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Zones hostiles en grands lacs

Il est 2 h 30 du matin, à très longue distance, je viens de capturer un big fish au milieu d’un enfer formé par les souches et les enrochements.

Tout semble immobile à l’exception de mon pneumatique camou que je dirige vers la zone en question. La brume s’est installée depuis plusieurs heures, la visibilité est quasi-nulle et je dois maintenant m’orienter au GPS. À plus de 300 m de la berge, mon regard est verrouillé sur le boîtier qui indique une arrivée imminente sur le point. Immédiatement, je stabilise l’embarcation et sans utiliser la lampe frontale, je descends mon montage dans les abysses. Je sens le plomb glisser de plusieurs mètres entre les blocs rocheux saillants. Je dois m’y reprendre à plusieurs reprises pour positionner le montage convenablement. Le hot spot est évident, mais ici, pour espérer concrétiser un run, c’est la technique qui fait la différence.

Le plan

En grand lac, les obstacles représentent des zones de vie indispensables à la biologie du poisson. Que ce soit pour y trouver confort, nourriture ou sécurité les carpes fréquentent inévitablement ces points, et bien souvent, notamment quand la météo est au beau fixe, les carpes ont du mal à sortir de ces secteurs. Déposer un montage inadapté dans ces configurations subaquatiques hostiles n’est pas sans conséquences pour le poisson. Imaginez ce qu’il peut se passer pour une carpe après la rupture du corps de ligne... Pour pêcher de tels spots dans le respect du poisson, on rencontre systématiquement une problématique. A travers ce papier, je vous propose de partager mon expérience sur un système no kill adapté à ces situations.

Tout a commencé au lac de Saint-Cassien dans les années 2000, alors que je faisais mes premiers pas sur une flotte où l’erreur se paie cash. A l’image de bien d’autres grands lacs, le mythique barrage Varois est bien encaissé sur certains secteurs précis. Les profondeurs intéressantes regorgent de souches et enrochements, dangereux pour les lignes. En fonction des secteurs bien sûr, quand j’avais la chance d’avoir une touche, le corps de ligne plaqué au fond ne mettait pas longtemps avant de ramasser plusieurs pierres ou une racine. La conclusion était un tankage bien complexe et irrattrapable. Face à ce problème, je préférais éloigner mes montages du danger ou pêcher sur des secteurs plus propres, mais comme vous pouvez vous en douter, les résultats n’étaient plus au rendez-vous. Sur les conseils d’un pêcheur allemand bien connu sur place, j’essayais d’incorporer un flotteur sur ma tête de ligne. Dix ans plus tard, je considère cette option comme la base de la pêche des obstacles de fond en grand lac, à condition d’utiliser les bons matériaux et la bonne solution.

Safe en cas de casse

Restons terre à terre. Lorsque l’on s’aventure en zones encombrées, le système magique n’existe pas. Et même en pratiquant proprement, les risques de tankage et de casse de la ligne sont présents. C’est pourquoi, utiliser des montages sécurisants pour le poissons doit être une priorité.

Personnellement, j’utilise de façon systématique des montages coulissants où le plomb n’est pas totalement bloqué. En cas de casse, le lest coulissera sur la ligne et ne restera en aucun cas suspendu à la bouche du poisson. Concernant le type de plombée, paradoxalement, je préfère le système in line. Les clips plombs à éjection sont en vogue, mais dans les souches ou les rochers, c’est bien le corps de ligne qui pose problème et non le plomb ! Et je n’évoque pas les dizaines de kilos de plomb qui finissent au fond des lacs inutilement. Effectivement je préfère rester sur des systèmes in-line à forte inertie qui apportent plus d’agressivité en action de pêche et plus de stabilité au fond lors des déposes.

Sur ces hot-spots à risques, je n’utilise pas de lead-core ou autres têtes de ligne en tresse. Je fais le choix de monter mon lest sur un leader d’un mètre de type Safety Zone. D’une résistance linéaire plus faible, en cas de blocage, la sécurité pour le poisson sera meilleure. Coté hameçon, il y a également un juste milieu. Au bord de l’eau, ou sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup de pêcheurs dans l’excès. D’un côté comme de l’autre, certains montent du n°6 en conditions d’obstacles quand d’autres pêchent avec des pioches en n°0 renforcé. Là aussi, il y un juste milieu. Si le montage est tanké, l’hameçon doit être suffisamment résistant pour que l’on puisse tenter de débloquer en force. Par exemple, si la tresse passe malheureusement sous une petite racine, on doit pouvoir forcer un peu pour dégager la ligne. Dans ce cas de figure, l’hameçon doit résister à la pression exercée par le poisson d’un côté et par le pêcheur de l’autre. A l’inverse, si le tankage est plus complexe l’hameçon doit se déformer pour libérer le poisson. En utilisant des modèles classiques en n°2 non renforcés, je trouve un bon équilibre entre résistance et sécurité.

Pas de galères

Venons-en maintenant à la pièce maitresse pour déposer dans les obstacles, le flotteur élévateur de ligne. Vous l’aurez compris l’idée est de décoller le corps de ligne du fond afin d’éviter de chopper les souches et autres rochers à la touche. Le principe de base est simple, monter un buldo coulissant sur la tête de ligne. A la touche, il faut éviter absolument toute tension et se rendre en bateau à l’aplomb du poisson avant de commencer le combat.

Pour un bon fonctionnement du système, il y à des règles techniques à respecter.

