Les températures baissent et les jours diminuent, c’est le signal pour les percidés d’entrer en activité. Pour nous passionnés, c’est aussi le moment de reprendre la traque spécifique des sandres qui, durant la période estivale, étaient bien plus difficiles à capturer tout au long de la journée. Dès l’arrivée des premiers froids, la période d’activité en chasse des carnassiers augmente. Il devient alors plus facile de capturer les percidés. Mais pour arriver à ce résultat, il est souvent nécessaire d’employer une technique qui sera adaptée aux conditions du moment. C’est bien souvent le défaut de l’ensemble des pêcheurs, qui par manque de connaissance voire de motivation, pêchent avec la même technique toute l’année. Évidemment que ces derniers peuvent capturer des sandres au travers des saisons. Mais ils passent à coup sûr à côté de pêches exceptionnelles. Alors analysons ensemble les meilleures méthodes pour déclencher l’agressivité des sandres en période automnale.
Artificiel ou naturel ?
Même si vous êtes un inconditionnel des traques aux leurres, comprenez que certains jours, et dans certaines conditions, les appâts sont toujours supérieurs aux artificiels ! Il serait alors dommage de s’en passer. Je veux bien sûr parler des vifs, mais également des vers. Et il n’y a pas qu’en période de fermeture que ces derniers sont redoutables. Aussi, pour tirer le meilleur profit des appâts, certaines conditions doivent être réunies. En effet, lorsque les niveaux sont bas, le temps est beau et que l’eau est claire, les vifs ou les vers sont la clef du succès. L’explication est simple : lorsque les conditions sont calmes et la visibilité bonne, le carnassier a le temps d’observer la proie. Il est même capable de suivre nos montages sur plusieurs mètres avant d’attaquer. L’odeur et l’apparence d’une proie connue du prédateur permettent de déclencher son agressivité. À l’inverse, lorsque les eaux se chargent et se teintent légèrement, le leurre reprend de la valeur. Dans ces conditions, les sandres vont s’aider de leur ligne latérale pour localiser leur environnement et leurs proies. Les artificiels prennent alors le dessus sur les appâts, car ils sont plus faciles à localiser par les carnassiers. Il convient alors de bien analyser les conditions de pêche rencontrées, afin d’employer la technique la mieux adaptée.
Où sont les carnassiers d'automne ?
Suite à la baisse des températures, l’ensemble des poissons descend dans la couche d’eau. Ces derniers vont alors commencer à se regrouper en formant de petits bancs par-ci, par-là. En fleuve ou rivière, les carnassiers aiment se positionner sous la barre des 8 m. Aider de nos échosondeurs, il faut alors tenter de les localiser à l’entrée et à la sortie des fosses. L’arrière des piles de pont ainsi que les balises de chenal sont d’excellents postes en cette saison. Les pentes du chenal sont également très intéressantes à condition que le courant ne soit pas trop fort.
Comment choisir sa technique ?
