Si la première génération de carpistes roulait ses bouillettes, ce n’était pas à l’époque pour faire des économies, mais parce que celles prêtes à l’emploi n’existaient tout simplement pas. Depuis, avec le prêt à consommer, la tendance s’est inversée. L’offre créant aussi le besoin, les entreprises qui roulent pour vous ont fleuri. Évidemment, si elles roulent des hanches, ce n’est pas que pour vos beaux yeux, mais pour essayer de gagner un peu d’argent. Désormais, un nombre incalculable de rouleurs cohabite aux côtés des marques historiques pour essayer de se partager le gâteau.
Ce que ça vaut et ce que ça coûte ?
Avant de parler de qualité des bouillettes, il faut bien faire la différence entre la valeur réelle d’un kilo de bouillette et le prix auquel on accepte de le payer, pour ne pas se prendre nous-même à notre propre jeu. Autrement dit, dans un kilo de bouillettes, on achète beaucoup de subjectif, de rêve ! Ça a toujours été comme cela, du moins aussi loin que l’on puisse remonter dans les vieux livres ou revues, depuis l’huile de patte de héron de nos arrière-grands-pères jusqu’aux théories connexes à la bouillette, en particulier celle sur la haute valeur nutritive (HVN). Cela partait d’un bon sentiment, une espèce d’alchimie en quête de la meilleure bouillette possible, sans arrière-pensée mercantile. Le marketing était alors, disons-le, encore balbutiant, d’autant que chacun roulait pour lui-même. Les magazines de l’époque ressemblaient beaucoup à des livres de cuisine. Aujourd’hui, la tendance s’est complètement inversée. On n’achète plus vraiment un paquet de bouillettes pour ce qu’il contient (d’ailleurs, s’en soucie-t-on vraiment ?). Pour faire court, on achète une marque et un parfum.
Le marketing
Il est important de bien comprendre que le marketing a ajouté une plus-value nécessaire pour vendre, mais qui n’a pas toujours grand-chose à voir avec la valeur intrinsèque du produit. Si produire un kilo de billes revient par exemple à 4 euros et que le fabriquant le vend 8 euros au détaillant, qui va vous le revendre 16 (pour que tout le monde en vive), il faut bien que vous consentiez au final à payer 16 euros un truc qui en vaut 4. Les consommateurs peuvent évidemment dire qu’on les prend pour des Américains. D’où ma question : qui les force à acheter les yeux fermés ? Une des deux (bonnes) réponses, c’est le marketing. « Avant », quand on parlait de réclame, de pub, celle traditionnelle bien directe, la star, c’était le produit... La pub est toujours un passage plus ou moins obligé, car pour que le consommateur achète un produit, encore faut-il qu’il sache qu’il existe. Ça passe par de belles photos, en pleine page ou en 4e de couverture. La pub ne nous vend pas du rêve, elle nous vend le produit pour ce qu’il est. Pour autant, les choses évoluent. Aujourd’hui, vous achetez la même bouillette que telle ou telle égérie, le même parfum que Johnny Depp, la même voiture que Leonardo DiCaprio, le même café que se disputent George Clooney et Jean Dujardin… Je suis sûr que vous retrouverez les noms des produits. Bon, on se dit que si c’était vraiment de mauvais produits, ces « stars » ne se disputeraient pas la dernière capsule, comme les influenceurs ne pêcheraient pas avec telle ou telle bouillette (même si on sait tous qu’ils ne les paient pas au prix qu’elles coûtent, voire pas du tout). Bref, on n’achète plus le produit, mais la marque, à travers ceux qui la représentent. C’est un de nos biais sur lequel surfe le marketing, mais il y en a un second, plus « subtil » encore.
Il y a mieux, mais c'est plus cher !
Lorsque pour un repas de famille, vous voulez acheter une « bonne » bouteille de vin ou de champagne, comment faites-vous ? Bien souvent, surtout quand on n’y connaît rien, on se fie au prix… On croit tous que « plus c’est cher et meilleur c’est ». Ce biais part d’un bon sentiment, parce qu’on veut faire plaisir à ses hôtes. On évite ainsi les premiers prix et on se saigne pour marquer le coup (le coût). La pub a évolué et en a joué, je pense que quelques répliques et images vous viennent à l’esprit. « Pas assez cher mon fils », « y’a mieux, mais c’est plus cher », quand on ne s’arrache pas au sens littéral la peau des fesses pour payer sa facture, qu’on ne se rappelle plus du nom du menu (junior), mais que de son petit prix, qu’on offre des steaks hachés ou un jerrican d’essence à un être cher, lui aussi ! Tout ça justement pour nous faire échapper à ce biais du « plus c’est cher, mieux c’est ». Pour nos bouillettes, même idée reçue, il faudrait pêcher avec des bouillettes de qualité, donc chères.
