Les leurres de l’été (5) : jerk à bille, jerk no rattle et sliders

Je souhaite vous démontrer la complémentarité des « gros jerks » à billes et des plus petits sans bille (no rattle). En général, ces derniers sont en bois ou en résine. J’ajoute dans cette catégorie les sliders, qui ne sont pas des jerks à proprement parler. Ils ne sont pas faits pour être animés à la canne mais plutôt pour être ramenés en linéaire. Ils évoluent alors avec une nage en « S » plus ou moins marquée. Le modèle de référence est bien sûr le leurre éponyme (Slider de Salmo), créé par Bertus Rozemeijer. Les sliders sont généralement un peu plus courts et plus ventrus. Enfin, il faut savoir que la plupart des jerks ramenés en cranking se comportent comme un slider et peuvent être utilisés comme tel !

Les jerks silencieux ont la cote

Il convient de distinguer clairement les eaux closes des eaux courantes. En plan d’eau, la température du biotope monte vite, et les herbiers prolifèrent rapidement sur les bordures ainsi que dans les zones peu profondes. C’est dans ces secteurs de moins de 3 m que les jerks sont performants. En rivière, le courant apporte des mouvements d’eau (et conséquemment des perturbations sonores ou visuelles) mais également une oxygénation qui peut changer la donne. Dans les eaux moins statiques, les signaux peuvent être plus importants. Globalement à cette saison, les petits jerks en bois ou les sliders ont ma préférence. Ils gagnent la plupart des matchs avec leurs homologues plus gros et bruiteurs. Ces derniers, dans des eaux claires et chaudes, font beaucoup de raffut. Ils font office d’épouvantail et deviennent contre-productifs. Les modèles en bois ou en résine émettent des vibrations beaucoup plus « cool » qui agressent moins les poissons et limitent les signaux inhibants. Dans cet esprit, je les anime avec calme et patience, c’est-à-dire sans « taper » dedans comme je pourrais le faire avec un Buster Jerk en début de saison. Un simple petit coup de scion leur permet de changer de sens et de glisser dans l’eau, de manière assez discrète. Attention cependant à ne pas confondre animation « puissante » et vitesse. Les eaux réchauffées aident les poissons à se déplacer, et ils n’hésitent pas à faire plusieurs mètres pour se saisir d’une proie. Si en hiver, il faut pêcher lentement et faire de longues pauses pour décider les brochets, c’est beaucoup moins le cas à la période estivale ! Les pauses peuvent être plus courtes, voire moins fréquentes.

Les sliders, que des atouts

Les sliders, eux, s’animent au moulinet. Ils enchaînent les virages amples sans heurter l’eau. Faire varier les vitesses de récupération (en jouant avec la manivelle du moulinet) en alternant avec des pauses leur va très bien. Si on tient vraiment à les animer, ils « regardent » à droite et à gauche presque sur place. À réserver devant un poste prometteur ou à enchaîner avant une petite pause. Cette course nonchalante et silencieuse déclenche de beaux poissons sur tous les postes. Je n’hésite pas à ce propos à peigner les bordures au jerk, en mode powerfishing comme je le ferais avec un spinner par exemple. Les sliders sont aussi excellents à cet exercice, d’autant qu’ils se lancent bien : loin et précisément ! À ce petit jeu, j’anime sur les trois premiers mètres de la bordure, je fais trois tours rapides de manivelle puis je récupère et je relance. Vous l’aurez compris, si un poisson réactif est dans le coin, l’attaque aura lieu tout de suite. Avantage donc aux sliders et aux petits jerks en bois no rattle. À la belle saison, ils sont plus souvent efficaces, et si je ne devais garder qu’une catégorie, ce serait celle-là !

N’oubliez pas les jerks à billes

Les jerks à billes peuvent aussi être efficaces, mais ils dépendent de conditions météorologiques favorables et dédiées. Or, ces dernières ne sont pas forcément légion à cette époque ! Pourtant, il arrive quand même que la météo leur soit favorable. Une journée de mauvais temps avec du vent, en plein milieu de l’été, va oxygéner l’eau et mettre les poissons en activité ! Si vous avez la chance d’être sur l’eau ce jour-là, alors il ne faudra pas hésiter à sortir vos bons vieux Buster ou Herky Jerky. Il est évident que les poissons n’ont pas de raisonnements linéaires et construits et qu’ils sont capables, d’un jour à l’autre, de changer complètement de comportement. Une journée, ils attaqueront sans hésitation des leurres qu’ils ignoraient royalement la veille. Avantage aux sliders donc, mais laissez donc un ou deux Buster Jerks dans votre boîte : bleu brillant ou peacock pour les jours venteux et ensoleillés et fire tiger ou perche sombre pour les jours de mauvais temps.