Parmi le panel de stratégies dont nous disposons, il faut comprendre pourquoi certaines sont bien meilleures que d’autres au travers des saisons. En plus de la couleur de l’eau, différents paramètres entrent en jeu. La température va jouer sur la mobilité des poissons. Tant que l’eau ne descend pas en dessous de la barre des 10°C, les techniques dites « rapides » restent efficaces. Le manié et le linéaire, qui nous permettent de battre du terrain, sont donc à privilégier. Lorsque la température baisse, les carnassiers deviennent moins mobiles. Les traques dites « lentes » prennent alors le dessus. Le drop shot et la verticale rapportent le plus grand nombre d’attaques. Que ce soit du bord ou en bateau, il faut choisir sa stratégie par rapport aux conditions rencontrées. Restez attentifs à l’arrivée des premiers coups de froid. Ils vont directement influencer l’activité des carnassiers. Dans un premier temps, les poissons surpris par le changement brutal de température restent la gueule fermée. C’est généralement après quelques jours d’acclimatation que les prédateurs ont un regain d’activité. Par eau claire et froide, si vous êtes un inconditionnel du poisson mort manié, choisissez des animations et récupérations lentes. Lors de la baisse des températures, les sandres ont tendance à descendre dans les profondeurs, il faut alors trouver les bons lests, afin d’avoir une monture la plus planante possible, mais sans jamais perdre les sensations dans la ligne. Le linéaire se pratiquant essentiellement au leurre souple de type shad, il est important de récupérer la ligne lentement. L’animation de type Stop and Go consiste à faire des pauses régulières de plusieurs secondes sur le fond. Cette dernière est redoutable sur les sandres. Tout aussi efficace, l’animation au moulinet consiste à faire un tour de manivelle, une pause, un tour, une pause, un tour, une pause, etc. Les sandres étant capricieux, il convient d’effectuer des tests pour connaître la vitesse de récupération. Et certaines fois, il faut être presque immobile ! Le drop shot nous permet de pêcher quasiment sur place. Il est particulièrement efficace sur des poissons endormis par le froid. Et comme nous l’avons expliqué précédemment, utilisé avec des appâts naturels, le « drop-bait » est redoutable. C’est l’une des valeurs sûres de l’automne. Que ce soit sur les perches ou les sandres, un petit gardon ou un lombric déclenche toujours une attaque. Il convient cependant de les tester chacun leur tour, afin de connaître la tendance du jour.
Taille et coloris des leurres
Si vous utilisez des artificiels, la couleur, la taille et la forme du leurre souple doivent être sélectionnés avec attention. Vous le savez, en eaux claires, les coloris naturels donnent de meilleurs résultats. Sélectionnez les bleu et vert, au ventre blanc ou gris nacré. Que ce soit au manié, en verticale ou en drop shot, n’hésitez pas à commencer votre prospection avec des leurres de grandes tailles en 4-5, voire 6 pouces. De cette façon, vous évitez la capture de petits poissons qui alertent les plus gros. En revanche, aux premiers passages, si rien ne se produit, changez et diminuez la taille de l’artificiel. En automne, il est fréquent que les carnassiers s’attaquent aux bancs d’ablettes juvéniles de l’année. Ces dernières mesurent entre 3 et 5 cm. Les « LS » pouvant intéresser les carnassiers mesurent alors autour des 3 pouces. Deux valeurs sûres de cette période : le Slug ou Fin’s bleu ventre blanc nacré pour les eaux claires, et le vert chartreux ou jaune pour les eaux teintées. Que ce soit au manié, en drop shot ou en verticale, respectez toujours la règle suivante : « eaux claires / couleurs naturelles ; eaux teintées / couleurs flash. »
Des détails qui changent tout…
Nous l’avons dit, dans l’eau claire, les carnassiers vont chasser en priorité grâce à leurs yeux. Ou tout du moins, le coup de gueule final sera déclenché par l’identification parfaite de la proie. Il faut alors comprendre que les leurres artificiels doivent être parfaitement ressemblants aux proies que poursuivent les sandres. Le signal « œil » est de ce fait un détail important qui change complètement l’efficacité d’un leurre. Monté sur une tête plombée classique sans les yeux, le leurre est régulièrement observé par le carnassier, mais il est rarement attaqué. Avec un LS ou une tête agrémentée d’une paire d’yeux, le même leurre est attaqué sans ménagement. Pour avoir effectué