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Réussir à l'ouverture : un gros, d'entrée !

Par eaux basses et claires, mieux vaut privilégier les fleuves et les rivières sauvages.

Crédit photo Lilian Fautrelle
Il est fréquent qu’à l’ouverture du brochet, les conditions de pêche se révèlent un peu difficiles. Pour croiser un éventuel beau spécimen dès ces premiers jours d’activité, de bonnes facultés d’analyse et d’adaptation sont recommandées !

Bien souvent, l’ouverture est loin d’être la journée idéale que chacun de nous scénarise en son for intérieur depuis des semaines. On connaît bien le contexte : des mises à l’eau et des spots pris d’assaut, des conditions d’eau et une météo incertaine… Rien de très favorable à une belle réussite, au point que capturer un gros silure dès l’ouverture devient un véritable défi. Comme tous, irrésistiblement appelé, j’essaye chaque année de relever ce challenge. Avec le temps et l’expérience, j’ai définitivement délaissé les plans trop anticipés pour me focaliser sur un maître mot : l’adaptation.

Par eaux claires et avec des niveaux au plus bas, la pêche au flotteur est terriblement efficace.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Dernière minute

Dans ma stratégie d’ouverture, la sélection du parcours est un critère déterminant. L’équation est simple : plus on pêche sur un parcours abritant une grande densité de spécimens, plus grande est la probabilité d’en croiser un. Autre lapalissade : plus ces spécimens seront actifs et plus l’éventualité d’une capture augmente. Deux paramètres retiennent d’entrée mon attention : les températures et l’évolution des débits et des niveaux d’eau. C’est donc sur différents sites météos et sur Vigicrues (www.vigicrues.gouv. fr) que débute ma quête. Je privilégie a priori les parcours pas trop éloignés de mon domicile, sans m’interdire pour autant une plus grande mobilité si les conditions du jour l’imposent.

Pour bien choisir son parcours : températures moyennes d’avril-mai par département.
Crédit photo : DR

Les températures

La température et ses évolutions ont un impact direct sur le métabolisme digestif et l’activité alimentaire des silures. Il faut donc rechercher des secteurs susceptibles d’offrir le jour J une température d’eau de surface supérieure à 15-16°C. En ce mois de mai, le nec plus ultra, c’est une eau atteignant même les 18°C. Je vais donc concentrer mes recherches sur des secteurs du sud, sud-est, en dessous d’une ligne Lyon-Clermont-Ferrand dans la vallée du Rhône, ou de l’ouest de la France, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine. Je m’assure qu’un coup de froid n’est pas prévu sur le secteur choisi dans les jours qui précèdent l’ouverture. Une chute brutale a en effet toujours tendance à figer l’activité alimentaire des silures en cette saison.

L'évolution

Si les valeurs du débit et des niveaux sont des éléments importants, il est également nécessaire de bien considérer leur évolution pendant les quelques jours précédents. Mieux vaut une tendance à la hausse, sans être brutale, tant pour les températures que pour les débits. Un gros refroidissement, une baisse de niveau sont moins favorables

Un colosse du vieux Rhône, un superbe trophée d’ouverture.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

À l'étiage

Les zones favorables étant identifiées, je m’intéresse aux niveaux d’eau. Globalement, si l’ensemble des secteurs sont à l’étiage, je vais privilégier un bief sauvage plutôt que canalisé, de manière à trouver plus facilement des veines d’eau courantes. La pression de pêche et ces niveaux bas, avec donc des eaux plutôt claires, imposent d’emblée d’attaquer les postes avec discrétion. Je vais opter ici pour une pêche au flotteur, aux appâts naturels, en utilisant les veines principales pour faire dériver et présenter mon montage plusieurs dizaines de mètres devant moi. Si j’ai la chance d’identifier de beaux postes de tenue très resserrés, quelques passages avec des leurres durs peuvent éventuellement décider un ou deux individus agressifs.

Un essai avec un petit crankbait et, à l’arrivée, un gros résultat
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Niveaux de saison

Sauf sécheresse précoce, les niveaux d’ouverture sont en général légèrement gonflés par les précipitations printanières. Dans ce cas de figure, classique d’une journée d’ouverture, je sélectionne des biefs sur de grands fleuves canalisés. Avec les régulations des débits, je sais que mon embarcation dérivera naturellement, à une vitesse de 1 à 2 km/h en gros, en fonction des méandres.

Un classique petit fireball, une valeur sûre dans ces conditions.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Option verticale

Ce type de dérive, dans des eaux relativement sombres, plaide pour une stratégie de pêche verticale. Je dispose alors de vers de terre, d’un clonk, de plombs à soutenir et de fireballs mais également de montures vertiglane, plus légères, permettant de présenter appâts naturels et leurres souples avec une précision chirurgicale sur le fond. Pour les journées de grand vent, ou face à de multiples refus sur mes présentations naturelles, une bonne boîte de lames et de lipless ne sera pas de trop !

Une stratégie de pêche au posé, idéale pour bien insister à l’ouverture dans des petits bras secondaires.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

La crue

Si de fortes précipitations ont fait sortir rivières et fleuves de leur lit, sur place ou dans les secteurs situés plus en amont, je vais plutôt sélectionner les petits affluents, les tributaires sauvages ou les bras morts des grands axes principaux. Ces annexes offrent en effet des zones refuges où un grand nombre de poissons, toutes espèces confondues, remontent pour se mettre à l’abri de ces débits infréquentables. Les silures n’échappent pas à ce type de migration, profitant de l’aubaine pour passer à table au cœur de ces garde-manger facilement accessibles car concentrés dans une zone bien plus restreinte qu’habituellement. Dans ce cas de figure, il est souvent compliqué de prospecter avec un bateau imposant. J’utilise alors un petit pneumatique motorisé pour réaliser quelques prospections, aux leurres souples, sur les bordures.

Au posé

Mais ce que je préfère par dessus tout, pour un maximum d’efficacité, c’est intercepter les plus gros silures au posé. Sur ces petits bras, il est possible de quadriller très vite une zone prometteuse en installant trois ou quatre cannes avec des montages au cassant, à la bouée ou au flotteur sous-marin.

D'où vient la crue ?

Pour l’ouverture, il faut éviter absolument les crues d’eau trop froide, en provenance d’une fonte des neiges. En cas de doute, mieux vaut éviter les biefs situés en aval de confluences avec des rivières qui prennent leur source en montagne. Exemples: l’Aveyron, qui prend sa source dans le Massif central, avant de rejoindre le Tarn ou l’Isère, qui descend du massif des Alpes, pour aller se jeter dans le Rhône.

 

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Magazine n°924 - Mai 2022

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