Réglementation et étiquette
Sauf qu’on l’a vu, cher n’est pas un gage de qualité. On achète le paquet, pas ce qu’il contient. Peut-être serait-il justement temps de revenir à la case départ, pas forcément aux théories de la HVN ni à un Nutri-Score ABCDE, juste de s’informer en tant qu’utilisateur de ce qu’on achète et donne à manger aux carpes. Or la réglementation rattache justement les bouillettes (et plus généralement les appâts, amorces…) à de la nutrition animale (règlement européen n°183/2005). Les fabricants doivent donc avoir un numéro d’agrément ou d’enregistrement qui doit figurer sur le paquet, ainsi qu’une information sur la composition claire et détaillée du produit. Des contrôles peuvent être menés par les services de l’État (locaux, matériel, personnel, chaîne de production, stockage, etc.). Grâce à cette transparence, on connaît la composition des bouillettes (évidemment pas la recette exacte) et on peut ainsi commencer à parler de qualité nutritionnelle, même si on ne cherche pas à les nourrir malgré ce que dit la loi, mais bien à les attraper, je sais. Au moins, vous pourrez voir si on vous prend vraiment pour un jambon en vous vendant cher des bouillettes ne contenant que des farines bon marché, même si on peut bien sûr prendre des carpes avec des bouillettes « éco ». Encore faut-il savoir lire une étiquette et avoir quelques bases sur les besoins des carpes.
Besoins nutrionnels des carpes
Les hydrates de carbone (glucides) Les glucides sont rares dans le milieu aquatique. De fait, les poissons ne présentent que peu d’aptitude à leur utilisation métabolique. Les quelques glucides susceptibles de rentrer dans la formulation d’aliments sont des glucides végétaux de structure complexe tels les amidons de céréales (blé, maïs...), de protéagineux (pois...), de tubercules (patates). Ils doivent toutefois avoir subi un traitement hydrothermique préalable pour que leur digestibilité soit améliorée. Ainsi utilisés, les glucides peuvent concourir à l’épargne protéique.
Les protéines On s’arrête souvent (nous autres carpistes) au fait qu’une carpe doit pouvoir disposer dans son alimentation de 30 % de protéines environ. Or ça ne veut surtout pas dire que nos bouillettes doivent contenir impérativement 30 % de protéines, pour au moins trois raisons faciles à comprendre. La première, c’est que la carpe ne vit (généralement) pas dans un aquarium ni dans un bassin où elle ne mangerait QUE nos bouillettes. Ce serait un peu différent en pisciculture ou si on devait faire un amorçage sur le long terme. La deuxième, qui est liée, c’est que la carpe mange bien ce qu’elle trouve et je dirais même plus, ce qu’elle trouve « à son goût ». C’est donc compliqué de vouloir équilibrer son alimentation, voire d’en limiter les carences. La troisième, un peu plus technique, c’est que toutes les protéines ne se valent pas (et je ne parle pas du prix), vu qu’elles ne sont pas digérées ni assimilées de la même façon en fonction des farines. Là où nous, pêcheurs, parlons de « qualité » des farines et des appâts, les scientifiques parlent de coefficient d’utilisation digestive (CUD). Dans les bouillettes éco, on retrouve relativement peu de protéines, vu que les deux principales farines utilisées en contiennent peu (maïs 15%, blé 12%). Ça peut grimper dès qu’il y a du gluten de blé (80%, bien que moins assimilable) ou du soja (40%, voire 80% si c’est de l’isolat). Même en essayant de rester simple, ça devient vite compliqué. Retenons simplement que les protéines animales (farine de poisson essentiellement) sont meilleures que celles végétales (déficitaires en acides aminés) et que l’on peut en améliorer l’équilibre par l’adjonction d’hydrolysats (extraits de protéines de poisson solubles ou de foie, levures...). Les lipides Les lipides sont un meilleur carburant pour la carpe, elles apportent deux fois plus d’énergie que les glucides ou les protéines. Ça ne veut pas dire que la fraction lipidique doit être trop élevée, ce serait même dangereux. Les avis divergent, retenons celui des spécialistes de l’Inrae et de l’Ifremer qui tablent sur 18% max, ce qui correspond grosso modo à la composition de la microfaune aquatique. La carpe doit pouvoir y trouver certains acides gras qu’elle ne peut pas synthétiser, c’est une des raisons pour laquelle les poissons « gras » et/ou leurs huiles (saumon, hareng...), les graines (bird food) et oléagineux (colza, soja…) peuvent entrer dans la composition de nos bouillettes. Voilà pour les essentiels nutritionnels. Comme les « meilleures » farines sont aussi souvent les plus chères, les fabricants jonglent avec les recettes et les cours du marché pour proposer plusieurs gammes de prix.
