Héritée des pêcheurs de brochets puis de sandres, la pêche au poisson, mort ou vivant, posé en plombée sur le fond ou légèrement décollé à l’aide d’un petit flotteur sous-marin est l’une des stratégies pionnières de la pêche du silure en France. À l’aide d’un montage traversant la lourde plombée hexagonale ou d’un pater-noster tendu avec une balle de tennis de table en guise de flotteur sous-marin, je me revois encore parcourir les amortis de la Saône, du Doubs et de la Seille à la recherche de mes tout premiers silures, il y a plus de 20 ans désormais.
Aux pellets
J’ai découvert la pêche aux pellets dix ans plus tard sur les berges des barrages du Rio Ebro en Espagne. Cette pêche aux pellets et autres bouillettes, arrivée quant à elle par les traqueurs de carpes, est une nouvelle tendance qui a le vent en poupe en France. C’est une approche à part entière, qui sait se suffire à elle-même, avec des avantages (facilité d’intendance des appâts, moindre investissement nautique, résultats détonants notamment sur des parcours où les silures sont fortement sollicités avec d’autres techniques), des contreparties (intendance matérielle conséquente, contrainte temporelle de l’amorçage…) et des pêcheurs hyperspécialistes qui lui sont propres. Il est possible de mettre en place de nouvelles alliances permettant de maximiser les avantages et de minimiser les inconvénients de ces deux pratiques.
Un point de départ
La clé de voûte réside dans la similitude de la zone de pêche. Que ce soit aux pellets ou en plombée avec un poisson mort ou vivant, nous cherchons à déclencher des touches à proximité directe ou sur le fond. Le silure, et cela est vérifié de façon encore plus flagrante avec l’arrivée des sondes « live », est capable de chasser aussi bien en surface, en subsurface, suspendu de manière pélagique, que directement sur le sol. Ici, nous nous concentrons sur l’un de ses nombreux comportements d’alimentation et de prédation, celui de rechercher une manne alimentaire sur le fond, en fouillant et fouissant.
Une complémentarité d'actions
Il existe à mon sens deux stratégies de dépose dans une pêche avec des poissons en plombée ou légèrement décollés à l’aide de micro-flotteurs sous-marins. Pour ma part, elles sont dictées la plupart du temps par les saisons. La première consiste à exploiter des couloirs de passage des silures. À l’étiage, il peut s’agir par exemple de veines d’eau oxygénées s’il fait chaud ou de lignes de tombant entre un poste de chasse et un poste de repos au printemps ou en automne. La seconde, plus propre aux eaux froides, consiste à déposer au plus près d’un secteur de tenue, tout en prenant soin de ne pas envahir le poste avec mes lignes pour ne pas frotter le corps de ces géants. D’une façon générale, il s’agit de stratégies où mon intention est d’aller vers les silures, de manière que mon appât croise la route habituelle d’un poisson, à mi-chemin entre la pêche de traque et celle d’attente.
Synergie
Dans la pêche au pellet, l’idée est sensiblement différente, puisque l’objectif est de déposer une manne alimentaire sur un poste propice de manière à faire venir ce carnassier vers mes lignes par l’attraction d’un amorçage et de la dispersion d’huile et de molécules appétantes. La contrepartie sur certains secteurs sauvages peut être le temps d’habituation des glanes à cette nourriture particulière. L’intérêt premier d’associer les deux techniques est donc de créer une synergie afin de coupler l’avantage d’un appât naturel, présenté sur le fond, que le silure a déjà l’habitude de croiser et de consommer, et celui de créer des points d’attractivité avec des pellets, croquettes ou autres dumbells, afin de faire venir les silures là où je suis. Le nuage d’amorçage et l’utilisation de granulés de plusieurs tailles vont également susciter l’intérêt premier de nombreux autres poissons fourrages, renforçant par là même l’attractivité et l’évidence de ma présentation eschée d’un vrai poisson. Enfin, l’attractivité olfactive et gustative de l’amorçage contribue à faire descendre les silures vers le substrat et donc dans la couche d’eau où je positionne à la fois mes pellets et mes plombées eschées d’un vrai poisson.
Une complémentarité matérielle
J’ai cessé d’associer pêche à la bouée pour les coups du matin et du soir afin d’exploiter les postes de chasse avec la pêche en verticale la journée pour taquiner ces mêmes poissons sur leur poste de repos. Bien que redoutablement efficace, la lourdeur logistique et d’intendance nécessaire est fatigante. En revanche, pêche en plombée au poisson et aux pellets sont toutes deux des techniques à poste fixe, dont le plus gros du matériel nécessaire est commun et ceci depuis la berge. Mes ensembles cannes-moulinets et corps de ligne sont identiques, je n’ai qu’à changer le bas de ligne ! La canne d’environ trois mètres me permet de tendre à toutes distances et m’offre un bras de levier suffisant pour détecter les moindres tapes trahissant la présence de silure sur l’amorçage. Une puissance de 100 à 300 grammes avec une action parabolique ou semi-parabolique permet de travailler la capture en souplesse et avec plaisir, aussi bien du bord qu’à bord d’une embarcation. Je complète l’ensemble avec des moulinets taille 8 000 à 10 000 garnis en tresse de 0,35 à 0,38 mm. Un jeu de quatre cannes me permet de multiplier les combinaisons possibles pour augmenter rapidement les touches.
Le poisson mort congelé
La pêche avec des poissons vivants reste toujours très efficace mais présente de nombreuses contraintes d’intendance. Pour pallier cet inconvénient, j’utilise le plus souvent des appâts congelés qui, associés à une pêche d’amorçage, possèdent une attractivité redoutable.