Si de nombreuses méthodes s’offrent à nous pour la pêche du sandre, la verticale reste certainement une des plus efficaces. Considérée comme une pêche à gratter ennuyeuse par certains ou encore une simple pêche à la dandine pour d’autres, ce sont des appréciations qui se respectent, mais la réalité, c’est que la verticale est bien loin de ce stéréotype. Elle requiert une capacité à concentrer une foule d’éléments qui contribuent chacun à sa grande efficacité. Anticipation, réactivité, variation des animations, contrôle ultra-précis du bateau, interprétation permanente de l’électronique, sans oublier le facteur clé, la concentration, qui permet de gérer simultanément toutes ces actions. Personnellement, je ne suis pas certain que cela soit plus monotone ou plus facile « techniquement » que de lancer un gros shad en linéaire toute la journée en attendant le pic d’activité.
Une technique pour les quatre saisons
Quant à l’idée que la pêche verticale se pratique exclusivement en hiver, je peux confirmer que c’est très loin d’être le cas. On peut d’ailleurs citer de nombreux cas où elle est souvent la seule solution pour tirer son épingle du jeu. À titre d’exemple, lors de mes participations au World Predator Classic (WPC), une compétition internationale qui se déroule en début de saison en Hollande (juin), la verticale me permettait de faire le quota sandres en un temps record alors que la majorité des pêcheurs pêchant en linéaire peinaient parfois durant une journée pour prendre trois sandres.
Du Nord au Sud, la verticale se pratique avec succès
En Espagne, dans la province de l’Extramadura, après le coup du matin sur les plages lorsque le soleil commence à briller, les poissons descendent naturellement dans la couche d’eau et offrent les meilleures perspectives en pêche verticale. Au Portugal, les plus belles pêches de beaux poissons se font presque systématiquement en verticale à la limite du courant ou sur la partie la plus basse des tombants. En été, sur les rivières hollandaises où le courant est assez soutenu, la verticale en mode « speed jigging », qui consiste à dériver rapidement avec une ligne très plombée, fait de véritables cartons.
La verticale, une technique qui performe en toutes conditions
Durant toute l’année, chaque poste précis où les sandres prennent leur quartier est propice à la pêche verticale. Que dire des périodes de crues durant lesquelles cette technique permet de prendre les plus gros sandres dans un mètre d’eau en bordure ! Pratiquer régulièrement la verticale, mais pas uniquement car j’adore varier la pêche, m’a permis de vivre de nombreuses expériences qui témoignent que cette technique n’a pas vraiment de limite et qu’elle performe partout et toute l’année. La plupart des pêcheurs polyvalents l’ont d’ailleurs bien compris et ont intégré cette technique à leur arsenal ! Passer de la pêche au lancer pour cibler le black-bass ou le brochet à celle de la verticale pour privilégier le sandre et les enchaîner par dizaines est monnaie courante !
L’électronique et les moyens de détection, des piliers
Comme toujours, les résultats obtenus à la pêche dépendent en grande partie de l’attitude adoptée par le pêcheur associée à l’utilisation d’un équipement adéquat. Il est donc évident que l’un ne va pas sans l’autre et que l’harmonie entre ces deux paramètres est ici véritablement indispensable. Le développement de l’électronique et plus particulièrement de certaines technologies comme le Garmin Livescope offre des moyens de détection supplémentaires très appréciables pour la verticale. Ici, on peut considérer l’écran du combiné comme un véritable copilote qui vous indique et vous guide à l’endroit précis où prendre le poisson. Dans ces conditions, inutile de dire qu’un écran de grande taille n’est pas vraiment du luxe mais bien souvent une nécessité afin de pouvoir afficher plusieurs vues. Un écran de 10" partagé en trois vues avec une sonde classique en haute définition 2D, une vue en direct « livescope » et la carte marine sont, pour ma part, une combinaison idéale afin d’exploiter tous les paramètres. L’investissement pour un modèle sophistiqué vous offrira certainement ce qui se fait de mieux sur le marché, l’acquisition d’un modèle plus classique avec un écran de 10" sera le maître-achat pour vous offrir d’excellentes performances avec un budget plus raisonnable.