Les différentes gammes de prix
Les bouillettes « éco » (à partir de 35 €/10 kg, 10 % de protéines).
Les moins chères des bouillettes sont celles exclusivement végétales. Elles contiennent deux ou trois des farines les plus économiques (maïs + blé, mais + blé + soja), des oléagineux et des additifs (arômes, édulcorant -sucre-, conservateurs, colorants…) et souvent beaucoup d’eau ! Elles sont attractives sur le court terme donc conviennent pour des pêches rapides et/ou (compte tenu de leur prix) aux amorçages conséquents sur une courte période.
Les bouillettes « milieu de gamme » (8 €/kg, 20 % de protéines).
Le taux de protéines des bouillettes éco est faible s’il n’est pas rehaussé par l’ajout d’autres farines. On entre alors dans la catégorie des bouillettes végétales typées « bird-food » (chènevis, niger, noix tigrées) ou « carnées » (poisson, calamar…).
Les bouillettes « haut de gamme» (10 €/kg et +, 25 à 30 % de protéines).
La lisibilité devient ensuite assez complexe pour le quidam tant les prix et les apports peuvent varier en fonction de la qualité et la quantité des farines ajoutées, par exemple lorsqu’il s’agit de farines ou d’hydrolysats de poisson, ou de bien d’autres additifs (épices etc).
Qualités d'une bouillette
La qualité d’une bouillette ne se limite pas qu’à ses qualités nutritionnelles. Elle doit permettre de prendre des poissons, plus ou moins vite ! Pour cela, elle doit être « attractive », c’est-à-dire diffuser dans l’eau un certain nombre de messages physico-chimiques que doit pouvoir détecter la carpe et pour autant rester suffisamment longtemps dans l’eau. On entre vite dans le domaine de la chimie, avec d’un côté tout ce qui est soluble dans l’eau, notamment les arômes (ou peut-être plus exactement leur base : éthanol, propylène glycol…), et ce qui ne l’est pas (les huiles, dont les huiles essentielles), sauf à ajouter un émulsifiant. Inutile pour autant de sentir vos bouillettes, demandez-vous plutôt comment les carpes font pour en trouver une au milieu de milliers de mètres cubes d’eau, et quels sont les marqueurs qui les intéressent. Ses quatre barbillons, deux petits à la commissure des lèvres et deux autres plus longs au-dessus de la bouche, lui permettent de rechercher et d’analyser des aliments. Par analogie, ce sont des papilles gustatives. Les deux grands barbillons contiennent près de 8 000 terminaisons nerveuses et les deux petits 3 000. D’autres récepteurs sont situés sur les lèvres, les pores de la tête, ainsi que dans la bouche et le pharynx. Enfin, deux membranes guident l’eau dans les cavités olfactives situées juste au-dessous des yeux. Autant dire qu’elle est équipée ! La carpe baignant constamment dans les substances dissoutes transportées par l’eau peut ainsi en apprécier la sapidité (sucré, salé, acide et amer). Elle pourrait détecter le calcium dissout lors de la mue d’une écrevisse. Elle est sensible aussi aux acides aminés libérés dans l’eau, au sel (180 fois plus que nous), au sucre (500 fois plus), etc. Qu’elles reconnaissent tout cela, c’est une chose, mais ce qui nous intéresse est plutôt de savoir quel produit détient un réel pouvoir attractant. Les scientifiques s’accordent généralement sur les acides aminés (protéines, hydrolysats, poudre de krill, etc.) ou d’autres produits comme la bétaïne (naturellement présente dans les hydrolysats de poisson par exemple). Classiquement et de façon assez lapidaire, on classe et trouve sur le marché des bouillettes dites « instantanées » (plus adaptés en théorie à des pêches rapides) et d’autres qui libèrent ces messages plus durablement dans le temps (24 heures et plus). Autre qualité liée, c’est sa dureté et plus exactement de savoir au bout de combien de temps une bouillette finit par se ramollir, à force de se gorger d’eau, pour céder aux attaques des nuisibles, devenir friable, voire tomber en poussière au fond de l’eau.
