1. Définir ses besoins
Il faut aller à l’essentiel, selon les coins de pêche que vous fréquentez le plus souvent. Je me borne, par exemple, à des formes de flotteurs polyvalentes, pas plus de quatre, avec simplement quelques nuances par famille (nature et couleur de l’antenne). Je ne m’encombre pas davantage de plusieurs longueurs différentes. Mes lignes mesurent 4,50 m pour les flotteurs de 0,10 à 0,40 g, et 6 m pour les plus lourdes. Je les raccourcis si besoin au bord de l’eau. Il n’y a que si je sais d’avance que je dois pêcher un plan d’eau très profond que je vais préparer des lignes spécifiques. Mes flotteurs vont de 0,10 à… 50 g, pour les plus gros plats, ce qui me permet de taquiner aussi bien l’ablette que la grosse brème en fleuve puissant.
2. Nylon, gaines et plombs
Pour la fiabilité des montages, le nylon étant énormément sollicité, ne le prévoyez pas trop fin car les faibles diamètres souffrent rapidement des déplacements du flotteur, des plombs et du contact avec des éléments abrasifs (végétation, accessoires divers, etc.) Pour ma part, je ne descends pas au-dessous du 10/100 et grimpe en fonction du poids du flotteur (10/100 de 0,10 à 0,80 g, 12/100 de 1 à 2 g, 14/100 au-delà). Les gaines silicone, reliant le flotteur au corps de ligne, doivent être souples pour s’enfiler sans mal et solides mais jamais trop fermes au risque d’échauffer le nylon. Je place toujours trois tronçons de gaine sur une quille, le dernier dépassant d’un centimètre. Je ne suis pas fan des plombs mous, préférant les durs ou semi-durs sur lesquels je maîtrise la pression et qui restent bien ronds. Un second coup de pince sur la fente permet de les faire coulisser en cours de pêche. Le nylon ne souffre pas et je peux conserver mes montages sans risque de casse. Un alignement fente sur fente m’assure de belles plombées assez rigides grâce à la dizaine de plombs que je monte systématiquement sur mes lignes.
3. Les bons outils
J’insiste sur la qualité des pinces. J’en utilise deux : une pour les plombs ronds n°12 à 5 et une seconde, plus puissante, pour les gros modèles jusqu’aux chevrotines destinées aux flotteurs anglais. C’est un achat sur lequel il ne faut pas économiser. J’utilise les mêmes outils depuis plusieurs années. Au passage, après les avoir fait glisser, pensez à éliminer systématiquement la portion de nylon sur laquelle ont été pincés les plombs. Il faut aussi disposer d’une bonne paire de ciseaux, fins et coupants. Enfin, un loop tyer permet de façonner des boucles parfaites, solides et de la taille idéale en un clin d’œil.
4. Bien voir
Monter une bonne ligne exige beaucoup de minutie. Un brin de nylon endommagé, une gaine blessée ou une quille de flotteur saillante ne se remarquent pas toujours au premier coup d’œil… et encore moins lorsque l’on ne dispose pas d’une bonne vue, ce qui est mon cas. La lumière des soirées ou des longues journées d’hiver souvent consacrées aux montages est rarement idéale. J’ai investi dans une lampe de bureau additionnée d’une forte loupe. Cet accessoire permet d’optimiser le bon choix des plombs, leur centrage, et donc de maîtriser leur alignement.
5. L’équilibrage parfait
L’équilibrage du flotteur à domicile ne permet pas d’obtenir tout à fait le même résultat qu’en milieu naturel. Pour s’en rapprocher le plus possible, il est important d’utiliser un récipient suffisamment profond et aussi large que possible. J’utilise une très grosse éprouvette profonde qui me permet de peaufiner au maximum. Pour ajuster parfaitement la finition, je me sers de petits plombs cylindriques et carrés, positionnés juste au-dessus de la plombée principale. Au bord de l’eau, si l’antenne vient à couler, je retire d’un coup de pince un ou plusieurs de ces petits plombs d’ajustement. Une sécurité qui évite de devoir procéder à de longues minutes de réglage pendant la partie de pêche.
