Par agrainage, on entend la distribution d’appâts de toute nature : les graines (chènevis, maïs, blé), les esches vivantes (asticots, pinkies, casters) ou les granulés de tous diamètres. L’agrainage exige parfois un peu de patience mais les poissons étant installés, ils restent en confiance sur le coup. C’est aussi un excellent complément à d’autres approches, comme déposer une amorce classique et agrainer ensuite. Classique mais ultra-efficace ! Selon la distance de pêche, on peut agrainer à la main ou à la fronde. L’agrainage est redoutable en toutes circonstances et en tous lieux, pas uniquement en eau calme. Ce peut être une approche discrète, avec des impacts minimes en surface. Mais on peut aussi la rendre volontairement bruyante si c’est ce qui marche. Avec un peu de pratique, il est possible d’agrainer dans un mouchoir de poche mais si je tiens vraiment à être ultra-précis, je préfère alors la coupelle. Et dans 90 % des cas, j’utilise la fronde pour attirer les poissons et les installer en confiance dans un rayon d’un mètre environ. Le but est d’exacerber la compétition alimentaire et d’obtenir des touches n’importe où dans cette zone. Il faut bien sûr adapter les appâts distribués aux préférences alimentaires et à la taille des poissons que l’on cherche.
Les asticots
Les asticots, polyvalents et pratiques, intéressent tous les poissons. Propulsables à la main ou à la fronde, ils peuvent être utilisés à la grande canne ou à l’anglaise. Un vent fort peut néanmoins les faire dévier de leur trajectoire ou les empêcher d’atteindre la distance voulue. Dans ce cas, n’hésitez pas à changer de puissance de fronde. Pinkies ou squatts, plus petits, sont utiles en période froide ou lorsque les poissons sont méfiants ou peu mordeurs. J’ai une préférence pour les teintes claires, blanc, jaune et orange, lorsque l’eau est claire. J’utilise plutôt les rouges lorsqu’elle est plus teintée. Les casters ont une densité et une couleur intéressantes. Le petit bruit de leur impact en surface rameute les poissons de loin. Leur poids permet de les lancer loin ou de pêcher bien à fond même si la profondeur est importante. Avec l’asticot, mes cibles favorites sont les gardons, en eaux calmes, et les chevesnes en rivière. L’attraction que cette larve exerce sur tous les poissons peut être un inconvénient quand des ablettes ou des gardonneaux envahissent votre coup car les asticots vont traverser assez lentement la couche d’eau. Dans ces cas-là, privilégier des esches plus denses, des casters par exemple.
Les graines
Odorant, lourd, facile à propulser à distance, provoquant un bruit caractéristique, on peut utiliser le chènevis dans tous types de plans d’eau. Assez nourrissant, on peut en réaliser une pêche exclusive. Je l’emploie en présence de gros gardons qui en raffolent, mais aussi de chevesnes, en combinaison avec les casters de densité très proche. La carpe aime aussi cette association. J’utilise le blé de la même façon mais plus rarement. Je lui préfère le maïs, hyper-attractif en raison de sa saveur sucrée et de sa couleur. Plus lourd, moins digeste et plus sélectif, je le réserve aux gros poissons (gardon, tanche, carpe). Le maïs n’est pourtant pas une graine facile à distribuer à la fronde. Il se propulse assez mal malgré son poids en raison du manque d’uniformité des grains en conserve. J’ai trouvé la parade en ne jetant que 4 à 5 grains à la fois, essentiellement à l’anglaise et en présence de gros poissons quand une précision approximative ne nuit pas.
Les pellets
Inertes et de taille régulière, coulant très vite, laissant le choix du diamètre et de l’arôme, les granulés sont idéaux pour l’agrainage, à quelques encablures du bord comme à 40 m ! Ils peuvent intéresser de nombreuses espèces mais sont intimement liés à la pêche de la carpe, toutes techniques confondues. De 2 à 6 mm, je m’en sers à la grande canne ou en bordure, les 8 et 10 mm étant parfaits pour le moulinet (pellet waggler, method feeder). Gérer les quantités distribuées, n’être ni trop timide ni trop généreux, est la plus grosse difficulté. Mieux vaut y aller crescendo, débuter par un agrainage léger (4 ou 5 unités) et intensifier au besoin, au gré de la réponse des poissons.
Le rythme
Il peut arriver d’avoir à fronder des poches pleines en présence de nombreux poissons en appétit, comme de réussir des pêches fantastiques en ne distribuant que trois asticots à la fois. Le rythme aussi est fondamental. Un agrainage léger toutes les 2 ou 3 minutes m’a toujours réussi. Dans l’eau, les asticots disparaissent assez vite, y compris ceux qui ne sont pas dévorés. Il n’en est pas de même avec les graines et les pellets, aussi soyez prudents et très attentifs si vous ne voulez pas gaver tout ce petit monde. La fréquence des touches est l’indicateur qui compte. Qu’elles se déclenchent rapidement après l’agrainage et vous pouvez sans crainte forcer l’allure.
Paré au décollage
L’agrainage n’est pas sans incidence sur le comportement des poissons qui, souvent, décollent ou se décalent par rapport à l’impact des appâts s’il y a du courant ou du vent. Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus en allant prospecter ces couches d’eau supérieures ou aller voir sur le fond mais très loin en aval, et ce en toute saison. Concernant les lignes, il faut prévoir des montages adaptés, permettant de capturer ces poissons qui viennent à la rencontre des esches (voir dessin). Parfois, il suffit simplement d’étaler sa plombée pour ralentir la descente de l’esche et provoquer la touche. À la grande canne, j’utilise une longue bannière pour être en harmonie avec ma méthode d’amorçage, qui consiste, je l’ai dit, en un arrosage assez large. Je peux ainsi prospecter entièrement cette zone. Assez logiquement, je place sur l’hameçon une esche identique à celles qui sont distribuées. On peut aussi jouer la carte du contraste, fronder des asticots blancs et pêcher avec un rouge ou un orange, agrainer avec des pellets de 2 mm et en placer un plus gros sur l’hameçon. En fait, le mieux est d’essayer jusqu’à trouver ce qui marche vraiment bien.
Bien installé
Bien s’installer est essentiel. Esches à gauche (pour un droitier) et à hauteur de main, on doit pouvoir se saisir des appâts et les fronder sans quitter le flotteur des yeux. J’utilise un support très pratique dont je peux varier la hauteur. Le nombre de logements me permet de placer plusieurs boîtes garnies d’appâts variés et de les avoir toutes à portée de main. On met sa ligne à l’eau, fronde en main, l’autre se saisit des appâts, charge la poche et on envoie. C’est une gestuelle et une mécanique à prendre mais c’est la base du succès !
Choisir la bonne fronde
Chaque appât nécessite une puissance d’élastique différente pour obtenir un maximum de précision. Mes frondes n’ont en fait de commun que leurs poches, toutes rigides. Elles restent ainsi toujours bien ouvertes, prêtes à être rechargées.
- Distance de 8 à 10 m : Deli Caty (Drennan), Match Pult (Preston Innovations)
- Distance de 10 à 18 m : Match Caty Medium (Drennan), Waggler Range (Drennan)
- Distance de 18 à 25 m : Feeder Pult (Drennan), Incredible Pult (Guru)