Dossier Perche : le bonheur est en surface
- Lacs et rivières avec Gaël Even
- Du gros et du solide avec Arnaud Landrieu
- Des herbiers vers le large avec Sylvain Russo
La perche est un poisson qui chasse à courre et poursuit le leurre jusqu’à pouvoir s’en saisir, contrairement au brochet qui se jette dessus à toute vitesse… et qui le loupe souvent. Lorsqu’on voit un petit poisson effectuer des bonds au-dessus de l’eau, on est quasiment sûr qu’il a derrière lui une perche qui cherche à le croquer. Cette aptitude à poursuivre ses proies fait que la perche répond parfaitement au leurre de surface et qu’elle rate très peu ses attaques, pour peu que l’on soit bien équipé.
Quels leurres
La perche aux leurres de surface se pratique en majorité avec deux types de leurres : les stickbaits et les poppers. Il existe d’autres familles de leurres, comme les cigales, les frogs et les modèles à hélice, mais ils sont peu utilisés pour la perche. Concentrons-nous donc sur les poissons nageurs de surface, avec en premier lieu le stickbait ou Pencil bait. Ce leurre ne plonge pas et ne possède pas de bavette, il glisse sur l’eau ou dans la pellicule en produisant un simple sillage. La plupart du temps, il est bruiteur pour pêcher les poissons actifs, mais des modèles silencieux sont aussi efficaces. Toutes les marques en proposent, avec des tailles allant de 45 à 125 mm pour les plus belles zébrées. La nage en walking the dog, c’est-àdire en zigzag, est parfaite pour les perches. Mais on peut tout autant faire glisser le leurre de façon rectiligne, lorsque l’activité est bien marquée. On loupe ainsi moins de touches. Le popper est un autre leurre adulé des perches. On le choisira de 45 à 80 mm, selon la taille moyenne des poissons rencontrés. Son usage est simple, puisqu’il suffit de le faire popper par un mouvement rapide de la pointe de la canne vers le bas. Ce leurre demande des pauses plus régulières et c’est très souvent à ce moment qu’il est coffré. Il arrive même fréquemment de faire un doublé sur les deux triples de ce leurre dur.
Les meilleurs créneaux
À partir du mois d’août, les premiers alevins deviennent des poissonnets et vont se regrouper sur les bordures, près des plages ensoleillées. C’est à ce moment de l’année que la pêche au leurre de surface pourra démarrer partout avec des succès réguliers. Vous pourrez prendre des perches de mai à octobre, mais c’est en août et en septembre que le pic de cette technique est atteint. L’idéal est d’arriver à l’aube, lorsque le temps est au grand beau. C’est encore mieux si le vent est absent, car cela vous facilitera la localisation du banc de vifs. Les perches sont positionnées un peu plus profond et lancent régulièrement des assauts bruyants, où la surface semble parfois bouillonner de leurs chasses. Plus la matinée avancera, plus le banc va s’éloigner du bord, sans toutefois partir au large. Les perches seront moins enclines à attaquer en surface, sauf dans des biotopes immenses où les poissons ont un comportement bien particulier. Dans les petits lacs, c’est souvent en queue de baie, dans peu de fond, que l’on aura le plus de réussite. Il faut voir au moins une fois dans sa vie les dorsales hérissées fendre l’eau, la vague formée par le poisson en pleine action et l’attaque foudroyante qui stoppe net la progression de votre leurre. La perche est aussi l’un des rares poissons à émettre des bruits de succion lorsqu’elle essaye de s’emparer de votre leurre qui lui échappe. En cas d’attaques ratées, une simple pause dans l’animation suffit. En soirée, la curie recommence jusqu’à la nuit et le coup du soir permet de prendre des poissons encore plus énervés que le matin.
Rapide mais souple
Dans cette pêche, c’est la canne qui est l’élément important de l’équation. Vous aurez besoin d’une canne spinning dite « à leurre dur », c'est à dire assez rapide et nerveuse à vide pour bien lancer, mais avec un peu de souplesse dans le scion pour réussir les animations. Elle aura aussi besoin d’une action de type regular (progressive) durant le combat, devant donc bien ployer pour que le leurre ne se décroche pas des gueules fragiles des belles zébrées. En embarcation, une canne d’une longueur de 2,10 m est parfaite ; du bord, une 2,40 m sera bien adaptée à cet usage. Selon le biotope que vous allez pêcher et les tailles moyennes de vos prises, une puissance L (3/10 g) ou ML (5/20 g) sera indispensable pour prendre du plaisir et pouvoir lancer les leurres adaptés. Certaines cannes assez onéreuses ont une plage de puissance très étendue et permettent de prendre autant de plaisir avec des perches de 20 cm qu’avec des 40 cm. Concernant le moulinet, un modèle en taille 2500 sera le plus approprié, car il faut lancer loin pour aller chercher un banc de perches quelquefois très mobile avec des leurres de petite taille. Équipez-vous de tresse, qui est flottante, un atout pour cette pêche et terminez avec une tête de ligne en Nylon pour plus de discrétion. Hyper ludique, vectrice de sensations et d’émotions, la pêche de la perche en surface est si addictive qu’il est dommage qu’elle ne dure pas toute l’année.
Le témoignage de Tanguy Marlin
Tanguy Marlin, spécialiste incontesté de cette technique, nous livre ses astuces pour les belles perches des lacs du Sud-Ouest : « J’utilise deux cannes différentes pour les leurres de surface. Pour le stickbait, rarement en taille inférieure à 10 cm pour pêcher vite les beaux poissons actifs, c’est un ensemble casting en 10/30 g de 2 à 2,15 m de long. Pour les poppers de 5 à 8 cm destinés à des pêches plus lentes, sur des poissons plus apathiques, je pêche en spinning avec une canne de même taille, mais en puissance 3/15 g. Ma recherche se fait près des herbiers au printemps et en été, et en périphérie des rassemblements de blancs en automne. Mes leurres préférés sont le Mousty qui claque fort et le Naja au son cristallin. Comme popper, j’utilise le Pop’n Dog en 55 et 70 mm de Sakura. »