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Avec Solène Newstead : vive la rivière !

La championne de France en titre (et championne du monde 2022 par équipe) n’a pas vingt-cinq ans et a pourtant touché à toutes les techniques depuis longtemps déjà. Mais celle que Solène Newstead préfère, et de loin, c’est bien la pêche en rivière. Une technique physique, assez exigeante mais qu’elle maîtrise néanmoins à la perfection, ayant su s’adapter aux contraintes propres aux eaux courantes.

Formée par son père Pascal sur l’immense terrain de jeux qu’est la Somme, son fleuve, ses canaux, étangs et marais, Solène Newstead a grandi au bord de l’eau. Championne de France en titre, elle a même fait de la pêche son métier et partage sa vie avec Romain Foiratier, champion de France lui aussi en 2016. Un couple de champions !

Fiche d'identité

  • Nom : Newstead
  • Prénom : Solène
  • Âge : 24 ans
  • Résidence : Abbeville (80)
  • Profession : détaillant

Un amorçage massif et précis au départ permet d’installer les poissons dans la même coulée. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

D'abord l'amorce

Grande canne, anglaise, Solène est une touche-à-tout reconnue pour sa dextérité et sa ténacité. Malgré son petit gabarit, elle manie parfaitement la grande canne et son excellente tenue de ligne en rivière est bien le signe d’une pratique assidue. Nous sommes allés vérifier tout cela en sa compagnie. La première chose qui préoccupe Solène, quand elle arrive au bord de l’eau, c’est préparer son amorce. « En rivière ou en fleuve, il faut une bonne quantité d’une amorce lourde et collante, m’indique-t-elle. Cela nécessite un temps de repos important afin que toutes les particules soient imbibées. »

Solène complète son rappel par un agrainage mesuré mais régulier destiné à faire remonter des poissons de plus loin vers le coup amorcé. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Petites mains

Solène fait confiance aux amorces prêtes à l’emploi qu’elle mélange entre elles et dans lesquelles elle incorpore une bonne dose d’une terre lourde (voir encadré). Elle me fait remarquer qu’ayant de petites mains, elle ne veut pas passer des heures à serrer les boules d’amorces. Pour gagner du temps, avec un mélange bien lourd et bien collant, elle s’assure que, truffées d’esches, les boules vont gagner le fond très rapidement et tenir dans la durée.

Son amorce

  • 2kg de Wonder Bronze (Champion Feed)
  • 2kg de Gros Gardon (Champion Feed)
  • Un kilo de fiente fraîche ébouillantée
  • Un kilo de terre de rivière

Solène ne cache pas une nette préférence pour les esches rouges
Crédit photo : Olivier Wimmer

Un rappel régulier

La taille des boules d’amorce de départ et de rappel de Solène ne trompe pas mais elles produisent l’effet escompté à coup sûr: elles cognent joliment et très précisément la surface. Pour garder les poissons sur un coup subissant un bon courant et le passage des bateaux, elle va devoir relancer une boule d’amorce de la taille d’un petit œuf tous les quatre à cinq coulées. Tandis que l’amorce gonfle, donc, vient le temps de l’installation. Celle de notre championne a été pensée et repensée pour pêcher confortablement, en toute sécurité, et optimiser tous les gestes car la pêche en rivière est tout sauf statique.

Par sécurité et pour régler son geste, Solène lance d’abord une boule d’amorce dépourvue d’esches au cas où elle raterait sa cible. Les suivantes en revanche, sont largement garnies. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Bien installée

Solène consacre donc de longues minutes à la mise en œuvre d’un espace fonctionnel, accessible et sûr. Elle dispose sa station de manière stable. Elle doit pouvoir se lever sans risque car, debout, elle amorce beaucoup plus précisément à bonne distance grâce à un geste plus ample. Solène dispose plusieurs dessertes latérales pour y entreposer bacs à amorces et à esches, petits accessoires, dégorgeoir, sonde, pince, boîte à bas de ligne, etc.

