J'ai mis en place une stratégie simple, mais néanmoins très efficace, pour passer non pas un maximum de temps au bord de l’eau, mais plutôt y aller moins longtemps mais plus souvent. Je vais préalablement passer en revue le matériel que j’utilise.
Pêcher léger
Le matériel que j’utilise n’a vraiment rien de révolutionnaire. Nul besoin de s’équiper lourdement puisque je le rappelle, je ne passe qu’une heure ou deux au mieux au bord de l’eau. J’utilise une canne de 10 pieds (3 mètres) pour une puissance de 3,5lbs. Peut-être que du bord une canne de 12’ serait mieux adaptée mais l’encombrement d’une canne plus courte me convient mieux. La puissance aussi sera choisie en fonction des conditions de pêche. Ici, une 3,5 Lbs est un bon compromis puisque je bénéficie d’une bonne réserve de puissance pour contrer, du bord, une grosse carpe ou un éventuel silure. Suivant l’endroit que vous choisissez, une 3lbs peut aussi convenir. Le moulinet quant à lui est garni de Nylon de 37/100. J’ai longtemps utilisé de la tresse qui me paraissait plus adaptée en rivière, mais mon choix se porte désormais sur le Nylon. J’expliquerai ce choix dans les prochaines lignes. Comme vous l’avez compris, je ne pêche qu’à une seule canne et donc d’un seul piquet muni d’un détecteur de touches. Évidemment, je n’oublie pas l’épuisette, tapis ou un « craddle » plus protecteur pour la sécurité du poisson. Un seau rempli de quelques bouillettes et une petite boîte dans laquelle je peux mettre un peu de matériel en cas de casse.
Trouver l'endroit idéal
Quand on a la chance d’habiter à proximité d’un cours d’eau (ce qui est mon cas puisque je suis seulement à quelques minutes des berges de la Vienne) je peux m’y rendre très souvent, sans pour autant se ruiner en carburant et passer ainsi plus de temps au bord de l’eau que sur la route. C’est la condition à remplir pour pratiquer cette pêche. De plus cette proximité permet de pratiquer de judicieux repérages et aussi des amorçages avant d’y poser la moindre ligne. Il est illusoire de commencer à pêcher un poste sans y avoir jeté un œil avant et… naturellement, ce serait bête d’oublier, d’y jeter une poignée de bouillettes ou autres appâts. Le repérage est une étape cruciale. Il est souvent plus difficile de mettre une carpe dans les polarisantes, que dans l’épuisette… Gardez toujours à l’esprit que vous allez passer qu’une heure ou deux au bord de l’eau. En rivière, soit on a la chance de trouver une zone de tenue accessible et non squattée, soit il faut chercher des zones de passage. Comme chacun le sait, les carpes aiment longer paisiblement les bordures le soir. C’est lors de ces migrations qu’elles trouvent en partie leur nourriture naturelle et… ce qu’on leur offre. Elles « grattent » les bords des berges, « picorent » les graines tombées des arbres… ou nos bouillettes du ciel. Bref elles cherchent et trouvent ! Et nous sommes au rendez-vous… Toute activité de surface (sauts, « marsouinages », remous, fouilles remous…) doit attirer votre attention de même qu’un amas d’arbres ou même que de branches immergées, ou seulement frôlant la surface. Pour des raisons purement Physico-biologiques, périodes de frais, recherches d’oxygène, de nourriture et tous les tropismes qui règlent son existence…). Les poissons de rivière bougent énormément et peuvent déserter une zone en une nuit suivant l’un de ces tropismes que je viens d’énumérer succinctement. En général, j’amorce au moins deux postes différents. J’anticipe l’éventualité que le poste choisi soit complètement déserté par les carpes et je peux ainsi me rabattre sur le second. Si c’est le cas, ou si les touches diminuent fortement voir complètement, je peux à nouveau pêcher avec des chances intactes. De plus, il est extrêmement rare qu’une portion de rivière soit productive toute l’année, d’où l’importance d’amorcer plusieurs postes parfois totalement différents. En quelque sorte, je devance le poisson… et je pêche !
Pré-amorçage ou pas ?
Même si je conseille de préparer votre coup, cela n’est pas obligatoire. Il m’arrive régulièrement de prendre une carpe sur un « coup du soir » sans y avoir jeté une seule bouillette avant. D’où l’importance du repérage. Pour ma part, j’ai choisi les bouillettes Artisanales HFB 19. Toutes les bouillettes (ou presque) prennent des carpes, mais pour en avoir essayé de toutes sortes et de toutes marques, c’est incontestablement celles qui me donnent les meilleurs résultats. Elles ont un pouvoir de diffusion bien au-delà de la moyenne ce qui les rend extrêmement efficaces sur les pêches ultra rapides. En plus elles sont très digestes vous pouvez les utiliser en ALT sans aucun problème.
Action, réaction...
