Bien connu des pêcheurs de percidés, le plomb palette a traversé les décennies sans révolution majeure dans son montage ou sa mise en œuvre. Un lest en plomb de forme triangulaire surmonte un hameçon triple, aujourd’hui généralement coiffé d’un leurre souple de type octopus et… basta ! Plaçons quand même une ou deux petites perles pour protéger les nœuds et rajoutons un peu de couleurs afin que nous, pêcheurs, soyons plus séduits par ce montage avant de le mettre à l’eau. Mais, ce n’est pas ce qui déclenchera la touche, au contraire de l’action mécanique qui est l’atout absolu de cette technique si elle est correctement animée.
Efficacité assurée
En hiver, lorsque je pêche sur des grands regroupements de poissons blancs, peu importe la profondeur, je considère le plomb palette non pas comme le sauve bredouille ou la dernière option, mais comme l’une des techniques phares pour capturer des silures. Ce montage m’accompagne depuis plus de quinze ans. Cette histoire a débuté avec la frustration de voir les copains pêchant le sandre toucher et perdre des silures au plomb palette alors que je ne prenais pas une touche avec mes montages spécifiques à côté d’eux.
Historique de mes adaptations
Je reprenais et adaptais tous les éléments du montage à la hausse : plomb triangle jusqu’à 120 g, triple jusqu’à 3/0 et octopus de 25 cm. Plus je mettais en œuvre de gros montages robustes, plus j’avais de la réussite en combat. Contrepartie malheureuse, plus j’alourdissais le poids, moins la technique était agréable à utiliser et surtout, moins j’avais de touches. Mon erreur fut d’avoir un raisonnement misant uniquement sur l’adaptation pour réduire les casses, au détriment d’une vision globale considérant la chaîne entière : montage, tresse, canne, moulinet. En effet, l’harmonie générale de l’ensemble permet de conférer la souplesse nécessaire à la prévention des casses, en préservant une mobilité erratique avec des phases planantes lorsqu’il est animé.
Le montage
Aujourd’hui, j’utilise des plombs palette entre 14 et 28 g. À l’intérieur de celui-ci coulisse un bas de ligne fluorocarbone ou un hard-monofilament de 0,60 à 0,80 mm d’une longueur de 30 à 40 cm, le tout monté sur un triple n°1. Une à deux perles se glissent entre le triple et le plomb pour protéger mon nœud, et un petit stop-float sert de butée d’arrêt en haut du bas de ligne. Comme je mets en œuvre une ligne relativement fine pour le silure, je privilégie le piquant et la vitesse de pénétration de l’armement plus que sa force de fer. De toute façon, en cas de mauvaise gestion du combat, le 0,60 mm en bas de ligne cédera avant que je n’ouvre mon triple.
Adapter son ensemble
Le montage étant light pour le silure, il est primordial d’utiliser un combo canne-moulinet adapté et ne pas monter cette version sur un ensemble de pêche au fireball. La canne doit être assez nerveuse avec une plage de puissance plutôt light. J’apprécie les modèles avec un blank spécialement conçu pour la pêche au jig, d’une puissance de 20 à 30 lbs ou dont la plage de puissance commence à 50 g. Je sélectionne des modèles à talon assez court. Pour le moulinet, je passe sur les modèles carnassiers ou light mer en tailles 4000 à 5000 en fonction des marques, en évitant les modèles d’entrée de gamme mis à mal par la technique d’animation et les silures.
Version « hybride » pour les zones encombrées
Lorsque je pêche au-dessus des bois morts voire franchement dedans, j’utilise des montages où je remplace le triple par un hameçon texan et l’octopus par un leurre souple. J’affectionne les fat ika et les flapping hog (Gary Yamamoto) dont les gommes plutôt dures sont assez durables dans le temps face à la répétition des animations violentes.
Canne en main
Cette pêche nécessite de tenir la canne en main en permanence a contrario des pêches verticales à soutenir ou en fireball où l’ensemble peut être posé sur le franc-bord pour soulager son avant-bras. L’usage du plomb palette engendre la répétition d’animations à une main. La légèreté du moulinet est donc garante du confort de pêche. Inutile de se munir d’un frein surpuissant alors que le bas de ligne est en 0,60 mm. Je choisis une tresse plutôt fine au regard du poisson recherché, de 0,28 à 0,30 mm et surtout avec un tressage serré, de manière à ne pas générer de chapelet de bulles à chaque animation comme cela peut être le cas avec les tresses quatre brins de gros diamètre et d’entrée de gamme. Ainsi, ces options de descente en taille et en robustesse du matériel restent acceptables et ne sont pas pour autant inconscientes au risque de multiplier des casses qui laisseraient des montages dans la gueule des poissons.
Mes animations
L’animation de base peut paraître brutale voire délictueuse aux yeux du profane. En aucun cas l’objectif ne doit être de harponner un poisson par les flancs. À l’aide de mouvements secs du poignet, de l’avant-bras voire du bras avec la fatigue, dirigés vers le haut, l’objectif est de créer une traction sèche à violente afin d’accélérer très rapidement le plomb palette qui entraîne dans son sillage avec un petit temps de décalage l’octopus dissimulant l’armement. À la retombée qui n’est pas contrôlée, le plomb redescend rapidement avec une trajectoire erratique tandis que le leurre profitant d’un petit débattement arbore une trajectoire plus planante. Simple comme bonjour, mais un point technique doit retenir votre attention : veillez à imprimer votre animation avec une tresse déjà en tension, de manière à ne pas la faire « claquer ». Cette action, en plus d’être bruyante, peut dégager des chapelets de bulles. Une petite imprécision engendre quasi systématiquement un violent demi-tour de refus des silures en approche, observations au sondeur à l’appui. Bien sûr, il s’agit là d’une base d’animation, qui peut se moduler en fréquence, amplitude, hauteur d’eau, changement de vitesse. Cette technique paraissant basique recèle bien plus de possibilités et de secrets qu’il n’y paraît de prime abord. À vous de tester.