Un matériel spécifique pour des sensations uniques
Ne nous trompons pas, même si ce type d’équipement donne un avantage évident, les poissons ne montent pas tout seuls dans le bateau. La dextérité et la concentration sont toujours les acteurs principaux de la réussite qui passe inévitablement par l’utilisation d’ensembles (canne et moulinet) harmonieux. Loin du clivage entre les adeptes du matériel spinning et casting qui ont chacun leurs atouts, le choix d’une canne légère, très tactile, qui garantit une bonne réserve de puissance, équipée d’un moulinet léger et possédant un frein irréprochable s’impose. Le design et l’ergonomie actuels des produits apportent assurément un confort extrême à tous points de vue.
Spinning ou casting, chacun son choix
Pour ma part, j’utilise volontiers un modèle casting équipé d’un moulinet à tambour tournant pour les pêches sur des zones où la profondeur varie régulièrement, et un modèle spinning spécial verticale en 7-28 g équipé d’un moulinet spinning léger pour la prospection sur les plateaux et tombants plus réguliers. Une tresse de 0,10 mm garnit les moulinets de ces ensembles qui font chacun moins de 250 g. Par expérience, les inconditionnels de la technique vous diront que si le mode casting est très pratique pour la gestion de la ligne, il devient inconfortable, voire douloureux pour le poignet lors de longues sessions. En mode spinning, le poids du moulinet orienté vers le bas évite la torsion du poignet et favorise une préhension plus naturelle et confortable. La gestion de la ligne peut parfaitement se faire en donnant du lest lors de la prise de contact sur le fond ou en pêchant avec le pick-up ouvert en gérant la ligne avec l’index. Que ce soit pour la réalisation des animations, la perception des touches et le travail du poisson, on est ici en contact direct avec ce qui se passe sous le bateau. Ces sensations si particulières obtenues en pêche verticale traduisent à elles seules le tempérament du sandre qui peut à peine serrer délicatement le leurre ou a contrario l’arracher brutalement.
Pêche verticale, comprendre que tout se passe durant la pause
En verticale, la compréhension que tout peut se passer quand rien ne bouge est souvent difficile à assimiler ! Cela vaut pour l’animation qui peut être réduite à sa plus simple expression, telle que décoller le leurre et ne plus bouger pendant quatre ou cinq secondes avant de reprendre le contact du fond. Et de surcroît, faire cette animation avec un leurre finesse qui n’émet aucune vibration ! Il est évident qu’un leurre souple de type shad ou curly animé de manière soutenue reste très efficace en verticale, mais un modèle finesse représente véritablement l’arme absolue. Au même titre que croire que la pêche en verticale est seulement praticable en hiver, le leurre souple finesse n’est pas destiné à une utilisation en eau froide, il peut donc bien s’utiliser toute l’année. Accepter d’utiliser des tailles plus importantes d’environ 15 cm est également une approche qui porte ses fruits. L’indémodable Fin’s Fish de 5’3/4 et le fameux Westin Slim Teez 15 cm sont de véritables aimants à sandre, quels que soient l’endroit et la saison.
Coordination des mouvements et concentration sont de rigueur
Souvent, j’ai plaisir à dire qu’en pêche verticale, le pêcheur peut s’apparenter à un musicien qui joue de plusieurs instruments en même temps ! Lire la gamme sur le sondeur, maintenir le bon tempo des animations, contrôler l’erre du bateau et percevoir la petite note qui va provoquer le ferrage sont des actions importantes à réaliser simultanément pour pêcher correctement en verticale. Cette coordination accessible à tous avec un peu d’entraînement impose toutefois une rigueur et une concentration de tous les instants. Le défi ici n’est pas seulement de « jouer » juste, mais de jouer juste longtemps (souvent plusieurs heures) en veillant à ajuster les animations pour trouver et maintenir celle qui fonctionne le mieux. Varier le temps de pause en suspension d’une ou deux secondes peut vraiment faire toute la différence, même chose pour l’amplitude où un décollement de 20 cm supplémentaires peut faire monter les sandres plus vite et provoquer des touches plus franches. Ce sont de précieux réflexes à intégrer dans les phases d’animation.