La pêche dite en “single”, permet d’être tendu en quelques minutes seulement et d’être beaucoup plus discret dans la mise en place. Une canne, c’est déjà une de trop… En multipliant le nombre de cannes, je multiplie le nombre de bannières, le nombre de déplacements, le nombre de “plouf” du plomb à l’impact de l’eau, etc. Ce sera donc une seule canne et c’est l’une des clés de ma réussite et je veux croire de LA réussite ! On connaît tous la difficulté de faire un poisson dans un si bref délai, je ne veux pas prendre le risque d’effrayer le seul peut-être déjà présent ou qui va passer sur mon poste. Pire, effrayer tout un banc par tant de bannières dans et sur l’eau. Pour être le plus efficace possible, j’enfile ma bouillette avant de partir ou même la veille. Je gagne encore en temps et en discrétion, puisque je limite mes mouvements au bord de l’eau. Mieux vaut prendre le temps de préparer loin du poste le piège que vous allez leur tendre.
Parlons un peu montage
En partant du principe qu’une carpe va passer pas loin de ma bouillette, que c’est peut-être la seule fois qu’elle en croise une, j’opte pour des bouillettes de faible diamètre. Je veux inciter la carpe à se saisir de mon esche le plus rapidement possible et que l’hameçon aille loin dans la bouche lors de l’aspiration. Les grosses bouchées sont à proscrire pour les pêches-éclair. Un jour où j’avais repéré quelques carpes sur un secteur, je leur ai présenté plusieurs diamètres de bouillettes. J’ai jeté des bouillettes de 16, 20 et 25 mm de la même gamme. Les bouillettes de 16 ont été consommées en premier, ensuite les 20 mm. Les 25 n’ont pas été touchées. Utiliser des appâts de gros diamètres semble mieux adapté lors d’amorçages d’accoutumances de longues durées. Une carpe sauvage n’a pas du tout la même réaction devant de la nourriture exogène, de taille bien supérieure à ce qu’elle a l’habitude de trouver. J’utilise des bouillettes de 16 mm, le plus souvent en tricheur couplé avec une noix tigrée ou un grain de maïs. Un hameçon de 6 ou 4 est une taille d’hameçon parfaitement adaptée. Le risque de m’exposer aux nombreux indésirables n’est pas un frein bien quelle que soit la taille de l’eschage. Je sais que quand les carpes vont arriver elles ne seront pas insensibles à toute cette émulation, celle des « blancs » et la probabilité pour que ce soit une carpe à la prochaine touche est donc très élevée. La plombée sera choisie en fonction du courant et là c’est à vous de juger selon le cours d’eau pêché. En ce qui me concerne, je pêche une rivière à courant modéré et une plombée comprise entre 100 et 120 grammes suffit largement la plupart du temps. Celle-ci est coulissante et je « lâche un peu de mou » dans ma bannière après avoir lancé ma ligne. Ce montage est très simple, mais redoutable !
Tresse ou nylon ?
Le plus souvent, j’évite les sujets qui fâchent mais je vais prendre le risque… Beaucoup me disent qu’en rivière, il n’y a pas de question à se poser, pour eux c’est la tresse… Eh bien moi je me la suis posée et j’ai pesé le pour et le contre. J’ai choisi de pêcher exclusivement en Nylon et je vais vous expliquer pourquoi. Pour moi, le gros avantage qu’a le Nylon sur la tresse, c’est son élasticité. Lors d’un départ, quand je prends contact avec le poisson, je veux que l’hameçon pénètre « tranquillement » dans ses tissus buccaux. C’est là que l’élasticité du Nylon trouve tout son sens. Une fois l’hameçon piqué, la force du poisson couplée avec l’élasticité du Nylon vont faire rentrer profondément l’hameçon dans la chair, ce qui limite très fortement les risques de décrochage. De plus, pendant le combat, le Nylon me permet d’amortir par son élasticité les coups de tête violents de la carpe. Cela évite encore une fois que le poisson se décroche. Il en est de même, il faut absolument éviter de ferrer. Pour terminer, la tresse à tendance à remonter vers la surface et ainsi se signaler à l’attention de nos timides cyprins, ce qui n’est pas le cas du Nylon qui lui au contraire a tendance à couler ajoutant de la discrétion à notre piège. Vous l’aurez compris pour moi c’est le Nylon…
Invisible Man
La discrétion est, et sera toujours, un des fondamentaux pour prendre des carpes. On a souvent tendance à surestimer l’intelligence des carpes, tout en la sous-estimant par ailleurs ! Une carpe est dotée d’une certaine intelligence, accordons-lui au moins un vif instinct de conservation. C’est une forme de réflexe inscrit dans son code génétique comme sa méfiance est presque légendaire. Elle garde en mémoire tous les stimuli négatifs et positifs qui lui permettent de survivre. Mais à quoi sert le montage le plus discret que l’on puisse imaginer, le plus agressif possible et comme piège la fameuse bouillette « philosophale », capable de prendre des carpes partout et tout le temps, si on est nous-même détectables à des kms ? Et c’est là que l’on sous-estime l’intelligence ou plutôt la méfiance des carpes. Méfiez-vous de leur méfiance…