Entre emboîtements et déboîtements de la canne permanents, rappels et agrainage, réguliers, la rivière impose une rythmique réglée au millimètre.
Crédit photo : Olivier Wimmer

La barre d'amorçage

Elle installe également deux supports de canne différents. Un repose-canne latéral classique, à deux crochets inversés, où installer la grande canne pour l’amorçage initial, et une barre d’amorçage qui va servir tout au long de la pêche. « Beaucoup de pêcheurs se passent de cette barre d’amorçage, s’amuse Solène. Ils pensent que c’est un gadget mais moi, j’estime que c’est vraiment indispensable ! »

Les plaquettes de la Somme avaient bien rendez-vous avec Solène Newstead ce jour-là
Crédit photo : Olivier Wimmer

La barre d’amorçage de Solène est lisse sur une tranche et crantée sur l’autre. En fonction de la pêche, elle utilise l’une ou l’autre. Canne entre les jambes, mains sur le talon, elle est prête à ferrer à tout moment, mais soulagée du poids de la canne. Le côté lisse permet d’accompagner la ligne dans la coulée, le côté cranté soulageant totalement Solène lorsqu’il s’agit de l’immobiliser dans le courant et de la faire progresser pas à pas si besoin, une option qui est très efficace avec un flotteur plat. Au niveau des appâts, si Solène en dispose de différentes couleurs, elle ne jure quasiment que par le rouge. Asticots, pinkies, et vers de vase évidemment, sont du vermillon rutilant qu’elle apprécie. Le ver de vase est une esche qui se trouve naturellement dans les cours d’eau et pas une espèce n’y résiste. Néanmoins, c’est un appât fragile et plus encore lorsqu’on utilise des hameçons forts de fer, indispensables quand on sait la présence de beaux poissons. La pêche en rivière contraint à multiplier les coulées, des coulées pas toujours propres car les fonds peuvent être encombrés, parsemés de brindilles, de roches etc. Pour remplacer le ver de vase ou en combinaison, Solène est une adepte de l’asticot rubis. Il s’agit en fait d’une larve plus grosse que le classique asticot, le fameux gozzer. Plus ferme, sa résistance est exceptionnelle et le colorant rouge employé pour le colorer à cœur lui confère une teinte incomparable à laquelle les poissons ne résistent pas non plus.

L’élastique très visible permet d’anticiper les rushes du poisson. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

L'humeur des poissons

En général, après l’amorçage lourd initial, les petits poissons, moins méfiants, rappliquent assez rapidement. Les plus jolis mettent un peu plus de temps. Cette donnée contraint Solène à prévoir plusieurs montages de lignes, équipés de flotteurs de poids et de formes différentes. En rivière, la forme boule donne un flotteur très stable, facile à guider dans le courant. Il suffit ensuite d’aguicher en pratiquant des retenues plus ou moins prononcées pour permettre aux poissons de se saisir de l’esche. Solène utilise deux flotteurs d’apparence identique mais dont la matière et le diamètre de l’antenne diffèrent (voir montages).

Le choix du flotteur

Elle choisit une antenne en fibre de verre, la plus sensible, pour pêcher au ver de vase et bien visualiser les touches des plus petits poissons. L’antenne plastique permet, elle, de pêcher avec des panachés asticotsvers de vase ou asticot seul et résiste un peu plus à la touche. Quand cette dernière s’enfonce, Solène sait que c’est un joli poisson qui est au bout! Pour bloquer sa ligne plus fortement, tout en gardant la possibilité de pratiquer une pêche à laisser-passer, Solène recourt plutôt à un type de flotteur hybride, à mi-chemin entre plat et boule, un Cralusso Bubble (Tubertini) avec quille et antenne désaxées. « Maîtriser la pêche en rivière avec ce flotteur demande un peu de pratique, admet-elle. Mais sa polyvalence est un réel atout. »

On ne devient pas championne de France par hasard. Solène sait s’appuyer sur une organisation exemplaire. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Bien voir l'élastique

On sait que le latex qui entre dans la composition des élastiques intérieurs est teinté avant bobinage. Si les coloris diffèrent selon les fabricants, ils sont tous de couleur plutôt vive. On pourrait croire à de simples effets de mode mais ces couleurs fluo parfois criardes ont en fait une réelle justification. « J’apprécie le jaune fluo pour mes élastiques, précise Solène. Je peux ainsi suivre la direction que prend le poisson au fond de l’eau.» Il est également important de se rendre vite compte du gabarit du poisson et, pour ça, bien repérer la longueur de caoutchouc sortie du scion est intéressant. Ce serait en effet beaucoup plus difficile avec un élastique foncé ou de couleur mate, indiscernable dans le décor.

Réputée exigeante physiquement, la pêche en rivière n’effraie pas cette jeune championne.
Crédit photo : Olivier Wimmer

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Magazine n°928 - Septembre 2022

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