Le flotteur doit être stabilisé idéalement entre -1m et -2m afin d’éviter d’être soumis aux courants de surface crées par le vent, en particulier pour les pêches à longue distance. Pour cela, il faut adapter la longueur de la tête de ligne et privilégier des modèles ayant une portance raisonnable. Une tête de ligne mesurant au minimum une fois et demi la profondeur, associée avec un Buldo n°4 (40g) est un bon compromis. Généralement pour gagner en rapidité d’action, je monte mes cannes avec des arrachés de 8 mètres en Damyl Tectan 60 centièmes ce qui me permet d’exploiter pas mal de spots, sans avoir à ajuster mon système.

La densité du corps de ligne est très importante. Une tresse flottante pourrait paraitre idéale, mais en réalité, elle ne l’est pas. Effectivement, j’ai eu essayé d’utiliser ce type de matos qui présente le gros inconvénient de créer de la bannière avec les courants et les débris dérivants en surface. Et quand on pêche à plus de 100 mètres, cela devient ingérable. Pour être au top, je me suis équipé avec une tresse légèrement coulante mieux adaptée a cette pratique. Attention tout de même a ne pas choisir des modèles trop denses de type « sub-line » qui annuleraient l’effet du flotteur.

Quand on n’a jamais utilisé ce système, on pourrait à priori penser que l’utilisation d’élévateurs de ligne est plutôt galère et prise de tête en action de pêche, mais avec l’ensemble de ces précisions techniques, on obtient un système vraiment simple, efficace et rapide à déposer.

Atteindre la limite

L’affaire se complique un peu quand il faut déposer à des distances extrêmes, par exemple quand il faut traverser un champ de souches pour atteindre un hot-spot. A plus de 150 mètres, il faudra poser un flotteur relai sur la ligne pour éviter que la bannière finisse au contact des obstacles. Dans cette configuration j’utilise un flotteur de sac de conservation dans lequel j’ai fait une fente pour pouvoir l’enfiler sur la tresse lors de la dépose du montage.

La fente doit être fine pour que le flotteur tienne correctement sur la ligne. Au centre l’espace doit être suffisant pour que le relai coulisse bien lors du combat. Réservé à quelques situations extrêmes, ce système est finalement assez simple à mettre en place, il suffit juste de prévoir quelques flotteurs fendus dans la caisse à bord du pneumatique. ll serait dommage de s’en priver quand chaque poisson vaut son pesant d’or. J’ai utilisé ce système sur Orient pour déposer des montages à méga-distance a travers les souches et les herbiers denses. Même sous des conditions météo pas toujours évidentes, en solo je tendais mes cannes sans problème. Équipé d’un moteur 24 volts, je déposais tranquillement puis à mi-distance je plaçais mon élévateur relai. Malgré les deux flotteurs installés sur la ligne les montages tenaient bon sur le spot, avec du vent et un peu de houle. Dans cette ambiance, pas de place pour des systèmes plus complexes, simplicité et efficacité feront la différence.

Gérer en cas de tankage

Malheureusement quand on se frotte a ces zones d’obstacles dangereuses, même avec le meilleur équipement au fond et la bonne réactivité a chaque touche, le facteur chance a sa place dans l’équation. Il suffit seulement que le poisson se déplace dans la mauvaise direction à proximité d’une souche ou d’un rocher, pour que le corps de ligne passe dessous. Un angle défavorable se créé et conduit à une situation de tankage plus ou moins carabinée. Généralement, la ligne se bloque très peu de temps après la touche, et lorsque l’on arrive sur le spot en bateau, plus rien ne bouge. Dans ces moments, je vois de nombreux pêcheurs perdre leur assurance et tirer fortement avant de rompre la ligne. Ce n’est pas une bonne option. Avant de se résoudre à abandonner, il faut persévérer, essayer absolument de débloquer le montage. Même quand tout parait perdu, il y a des chances que votre cible soit toujours au bout de la ligne. Avant de se résigner il y a quelques trucs à tenter.

Dans un premier temps, lorsque l’on sent le plomb bouger, il faut balancer le lest en dandinant le plus possible, faire des pauses et recommencer. J’ai sauvé des touches en procédant de la sorte, notamment dans les rochers. Récemment j’ai récupéré un big fish en faisant coulisser un plomb le long de la bannière. Ce jour-là, je sentais la ligne frotter sous une racine ou quelque chose du genre, après avoir tenté tout ce que j’avais en stock pour débloquer la situation, j’ai éloigné le bateau du point et j’ai enfilé un Zip de 130g sur la tresse. Soudain, la tresse a commencé à sortir du moulinet et j’étais en direct avec le fish ! Même quand la déception du tankage est là, il faut garder son sang-froid et continuer le combat. Combien de poissons ont été perdus, par un pêcheur qui cale l’affaire trop hâtivement ?

Contrairement à la technique en termes d’approche, la connaissance approfondie du secteur que l’on souhaite exploiter est quelque chose de plus complexe à acquérir. Un montage adapté aux obstacles ne sera jamais la solution s’il est placé au mauvais endroit. Par exemple, si le plomb est déposé trop près, il est certain que la touche sera plus rapide mais les poissons n’iront pas jusqu’au tapis et porteront à jamais les marques de cette erreur. Aquascopes, échosondeurs, apnée, tous les moyens sont bons pour identifier les dangers présents. Ces observations, combinées avec l’expérience de chacun, permettrons d’anticiper et ainsi de placer le piège sur le point le plus sécurisant de la zone tout en restant sur le hot-spot. Au bord de l’eau, c’est à cette démarche respectueuse que l’on reconnaitra les vrais passionnés, réellement préoccupés par la considération du poisson. Sur ces belles lignes, je vous souhaite à tous une excellente saison 2018.

Disponible également sur la visionneuse suivante :

 

 

 

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