Les bons plans
Petits rouleurs ou grosses marques ? Les petits rouleurs sautent généralement un intermédiaire (puisqu’ils vendent en direct), mais paient leurs farines plus chères que les grandes marques qui, d'une part, les achètent au prix de gros et qui, d’autre part, ont des process de production industrialisés, plus « rentables » (en coût de main-d’œuvre). À vous de voir, pas sûr qu’il y ait au final une grosse différence.
Déstockage et vente à prix coûtant Vu que l’inscription d’une date de fabrication est obligatoire sur les paquets, certains produits en stock et autres invendus peuvent faire l’objet de déstockage et même parfois être vendus à prix coûtant. Comme pour les produits de consommation humaine, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils soient impropres à la consommation.
Offres promotionnelles et Salons Sans aller jusqu’au prix coûtant, les magasins font souvent des offres promotionnelles et les bouillettes sont un bon produit d’appel. Profitez des soldes et autres Black Fridays pour (re)faire vos stocks. Même si ce n’est pas votre marque fétiche, vous pourrez « au pire » les mélanger avec, en amorçage, et au mieux vous découvrirez peut-être une nouvelle bille toute aussi bonne ! Dans la même optique, il est possible de faire de bonnes affaires sur les Salons.
Tarifs dégressifs et achat en gros Plus vous achetez, moins c’est cher au kilo. Si vous faites des amorçages massifs, privilégiez une grosse commande à l’année plutôt que plusieurs petites et réfléchissez même à faire un groupement d’achats entre potes pour bénéficier des meilleurs prix de gros. Sachez aussi que certaines marques font des offres comme « 3 paquets de 5 kg d’achetés = 1 offert », que vous pouvez retrouver toute l’année chez vos détaillants. Cela évite de dépenser beaucoup d’un seul coup, tout en bénéficiant de 25 % de remise. Si vous disposez de vraiment peu de trésorerie, ou par choix, vous pouvez vous tourner vers des marques qui margent peu et vendent à prix plancher dès le premier kg.
Faites-vous sponsoriser Dans la majorité des cas, ça revient à acheter (ou vendre) en gros, car finalement ça ne coûte pas grand-chose aux marques d’avoir 10 consultants (ajoutez autant de zéros que vous voulez) s’ils paient leurs bouillettes, même à un prix avantageux. Plus vous ajouterez de zéros, plus ça augmentera la visibilité et la volumétrie de la marque, tout en faisant chuter son prix de gros. C’est donc tout bénef pour la marque, comme pour le pêcheur.
Bonne idée, le bon-cadeau Pour Noël ou votre anniversaire, si vos proches ne savent pas quoi vous offrir, un bon-cadeau à valoir chez votre détaillant peut être une bonne idée. S’ils vous offrent un bon de 50€ par exemple, vous pourrez ainsi avoir 20 kg de bouillettes de qualité en n’en sortant « que » 100 de votre porte-monnaie (2 achetés + 1 bon d’achat + 1 offert), soit 5€/kg ! CQFD.
Mettre la main à la pâte Si aucun de ces plans consuméristes ne vous sied, il reste encore la solution de rouler vos propres bouillettes, en théorie la moins coûteuse. En théorie, parce que quand on fait ses calculs, on paie plus cher les farines au détail et on ne compte généralement ni son gaz, ni son électricité, ni l’amortissement du matériel et encore moins le temps passé. En revanche, ça peut occuper les longues soirées d’hiver et procurer le plaisir retrouvé de pêcher avec ses propres appâts.
Interview : Bertrand Garima, concepteur de la gamme Carp Elementis
Bonjour Bertrand, toi qui roules depuis longtemps tes propres appâts et qui est à l’origine de Carp Elementis, quelle est la base de départ de tes recettes ?