6. Des plioirs adaptés
Longueur et largeur du plioir sur lequel est enroulée la ligne doivent être adaptées en fonction du flotteur. Utiliser un plioir trop court ou trop étroit, c’est risquer d’endommager son corps (la mousse et le balsa sont fragiles), la quille (surtout les fines quilles métalliques) ou l’antenne qui peuvent se tordre et ne jamais retrouver leur forme initiale. Ne négligez pas cette donnée : la quille et l’antenne d’un flotteur doivent être impeccablement droites et alignées pour garantir une présentation parfaite de la ligne. Car tout ce qui survient en surface, avec ce flotteur qui est notre guide tout autant que notre indicateur, va forcément se répercuter jusqu’à l’esche.
7. Un rangement cohérent
On néglige parfois les vibrations générées par les longs transports en voiture. Il faut donc que tous ces plioirs soient parfaitement bien calés dans leur tiroir pour éviter tout entrechoquement entre flotteurs ou tout contact avec les plombs. Dans la mesure du possible, je vous conseille de ranger vos montages de manière cohérente. Un casier pour les lignes à petits poissons, pour le canal-étang, pour la rivière, par exemple. Vous gagnerez ainsi du temps et, en fonction de vos sorties, vous pourrez même laisser à la maison celles dont vous savez qu’elles ne vous serviront pas. Cela évite qu’en cas de mauvais temps, vos casiers soient exposés inutilement à d’éventuelles intempéries.
8. Le repérage des lignes
Certains notent longueur et diamètre de nylon sur le côté du plioir. C’est pour moi inutile puisque mes lignes ne sont disponibles qu’en deux longueurs et que leur diamètre est en fait calqué sur la taille du flotteur. Il m’arrive néanmoins de noter sur une étiquette les données d’un montage atypique. Le grand champion Stéphane Pottelet utilise lui des plioirs de dimensions identiques mais de couleurs différentes, en fonction de leur longueur. Concernant le diamètre du nylon, il est noté sur une étiquette. Hervé Bieber, ancien pêcheur de l’équipe de France, se base sur ses gaines silicone pour s’y retrouver. C’est leur couleur qui indique en effet le diamètre du nylon, leur longueur étant toujours identique. En fait, peu importe votre système, il doit toujours vous permettre de savoir exactement ce que vous utilisez.
9. Sus à l’humidité
C’est une règle d’or à respecter absolument : lorsqu’un montage ne sert pas, l’eau sous toutes ses formes est sa pire ennemie. Comme je ne renouvelle pas mes montages chaque année, je dois m’efforcer de les conserver en parfait état le plus longtemps possible. Au bord de l’eau, je protège toujours mes casiers de lignes dans un grand sac étanche. De retour à la maison, je sèche systématiquement les montages utilisés et les casiers qui ont pu se trouver en contact avec la pluie. Sans cette précaution, les plombs s’oxydent très rapidement et finissent par endommager le nylon. Ils blanchissent et le phénomène est contagieux. J’ai déjà eu la désagréable surprise d’ouvrir un casier de lignes où tous les plombs avaient blanchi. Toutes ces lignes étaient à refaire…
10. Un check-up régulier
Pour m’y retrouver, je range les lignes ayant servi dans un sens et les neuves dans l’autre. Mais une bonne révision est toujours utile. Le nylon a pu vriller, une ligne recoupée ne correspond plus à mes repères, les plombs sont desserrés, les boucles ont souffert, etc. Ce check-up concerne aussi la tension du nylon, qui ne doit pas être trop forte, sur les plioirs. Après une sortie, dans la précipitation, on peut devenir négligent. Aussi, de retour à la maison, mieux vaut éliminer sans regret tout montage suspect et le refaire. Certains adorent monter des lignes, moi pas ! Si j’en monte certaines en 3, 4 voire 5 exemplaires, c’est parce que je veux être certain d’en retrouver une identique en cas d’emmêlement ou de casse.