1. Je dois obligatoirement pêcher avec ce que j’amorce
Ce stéréotype est certainement le plus répandu chez les pêcheurs de carpe. Il parait en effet logique de piéger un poisson avec le même appât qu’on lui propose en tant que « nourriture gratuite » mais cela n’est pas une obligation en soi. Prenons un exemple concret, en tant qu’être humain, on vous donne le choix entre un met « classique », répandu voire même banal et une bouchée parfaitement travaillée et finement aromatisée, vers quoi vous dirigez vous instinctivement ? Et bien le raisonnement est exactement le même chez la carpe. L’idée est de proposer quelque chose de plus attrayant (sur le point de vue de l’instantanéité) afin d’inciter le poisson à se diriger directement dessus. Attention, je ne dis pas que le fait d’escher les mêmes appâts que ceux avec lesquels on amorce n’est pas efficace, bien au contraire et notamment sur le long terme, seulement je pense que cela peut, particulièrement sur le court ou moyen terme, ralentir les touches. Dans ce sens, n’hésitez pas à varier vos présentations et penser à l’expression « mettre la cerise sur le gâteau », c’est tout à fait ça !
2. En terme d’appâts, je ne dois pas donner trop de choix aux poissons
Bien trop de personnes pensent qu’en donnant du choix aux poissons, on réduit ses chances de capture. Je pense totalement l’inverse car lorsque je pêche, je cherche avant tout à cibler un panel de poisson le plus étendu possible. Certains poissons préfèrent les esches végétales, d’autres préfèrent les bouillettes… C’est de là qu’est née la « théorie du buffet » que l’on a pu observer dans plusieurs vidéos subaquatiques. Le fait d’ajouter un complément aux bouillettes incite les poissons à mettre le nez dans les appâts et même si certains poissons seront focalisés sur un type d’appât en particulier, vous augmentez considérablement la probabilité de touche. Ce que je conseille dans ce sens, bien évidemment si les poissons blancs ne sont pas trop présents, c’est de réaliser un amorçage complet composé de bouillettes et d’esches végétales. La combinaison bouillettes, maïs doux, tiger nuts et chènevis est redoutable !
3. Les carpes se nourrissent uniquement sur fond dur
A mes yeux, c’est certainement le préjugé qui a le plus d’incidence directe sur les résultats. Je l’ai observé au bord de l’eau à de nombreuses reprises, pour énormément de pêcheurs c’est devenu un réel automatisme ! Le processus est toujours le même, la phase de sondage est bien respectée mais le réflexe est machinal : dès que le blank se met à vibrer en présence de cailloux, le flotteur remonte et la pêche se fait à cet endroit. Dans bien des cas c’est un bon point de départ mais on en arrive à un point où les autres substrats tels que l’argile ou encore la vase sont totalement délaissés (et pourtant si prenants !). Il faut clairement se faire à l’idée que les carpes ne se nourrissent pas seulement sur les fonds durs et pour cause, je ne vous cacherai pas que pour ma part, mes plus belles pêches ont été réalisées en pêchant sur la vase ! L’explication est plutôt assez logique, déjà je suis persuadé que les zones dures sont les zones les plus ciblées par les pêcheurs, par conséquent les poissons, à la longue, finissent par les délaisser de plus en plus. De même, une grande partie de la nourriture naturelle se développe dans la vase, c’est un véritable garde-manger, pour les poissons, qui ne demandent qu’à être exploité. Pour ce faire, rien de bien compliqué, il suffit d’adapter un minimum les montages pour obtenir un ensemble parfaitement opérant sur ce type de substrat.
4. Les carpes suivent toujours le vent
C’est indéniable, le vent à une incidence énorme sur la pêche quel que soit le type d’eau pratiqué. Attention cependant car dire que les poissons suivent toujours le vent est une grosse erreur. Il y a plusieurs éléments qui influent sur ce paramètre, notamment la saisonnalité. L’analyse et la connaissance du comportement du poisson sur la pièce d’eau abordée est primordiale pour maitriser cet aspect qui n’est pas à prendre à la légère certes, mais c’est également un des éléments les plus complexes à décrypter. J’applique une règle simple que je peaufine en fonction de la période de l’année. En période froide, j’évite systématiquement les zones brassées par le vent froid et privilégie toujours les zones à l’abri. A l’inverse, lorsque l’eau est tempérée et que le taux d’oxygène dissous est très faible, je commence toujours ma pêche sur les zones où les couches d’eaux sont bien brassées.
5. Une approche à la graine est synonyme de petits poissons
L’adaptation est un facteur très important dans le domaine de la pêche et bien souvent chaque type d’eau à ses spécificités. Il apparait clairement que les particules ne permettent pas de « sélectionner » les poissons car elles peuvent être consommées par toutes les espèces. Cependant, sur certaines eaux, la pression de pêche a conduit les poissons à s’orienter presque exclusivement sur des particules de très petites tailles afin d’éviter tous les appâts plus « conventionnels » et standards. J’ai un exemple simple sur un plan d’eau de ma région, les poissons ont tellement été habitué aux petites graines qu’il est devenu très difficile de les piéger à la bouillette, leur régime alimentaire est totalement focalisé sur des petites particules et il n’est pas rare de prendre des très gros poissons avec une toute petite noix tigrée par exemple. La graine ne permet pas de sélectionner certes, mais les gros poissons en raffolent…
6. Matériau rigide et fond mou sont totalement incompatibles
Dans certains cas, cette situation est vraie mais il existe un moyen très simple pour pouvoir utiliser un bas de ligne rigide sur un substrat mou. Il suffit d’utiliser un système de plombée adéquat pour pouvoir assurer une bonne présentation de la partie terminale. En ce sens, le montage hélicoptère est idéal. En fonction de la fermeté du substrat, il suffit d’ajuster les perles supérieures de l’anti angle afin de permettre au bas de ligne de coulisser librement sur le leader. Le phénomène est très simple à comprendre, le plomb en fin de montage va venir s’enterrer dans le substrat laissant le reste du montage parfaitement présenté pour le poisson. A noter que j’utilise généralement un bas de ligne assez court dans ces conditions pour éviter qu’une brindille ou autre débris sur le fond surélève ma partie terminale très rigide.