Privilégier la qualité de pêche
Dans tous les cas, il est toujours préférable de pêcher en verticale durant quelques heures de manière très précise et d’opter de temps en temps pour une technique différente (casting, linéaire…) que de continuer à pratiquer durant une journée entière une pêche aléatoire en pensant que si le sandre veut mordre, il prendra bien une présentation quelconque ! Ceci, croyez-moi, est une grosse erreur d’appréciation. Certes, cela pourra peut-être arriver, mais dans la plupart des cas, la prise régulière de sandres par un pêcheur expérimenté à proximité vous rappellera vite à la réalité. L’enchaînement des prises n’est jamais dû au hasard.
Le front trolling s’impose par sa polyvalence
Pour un puriste de la discipline verticale, l’utilisation du moteur électrique arrière pour pêcher en back trolling est indissociable, car elle permet un contrôle très réactif optimal pour suivre et recouper les cassures. De manière générale, le moteur avant plus polyvalent a conquis la majorité des pêcheurs qui pratiquent plusieurs techniques. Hormis l’avantage qu’il procure pour se stabiliser sur un Way Point (poste sur le GPS), suivre automatiquement un cap… il offre l’avantage de pouvoir contrôler le bateau de n’importe quel endroit. La position idéale sera sur la plateforme avant, avec une visualisation directe sur un sondeur mais surtout pour être à proximité du moteur et donc du point de pivot qui va permettre de profiter des changements d’axe du bateau qui provoquent si souvent la touche. Face à du grand vent et à de grosses vagues, il sera souvent nécessaire de prendre le contrôle depuis la console ou la partie arrière plus stable afin de pouvoir pêcher correctement en sécurité.
Le paradoxe de la verticale
Quand on parle de verticale, il ne faut jamais perdre à l’esprit que la ligne ne l’est pas vraiment, même quasi jamais ! Une ligne toujours maintenue en verticale signifierait que vous animez votre leurre toujours au même endroit et, par définition, que vous ne prospectez pas le poste. Il est donc primordial de faire déplacer le bateau suffisamment pour obtenir une position de la ligne légèrement oblique, d’environ 20°. Cet angle qui est très important et déterminant en verticale peut être ajusté en agissant sur deux paramètres principaux : la vitesse de déplacement du bateau et surtout le poids de la tête plombée utilisée. En action de pêche, augmenter le poids de la tête plombée permettra de garder le même angle mais de passer plus vite sur le poste, alors que diminuer le poids de la plombée permettra de maintenir le même angle mais de passer sur la zone plus lentement. Dans certains cas, sous-plomber la ligne volontairement permettra d’obtenir un angle plus important d’environ 45° pour pêcher en « diagonale ». Cette méthode, qui permet de maintenir le leurre éloigné du bateau en pratiquant une animation plus proche de la structure, se retrouve parmi les plus efficaces sur les sandres.
La verticale, une pêche vectrice de tendance
Comme elle le faisait il y a environ deux décennies en fusionnant la technique de pêche avec la gestion de l’électronique, on peut constater que la pêche verticale continue à dynamiser et créer de nouvelles tendances. La pêche pélagique du sandre en est d’ailleurs un bon exemple. Depuis quelque temps, il est fréquent de voir des guides de pêche en Espagne ou ailleurs ranger les cannes casting au profit de cannes plus légères pour provoquer les brochets pélagiques en verticale. Les pêches en dérive ou en diagonale sont également des pêches dont les gènes proviennent directement de cette école de pêche. Si vous pensez encore un instant que la verticale est une technique qui n’a fait que passer comme une mode, qu’elle ne peut rien vous apporter et qu’elle n’est intéressante que dans de rares situations d’exception, je vous répondrai de ne surtout pas l’essayer ! En effet, dans le cas contraire, vous pourriez tout simplement regretter de ne pas l’avoir adoptée plus tôt et/ou de manière plus fréquente. Au vu du nombre de pêcheurs qui la pratiquent régulièrement aux quatre coins de l’Europe, des nouvelles tendances qu’elle lance comme les pêches pélagiques, et surtout des performances et du plaisir qu’elle procure, je ne doute pas un instant que la verticale a encore de beaux jours devant elle.