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Ouverture : le témoignage de Valentin Bernichon

C'est le dossier du mois dans Brochet Sandre Magazine : l'ouverture de la pêche du brochet en 2ème catégorie. A travers leurs témoignages, quatre grands noms de la pêche nous donnent leurs conseils pour le jour J et pour tout le début de saison qui nous mènera jusqu'à l'été.

1 Alain Maragou et Nicolas Delabarre : "A deux, c'est mieux"
2 Nicolas Doudeuil : "Je vise les grands brochets du fleuve"
3 Valentin Bernichon : "une chouette période pour la mouche"
4 Laurent Petit : "en surface, tout est possible"

Valentin Bernichon : "une chouette période pour la mouche"

Valentin, depuis combien de temps pêches-tu le brochet au streamer ?
Valentin Bernichon
: Ce fut un cheminement progressif car j’ai longtemps pêché aux leurres. Depuis 4 ans maintenant, je ne recherche quasiment plus le brochet qu’à la mouche, non pas par « radicalisation » mais les sensations sont tellement décuplées et il y a tant à découvrir. Bien entendu, mon expérience antérieure me sert beaucoup, tant pour la connaissance des mœurs de ce fabuleux prédateur que ses tenues au fil de la saison. Il est évident qu’à la mouche, j’ai opté pour une démarche qualitative, en ce sens que le nombre m’importe peu : c’est l’action de pêche qui prévaut à mes yeux.

Valentin est un pêcheur aux leurres converti au streamer
Crédit photo : BSM

Tu es aussi un excellent monteur ?
V.B
. : Oui je me suis pris de passion pour le montage notamment des steamers. C’est là encore un vaste champ de connaissances qui mêle créativité et dextérité, esthétisme et efficacité. Capturer un beau brochet avec une de ses créations prolonge naturellement le plaisir.

Valentin tu vis en Bretagne. Où fais-tu ton ouverture généralement ?
V.B
. : Nous avons la chance de disposer de beaucoup de lacs de retenues, de canaux et de jolies rivières de seconde catégorie. En première, certaines parties aval réservent parfois de belles surprises. J’ai aussi la chance d’avoir accès à de très beaux plans d’eau privés richement peuplés, comme ceux du Domaine de la Hardouinais. Quand il m’arrive de rentrer capot, au moins ce n’est pas faute de densité, ce que l’on peut parfois reprocher au domaine public. C’est aussi un terrain de jeu fabuleux pour essayer mes dernières nouveautés.

Un jeune pêcheur qui dispose d’un talent certain pour débusquer les beaux prédateurs.
Crédit photo : BSM

Comment abordes-tu cette période ?
V.B
. : Dans l’espoir de prendre un beau brochet. C’est une période propice pour tomber sur un tout gros ! En Bretagne, la saison n’est pas précoce. Fin avril, on se croit encore en hiver, la végétation est très peu avancée. L’eau est encore froide, souvent moins de 10 degrés. Aussi, les belles femelles n’ont pas quitté les hauts-fonds parsemés d’une végétation encore toute rabougrie. C’est une fenêtre courte car généralement, dans les deux ou trois semaines qui suivent, le soleil printanier réchauffe la surface de l’eau rapidement. Je n’hésite donc pas à présenter des « grosses bouchées » qui sont toujours promptes à faire réagir un brochet de belle taille. Il sera temps ensuite, avec l’apparition de la fraie du poisson fourrage, de diminuer en taille. Mais pour l’heure, trop gros n’a jamais manqué !

Prospectes-tu en wading ou embarqué ?
V.B.
: Généralement embarqué soit sur mon float-tube ou à bord de ma petite coque de 3 mètres, très maniable et qui présente un faible tirant d’eau. Elle me permet de me faufiler partout en toute discrétion, à l’aide de mon moteur électrique, le long de bordures les plus encombrées, là même où mes palmes resteraient plantées. J’adore ces pêches de poste et, quand c’est possible, de pratiquer à vue. Voir évoluer son streamer puis soudain une vague dernière qui surgit, c’est une dose d’adrénaline assurée.

En action sur un plan d’eau breton.
Crédit photo : BSM

Quel est ton plus beau souvenir en cette période d’ouverture ?
V.B
. : Par un temps froid et pluvieux, une journée difficile à passer des heures à lancer et peigner des postes que je savais occupés. En fin de journée, alors que la luminosité commençait à baisser, j’ai d’abord capturé un petit mâle d’une cinquantaine de centimètres qui présentait de sacrées morsures, par ailleurs fraîches. 10 minutes après, j’ai ressenti un arrêt net, trop fugace pour être ferré. J’ai pris le temps de changer mon modèle de streamer, en jouant sur un coloris plus sombre et en supprimant le « wiggle tail ». Au lancer suivant, j’étais attelé à une femelle de 110 cm qui m’en a fait voir de toutes les couleurs.

Au fur et à mesure que le printemps avance, comment ton approche évolue-t-elle ?
V. B
. : C’est l’observation du poisson fourrage qui me guide. Lorsque l’eau se réchauffe et que les journées s’allongent, j’ai tendance à diminuer la taille de mes imitations pour coller à la réalité. Je ne pêche quasiment plus en flottante tandis que la végétation aquatique se densifie. J’équipe mes streamers d’anti-herbe lorsque c’est nécessaire ou j’utilise des montages inversés. Un modèle qui évolue lentement sous la surface, se glisse sous les feuilles de nénuphars, ressort en faisant un écart, puis s’immobilise n’a, certains jours, pas son pareil pour faire craquer un brochet. Idem dans les amas de branches immergées.

Quel conseil donnerais-tu à nos lecteurs qui souhaiteraient passer à la mouche ?
V.B
. : De ne pas se faire le complexe de la pêche aux leurres, c’est-à-dire de ne pas essayer de répéter les mêmes schémas. La pêche à la mouche a ses propres qualités et défaut. Un fort vent latéral, par exemple, rend parfois compliquée l’action de pêche. Il faut au contraire tirer parti de ses points forts. Elle est particulièrement adaptée pour pêcher des zones de « shallow », disons jusqu’à 2,50 m de profondeur. Et surtout ne pas oublier ce précepte qui souvent fait mouche ! L’éloge de la lenteur dans l’action de nage.

Equipement : la mouche dans son plus simple apparat

• Canne Redington Predator Série Pike 9’ 10’’
• Moulinet Redington Crosswater 7/8/9
•  Soie Airflo Sniper et Rio Predator flottante et intermédiaire
• Bas de ligne en 50/100 (1,5 fois la longueur de la canne) et avançon en acier thermosoudable résistance 10 kg

À noter : sur des gros streamers, Valentin ne met pas d’agrafes qui peuvent toujours s’ouvrir sous l’action mécanique de l’œillet de l’hameçon. Il préfère un nœud boucle plus fiable d’après sa propre expérience.

Les montages de Valentin jouent la carte de la sobriété et de l’élégance. Alliance de fibres naturelles et synthétiques, ils sont parfaitement équilibrés

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Brochets, Sandres, Perches

Magazine n°128 - Mai & juin 2022

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