cette comparaison, le résultat a été de 10 contre 1 pour la « TP » avec les yeux. Il serait donc dommage de s’en passer. Un second paramètre à ne pas négliger est l’odeur. Dans les phases d’approche, tous les sens du carnassier sont en éveil. Et la moindre erreur de présentation ou d’odeur peut stopper net la progression de ce dernier. S’agissant des attractants, les carpistes ont compris depuis des années l’efficacité des boosters. Et nous, pêcheurs aux leurres en plastique, nous hésitons encore à les utiliser ? Remettons-nous alors en question ! Les huiles et les crèmes olfactives sont réellement efficaces sur les carnassiers. Bien évidemment, les parfums carnés ou à base de jus de poissons et crustacés sont les plus performants. Il faut comprendre que les sandres peuvent suivre notre leurre durant plusieurs minutes sans les toucher. Au cours d’un suivi, le carnassier va réunir l’ensemble des informations que lui procurent ses sens. Ces derniers lui permettront de valider ou non son attaque. S’il perçoit (grâce aux vibrations), s’il voit (forme, taille, couleur, signal œil), s’il sent, alors tous ces capteurs sensoriels valident l’attaque. En revanche, s’il manque l’un de ces éléments, alors la touche n’a pas lieu. C’est pour cela que le sandre est un poisson qui nous rend fou ! D’un jour à l’autre et avec les mêmes conditions, la pêche se fait souvent avec les mêmes leurres et sur les mêmes techniques. Mais certains détails peuvent sensiblement varier. Je pense notamment à la couleur de la tête plombée. Celle-ci peut changer, dès lors que la couleur de l’eau et la luminosité du ciel évoluent. Ainsi, si la veille, la pêche se faisait sur une « TP » sable avec un leurre bleuté ventre blanc, le lendemain avec un ciel gris ou une eau à peine teintée, la combinaison du jour peut être avec une « TP » orange sur le même leurre au coloris naturel. C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à varier les combinaisons entre « LS » et « TP », afin de trouver le duo gagnant du jour.
Du choix du matériel dépend le succès !
Lorsque l’on traque les sandres, notamment sur des techniques comme le manié, la verticale et le drop shot, le matériel à une incidence sur le résultat de la pêche. En effet, la taille et la sensibilité de la canne, ainsi que les diamètres de tresse, vont influencer la nage de votre montage. S’agissant du manié, qu’il soit au « PM » ou au « LS », vous devez vous munir d’une canne d’action rapide. D’une puissance entre 30 et 50 g mesurant au moins 2,10 m en bateau et 2,60 m du bord, elle convient parfaitement à cette technique. S’agissant de la tresse, celle-ci doit être de couleur fluo, afin d’être visible par faible luminosité. De cette manière, vous visualiserez mieux les touches les plus discrètes. Préférez les diamètres compris entre 13 et 15/100. Plus celle-ci est épaisse, plus vous aurez de la portance sur l’eau. Vous perdrez ainsi en sensibilité et la perception de votre monture. Verticale et drop shot La pêche verticale demande l’emploi d’une canne d’action rapide plus courte mesurant entre 1,80 m et 2 m. Une puissance de 10-30 g s’adapte à la plupart des conditions de pêche. Mais il peut être intéressant d’avoir des cannes plus puissantes afin d’employer des leurres ou des appâts de tailles supérieurs à 6 pouces. S’agissant de la tresse, le 12/100 est parfait pour les pêches légères par eaux claires et calmes. En période de crue, préférez le 14 voire 16/100, car les poissons trophées sont de sortie ! Il serait dommage de casser sur le poisson d’une vie. Enfin pour le drop shot, l’action de la canne doit être souple, du moins la pointe. En effet, lorsque le carnassier va attaquer l’appât ou le leurre, il ne doit pas sentir la résistance de la canne, c’est ce qui lui permet d’engamer. D’une longueur de 2,10 m pour le bateau et de 2,60 m pour le bord, les puissances de 5/20 g et 10/30 g sont adaptées à ce type de traque. Une tresse bien visible, de 12 à 14/100, sera adaptée. Les sandres sont des poissons lunatiques et capricieux, et de ce fait, il est très facile de passer à côté de la pêche. Du choix de la technique, du leurre ou de l’appât, jusqu’à la sélection du matériel, tout doit être parfaitement analysé afin de pouvoir pêcher efficacement. Une fois de plus, l’observation de l’eau nous donne de précieuses indications. Alors suivez nos conseils, car nous en sommes certains, l’automne n’est pas monotone lorsque l’on pêche les sandres.