Bertrand Garima : La première chose qui compte : lorsque l’on doit rouler de gros volumes (je parle de tonnes), il faut avoir une pâte qui se « roule bien ». Une base végétale blé-maïs-soja gras me semble indispensable et d’ailleurs, quasi tous les fabricants commencent par cela. J’aime apporter quelques farines grillées (pour le goût) comme le soja grillé ou le lupin grillé. J’intègre également dans le mix de base du chènevis moulu (pour son attraction et ses graisses), du lait en poudre (pour les protéines) et de la levure de bière (qui favorise la digestion et apporte des acides aminés). Un tel mix est simple à réaliser, à rouler et permet à moindre coût d’obtenir des résultats réguliers, malgré un taux de protéines plutôt faible par rapport aux besoins réels de la carpe.
Comment déclines-tu ensuite cette base (en gamme carné, épicée…) et pour quels usages (pêches rapides, ALT…) ?
B. G. : Je vais introduire des additifs farine au mix précédent qui constitueront entre 40 % et 75 % du mix total selon l’objectif à atteindre. De très nombreuses options sont possibles comme :
a) Mix carné : son objectif est de relever le taux de protéines du mix pour atteindre au moins 30 % ; il n’est pas nécessaire d’utiliser les farines prétraitées qui sont souvent très chères. Personnellement, j’utilise de la farine de thon qui est bon marché et tout aussi efficace et j’apprécie également la farine de Krill et de calamar. Les hydrolysats de poisson sont également une farine très attractive et riche en AA.
b) Mix épicé : personnellement, je suis convaincu de l’attractivité des épices sur notre poisson favori, aussi, je ne conçois pas une recette de bouillette sans épice. J’en ai utilisé de nombreuses variétés et aujourd’hui, mes préférences vont vers le paprika, le curry, l’ail, les piments et la cannelle. On peut également utiliser du Robin Red (plus onéreux) mais attention, les nouvelles normes européennes en vigueur ont imposé des changements de recettes et le Robin Red que les anciens comme moi ont connu n’existe plus.
c) Mix crémeux : là, je conçois un mix à base de bird food, avec un ajout de poudre de lait pour maintenir un taux de protéines suffisant.
Peux-tu nous parler un peu de ta gamme « éco » ?
B. G. : Les bouillettes de la gamme que je propose peuvent décourager certains porte-monnaie, surtout lorsque l’on envisage un amorçage lourd ou un ALT. La gamme éco (Classic) contient exactement les mêmes ingrédients que la gamme « prestige », mais, afin d’en réduire le coût de fabrication et donc son prix de vente, tous les additifs farine onéreux ont été introduits dans des quantités bien moindres, ces farines étant remplacées par des produits moins coûteux comme le maïs ou le pois. Le produit fini reste un produit de qualité plus qu’honorable et permet d’amorcer à moindre coût.
Tu es ingénieur de formation et prof de Maths, donc plutôt cartésien, quelles sont les idées reçues les plus courantes en termes d’appâts ?
B. G. : Première idée reçue : mettre le nez au-dessus du seau de billes et dire « ça ne sent rien ». Je rappelle que nous ne sommes pas des carpes. Mieux vaut goûter sa bouillette que la sentir, et encore… N’oublions pas que ce que nous sentons va être rapidement diffusé dans l’eau et disparaître plus ou moins rapidement. C’est bien le mix et les œufs qui seront consommés par la carpe, pas l’arôme qui est là pour l’attractivité et le message olfactif. Deuxième idée reçue : jeter à la poubelle un seau de billes car les appâts ont séché et sont devenus très durs. N’oublions pas que la nourriture principale de la carpe est composée de crustacés (moules écrevisses, escargots) : la carpe passe son temps à briser des coquilles, ce n’est pas une bouillette un peu dure qui va la stopper si elle s’alimente.
Tu as pris récemment une superbe miroir de 34 kg+ dans un plan d’eau public très pêché, comment l’as-tu abordé en termes d’appâts ?
B. G. : L’objectif de cette session de 9 jours était, non pas de faire du rendement, mais de faire rentrer du gros poisson sur un secteur assez large et de le mettre en confiance. J’avais donc opté pour un amorçage important au départ (25 kg) en gros diamètres (25 et 30 mm) à la bouillette pure et j’ai pêché avec de petites esches plus ou moins décollées (en raison de la grosse pression sur ce plan d’eau). J’ai ensuite entretenu cet amorçage tous les jours. J’avais été satisfait du résultat puisque les ¾ des prises passaient la barre des 20 avec un poisson hors norme de 34+. La bouillette utilisée était une nouvelle recette en test avec un mix carné + bird food couplé avec un arôme fruité.