7. J’ai besoin d’une grosse plombée pour assurer l’auto-ferrage
Je n’ai jamais été un grand utilisateur de plombée importante. Pour moi, durant le combat c’est une contrainte significative et je n’aime pas perdre mon plomb si cela n’est pas clairement imposé par la situation de pêche. J’utilise de gros plombs uniquement quand la situation de pêche et notamment la distance de lancer l’impose. Il n’est pas rare que j’utilise des plombées de moins de soixante grammes dans mes pêches, il y a à mon sens un point déterminant pour assurer un bon piquage du poisson et cela quelques soit le grammage de la plombée utilisée : c’est le piquant de l’hameçon. C’est sans aucun doute le point auquel j’attache le plus d’importance dans ma pêche. A vrai dire, je ne place jamais un montage si je ne suis pas persuadé que mon hameçon est ultra affûté. En respectant cette règle déterminante, je me suis aperçu que même en pêchant avec des plombées très légères, les poissons étaient parfaitement bien piqués. Du coup, si la situation de pêche le permet, je laisse les grosses plombées dans mes sacs, je me détache de leurs contraintes intrinsèques lors du combat et je ne perds pas plus de poisson, bien au contraire !
8. Les pop-ups sont réservées aux approches opportunistes
Il est vraiment dommage d’utiliser les pop-ups uniquement sur des zones que l’on souhaite uniquement « prospecter » ou pour escher une canne comme beaucoup la qualifie de « tête chercheuse ». Les appâts flottants offrent une multitude de possibilités en termes de présentations et ils m’ont permis dans bien des situations de réaliser de superbes pêches sur un tapis d’appâts. Il suffit de s’intéresser d’un peu plus près au montage « hinged stiff rig » ou encore au plus récent « spinner rig » très en vogue en ce moment, notamment outre-manche. Les théories visant à expliquer le pourquoi de l’efficacité de ces montages sont nombreuses mais une chose est sûre, ils permettent également de présenter des appâts flottants sur un tapis d’appâts et ils sont à l’origine de nombreuses captures de poissons records !
9. Je dois systématiquement amorcer ma zone après chaque touche
Amorcer après une touche a pour fonction de maintenir les poissons sur la zone de pêche. Cependant faire du bruit sur la zone de pêche après une touche peut également contribuer à la fuite des potentiels autres poissons qui se trouvent sur le coup au même moment ! J’aime donner à la pêche cette espèce d’image qui va dans le sens de la réflexion stratégique car je suis persuadé que tout ce que l’on fait au bord de l’eau, même des actions qui paraissent anodines, peuvent influer grandement sur les résultats. C’est un peu ce qui caractérise un bon pêcheur, savoir entreprendre les bonnes actions au bon moment et c’est sans aucun doute ce qui peut transformer une session avec un ou deux poissons à la clé en une session avec huit ou neuf poissons qui finissent au sec. Prenez le temps de réfléchir avant d’agir, ne réagissez pas sur le coup de la précipitation et posez-vous les bonnes questions avant de perturber la zone de pêche. Une chose qui est pour moi systématique, je ne réamorce jamais aux premières lueurs du jour ou à l’inverse sur le « coup du soir » car ce sont les horaires les plus propices pour enregistrer des départs, j’essaie de tirer parti au maximum de ces périodes d’alimentation parfois très courtes pour ensuite entretenir mon spot, même en pleine nuit !
10. Les carpes se nourrissent uniquement à proximité du fond
Par définition la carpe est un poisson de fond, on ne peut le nier. Cependant il ne faut pas s’arrêter sur le fait que, comme beaucoup le pensent, « les carpes ne s’alimentent uniquement sur ou à proximité du fond ». Cette affirmation est totalement fausse et il est relativement facile de s’en rendre compte. Souvent (en fonction de la période de l’année), les carpes aiment évoluer au niveau des couches d’eaux supérieures. La raison principale est souvent très simple, on y trouve ce que l’on appelle la thermocline qui par définition constitue une zone de confort thermique pour les poissons. On le dit bien continuellement dans le domaine, pour prendre des poissons, il faut pêcher où ils se trouvent ! C’est de cette théorie que découle aujourd’hui la pratique du « Zig-rig » qui consiste à présenter un appât fortement décollé du fond. Pour se rendre compte de ce stratagème c’est très simple, prenons l’exemple d’un plan d’eau d’une vingtaine d’hectares avec une moyenne de 4 mètres de fond, le volume d’eau est tout simplement énorme et permet aux poissons d’évoluer dans un milieu bien plus complexe qu’on ne le pense et honnêtement, quand je vois les résultats qu’obtiennent certains pêcheurs en compétition en utilisant le « Zig-rig », je me dis qu’il serait vraiment dommage de tronquer sa vision de la pêche !