentent aussi chevesnes, brèmes, carpes et tanches. Il est intéressant de mixer toutes ces graines. On peut par exemple réaliser un tapis de chènevis et placer sur l’hameçon une graine de vesce ou une lentille noire, les poissons n’y verront que du feu et la différence de tenue fait gagner des prises et du temps. Ça marche aussi avec un mélange de farines, tout en pêchant à la graine et en agrainant. Lentille noire ou vesce, un hameçon à tige moyenne (n° 22 à 16) facilite leur eschage. Une forme légèrement arrondie épouse à merveille leurs courbes et s’y dissimule facilement tout en préservant le piquant de l’hameçon. Quelques références : Polemaster Compétition (Drennan), B2000 (Colmic), 7003 (VMC), 3260 (Sensas) et 2220 (Garbolino). 

Eschage d’une graine de vesce qui tient bien mieux à l’hameçon qu’un grain de chènevis.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Le maïs blanc. Tout le monde connaît le maïs jaune. C’est une graine pleine d’atouts, du goût à la couleur en passant par la densité. En grains ou en purée (voir notre n° 905 d’octobre 2020), on peut l’utiliser pur ou mélangé à d’autres ingrédients. Les grains sont assez volumineux mais on peut couper un grain pour en réduire la taille. En complément de ce jaune très classique donc, lorsque les poissons sont plus petits ou tatillons, j’emploie un maïs de couleur blanche. Plus petit, mais aussi plus tendre, sa belle couleur (plutôt crème en fait) peut décider des poissons récalcitrants. Et s’il y a deux espèces qui craquent sur cette teinte, ce sont la carpe et surtout le carassin. Méfiant, ce dernier provoque en effet des touches toujours subtiles et très furtives. 

Les contrastes étant toujours excellents, maïs blanc et jaune sont très complémentaires.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Plus dense 

Grâce au maïs blanc, on arrive à augmenter considérablement le ratio de prises. Outre sa couleur et sa taille, la densité du maïs blanc est inférieure à celle du jaune. Hormis par faible profondeur, je préfère ne pas l’employer seul pour l’amorçage. Je le mélange à parts égales avec du jaune. Il est même tout à fait possible de n’amorcer qu’avec le jaune et d’escher avec le blanc. La carte du contraste fonctionne très bien. Lorsque les touches sont délicates, ce critère de densité est un véritable atout car proposer une esche légère fait vraiment la différence. Il est à noter que le blanc est également plus cher. Le maïs blanc naturel est devenu difficile à dénicher en quantité. Sa culture ne représente qu’une infime part dans la production mondiale. Aux rayons alimentaires, il est souvent absent et mieux vaut acheter en ligne. Quelques marques de pêche (Pescaviva, Champion Feed) distribuent un maïs blanc de qualité, mais assez cher (autour de 15€ le kilo). 

Graines de millets blanc, jaune, et rouge, grillées et broyées dans un mélange explosif. Un aimant à gardons.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pour l’amorce aussi 

Chènevis, coriandre ou fenouil moulus sont fréquemment utilisés pour agrémenter les amorces à base de farines. Ces graines oléagineuses possèdent un effet dispersant important et font travailler les mélanges, ce que l’on peut voir jusqu’en surface. Mon ami Nicolas Gachon, pêcheur bourguignon de haut vol, m’a fait récemment découvrir les vertus d’autres graines encore une fois méconnues, très efficaces quand on les intègre dans les amorces à gardons et petites brèmes. 

Depuis toujours, le canal est le paradis du pêcheur à la graine.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Le pop-corn peut être utilisé ni salé ni sucré. Les grains sont mis à sauter dans une casserole chaudement huilée pour donner les fameux flocons blancs. Refroidis, on les broie bien finement au mixeur pour obtenir un résidu blanc très volatil. Introduite dans l’amorce humidifiée à hauteur de 10 à 15% d’amorce sèche, cette farine de pop-corn fait énormément travailler l’amorce et attire les poissons de très loin. C’est un aimant à petites brèmes à utiliser en priorité en étang ou en lac. 

Le millet est une graine destinée à nourrir les oiseaux et qui existe en plusieurs couleurs intéressantes pour la pêche. Blanches, jaunes, rouges, ces micro-graines sont utilisées cuites par les carpistes. Pour la pêche au coup, on peut les griller entières puis les broyer finement. On obtient un mélange de copeaux et de graines de faible taille. Les torréfier diminue leur côté nutritif mais les graines restent très sélectives, intéressant en priorité les gros gardons. Un mélange de chènevis-millet grillé parfume et fait pétiller l’amorce.

 

Lentilles et vesces : la cuisson

1. Faites tremper les graines 12 à 24h dans une eau froide.

2. Remplacez l’eau de trempage par de l’eau bouillante.

3. Laissez infuser pendant au moins 2 ou 3h puis égouttez.

Si vous souhaitez des graines moins brillantes, ajoutez une cuiller à soupe de bicarbonate alimentaire. Cela assombrit leur couleur et elles ressemblent encore plus au chènevis. Vous pouvez aussi ajouter à l’eau de cuisson un additif liquide ou en poudre de votre choix pour en augmenter l’attractivité.

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Magazine n°918 - novembre 2021

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