Lors d’un voyage aux Pays-Bas, j’ai déniché de drôles d’appâts artificiels commercialisés par la marque néerlandaise Cresta sous la dénomination Spaghetti Artificial Baits. Ils sont déclinés en trois versions dont deux que j’ai trouvées particulièrement intéressantes. La première, le Worm, est une imitation de larve, l’autre appelée Ball, de perle. La troisième est un ver plus long, ressemblant un peu aux worms des pêcheurs de carnassiers, qu’il faut couper en tronçons, et que j’ai trouvé en fait peu pratique pour mes pêches habituelles.
Mini leurres souples
Worms et Balls reprennent le principe des leurres souples, dans la matière et la texture, mais dans des tailles très réduites pour être utilisées aussi bien en pêche au coup classique, à la grande canne, qu’à l’anglaise ou au feeder. Au-delà de leurs coloris variés et très flashy pour certains, leur particularité tient dans leur densité. En effet, ces esches artificielles sont semi-flottantes… Nous sommes bien d’accord : le plus souvent, rien ne remplacera jamais une belle esche naturelle et bien vivante, mais sincèrement, ces imitations m’ont plutôt surpris dans certaines conditions particulières.
Tailles et couleurs
- Les Balls se déclinent en 6 longueurs : 3, 4 et 5 mm plus, pour la version XL, 6, 7 et 8 mm.
- Les Worms font 8, 11 ou 22 mm
- Une grande variété de couleurs attractives leur est commune : Blood Red (rouge sang), Tomato Red (rouge mat), Fluo Red (rouge fluo), Fluo Orange - jaune et rose.
- Prix public : Spaghettis Worms et Balls (Cresta) : 4 € le sachet
Piège parfait
C’est en fin d’automne et en plein cœur de l’hiver notamment, lors des grands rassemblements de saison de poissons blancs que j’ai effectué mes premiers tests. J’ai remplacé mon asticot rouge par un Worm Red et les touches se sont enchaînées. Pas le moindre refus, le piège parfait et sans avoir à remplacer l’esche après chaque prise ! Le gain de temps est considérable. La taille la plus petite de chaque Spaghetti est polyvalente. Un petit coup de ciseau permet de réduire encore davantage la longueur ou le diamètre pour réaliser éventuellement une pêche de vitesse de petits poissons. La couleur de la gomme ne s’altère jamais et reste donc toujours très attractive.
Les coloris
En plus de la densité, le panel de coloris disponible offre aussi un éventail de possibilités vraiment intéressantes. Les classiques rouge et jaune vont permettre de coller très facilement à la couleur des esches incorporées dans une amorce (vers de vase, pinkies, asticots). Les couleurs plus inédites permettent de créer des contrastes saisissants et provocateurs. En fonction de la teinte de l’eau, cristalline ou mâchée, il est toujours intéressant de proposer un appât qui tranche. Ma préférence va à l’orange fluo qui fonctionne à merveille dans les deux cas. J’ai néanmoins dû aménager ma façon d’amorcer pour tirer le meilleur parti des Spaghettis. Le poisson devant être coopératif, une amorce active, peu humidifiée et riche en graines et dispersants s’est montrée la plus efficace. Elle contraint en effet les poissons à virevolter dans les particules pour s’en saisir. En temps normal, un tel mélange pourrait ne pas être très sélectif et attirer en priorité les petits, laissant peu de temps aux plus gros de saisir l’appât. Ici, même si les petits poissons sont présents, ils ont davantage de mal avec un Worm ou une Ball dont je grossis volontairement la taille si c’est l’invasion. Couplée à un agrainage d’asticots ou de pinkies, cette approche m’a permis de superbes bourriches hivernales. Il n’était pas rare que mon appât soit saisi à la descente, les poissons remontant franchement dans la couche d’eau pour s’en saisir en raison d’une compétition alimentaire très importante.
Descente rapide
En revanche, je n’ai absolument rien eu à changer au niveau de mes montages. L’eschage d’un Spaghetti n’interfère pas sur l’équilibrage du flotteur. Avec ce type d’appât, j’utilise une ligne assez lourde pour l’entraîner rapidement sur le fond lorsque les poissons s’y cantonnent. S’ils prennent à la descente, j’utilise une ligne plus légère et une plombée étalée. L’esche descend alors lentement, entraînée par le poids de l’hameçon. Dans tous les cas, avec des poissons de taille moyenne, il faut toujours animer la ligne, les Spaghettis étant totalement inertes. Avec les gros, les Spaghettis resteront posés bien sagement sur le fond.
Le choix de l'hameçon
Le paramètre sur lequel j’ai eu à réfléchir rapidement pour obtenir le meilleur rendement est l’hameçon. Il doit être choisi avec soin, tant au niveau de sa taille que du diamètre du fer. Du fait d’une taille trop petite au départ, j’ai enregistré quelques décrochages. Un Worm de 8 mm a un peu l’épaisseur d’un gros asticot et, plus rigide, peut se coincer entre la pointe et la tige de l’hameçon.
Le bon compromis
À l’inverse, piqué sur un modèle trop gros, le piège devient bien trop voyant. Concernant le fer, si l’hameçon est trop fin, le plastique finit par se fendre. Il m’a fallu trouver le compromis idéal, à savoir un combiné comprenant une tige plus longue, une ouverture moyenne et un fer moyen. J’ai repéré quelques références (voir encadré) qui m’ont permis de moins décrocher et d’augmenter la cadence de mes prises. Si la façon d’escher une Ball est unique, celle d’un Worm, aussi simple qu’avec un asticot, peut être effectuée de plusieurs manières: par un bout ou enfilé sur la tige. Ce sont la fréquence des touches et la taille des poissons qui décident. Plus elles sont importantes, plus je dissimule l’hameçon dans le Spaghetti et en accrois la taille (voir encadré). Il est possible de piquer deux petits Spaghettis, à condition bien sûr d’adapter la taille de son hameçon.
REFERENCE | MARQUE | TAILLES |
LS 1050 | Gamakatsu | N°20 à 16 |
Feeling 3630 | Sensas | N°20 à 16 |
7002 | VMC | N°16 et 18 |
2130 | Garbolino | N°18 et 20 |
Penser aux panachés
Il est très efficace également de combiner appâts artificiel et naturel, les options sont infinies. Worm-asticot, Worm-ver de terreau, Worm-maïs, tout fonctionne très bien et c’est la même chose avec les Balls. C’est là que la propriété semi-flottante des appâts artificiels apporte un de ses gros avantages. Il est en effet possible de présenter un ou plusieurs appâts volumineux sans que le poids de l’ensemble soit excessif. Les poissons aspirent ce menu appétissant sans la moindre difficulté.
Au moulinet aussi
Ces appâts très résistants sont aussi épatants lorsqu’on pratique au moulinet. Au Pays-Bas, les pêcheurs au feeder s’en servent d’ailleurs partout où c’est possible (les règlements de pêche là-bas n’autorisent pas toujours les esches artificielles…) notamment pour les pêches à grande distance. Même sur un lancer très appuyé, le Spaghetti reste sur l’hameçon.