Les poissons se tiennent beaucoup sur les hauts-fonds, à proximité des herbiers divers où s’ébattent joyeusement tous les poissons blancs. S’il fait vraiment chaud, c’est à l’ombre, sous les frondaisons que stationnent nos prédateurs. Dans les deux cas, il faut adapter les leurres afin de passer dans ces zones encombrées.
Le texan s’impose dans de nombreuses situations
Dans le cas d’un bon vieux shad de 10-12 cm, il existe différentes façons de le monter et de s’en servir. À cette saison, la suprématie va au montage texan, souvent agrémenté d’une palette. Ce montage hyperversatile permet de tout faire dans les zones de « shallow » ou en bordure. Tout d’abord, le poids d’un gros hameçon texan plombe le shad sur toute la longueur, ou presque, et autorise les récupérations en cranking en pleine eau au-dessus des herbiers. Il peut même accentuer le rolling du leurre. La vitesse de récupération dépend du plombage qui est positionné sur la hampe et du leurre souple en lui-même qui « tire » plus ou moins. Un leurre qui a peu de prise dans l’eau coulera plus facilement qu’un autre, doté d’une plus grosse caudale par exemple. L’adjonction d’une palette ventrale augmentera les signaux. À cette période, ce n’est pas toujours la panacée… Sur les zones à grosse pression de pêche ou face à des poissons vraiment méfiants, la palette peut devenir un signal inhibiteur, car les éclats renvoyés peuvent être un peu trop puissants. Je trouve qu’en plein été, les palettes sont vraiment efficaces lorsqu’il ne fait pas beau ou que le vent ride la surface. Dans le même registre, les teintes devront être discrètes. Les coloris transparents pailletés et autres imitations naturelles auront bien plus de succès que les leurres aux couleurs trop marquées. L’usage de l’hameçon texan ne s’arrête pas aux shads et de nombreux autres leurres souples peuvent lui être associés. Je pense aux imitations de grenouille par exemple, mais aussi aux slugs ou aux écrevisses. Ce montage qui passe bien au-dessus des herbiers tout près de la surface peut aussi être utilisé plus profondément, sous les nénuphars ou dans des zones de roseaux par exemple. Ils s’y accrochent peu, et rien ne vous empêche de le laisser tomber dans une trouée, ou de le laisser franchement descendre pour « gratter un bois mort » ou n’importe quel type de zone encombrée. Au cœur de la journée, quand le soleil tape fort et que tout semble être à l’arrêt, la vie continue à l’ombre, sous les frondaisons. Votre montage pourra alors être lancé par ricochets dans ces zones, en utilisant la fameuse technique du skipping.
Deux conseils
Si vous souhaitez vous essayer à cette approche cet été, je vous donne deux astuces : la première consiste à « sur-armer » légèrement son leurre. J’entends par là qu’il ne faut pas hésiter à choisir un hameçon légèrement surdimensionné afin de faciliter le ferrage. En effet, plus la pointe se dégagera du corps du leurre souple et plus vous aurez de chance de piquer votre poisson correctement. Dans le même esprit, choisissez des cannes ayant une grosse réserve de puissance au ferrage. La pointe peut être light, mais il faut de la puissance dans le blank. Pour cela, portez votre dévolu sur les modèles ayant une bonne conicité – un blank trop droit et fin ne peut pas avoir beaucoup de puissance dans le talon !
Les têtes plombées, stars des pêches profondes
Dans les zones de courant en rivière par exemple, les têtes plombées aident votre shad à descendre plus sûrement et à garder le contrôle du leurre vers l’aval. Lorsque les grandes chaleurs rendent les poissons apathiques, les prédateurs recherchent alors la fraîcheur, gage d’une eau mieux oxygénée en profondeur. La tête plombée sera alors tout indiquée pour aller « gratter » ces zones. J’ai remarqué qu’elles pouvaient également être très efficaces sur les secteurs peu profonds type plateau de potamots. Sur ces zones, les beaux poissons qui y stationnent ont l’habitude de voir passer de gros leurres durs ou souples, qui leur sont destinés. Les beaux sujets ont tendance à s’en méfier et les évitent. Ceci est d’autant plus vrai que les conditions sont chaudes et calmes. Les poissons sont alors en possession de tous leurs moyens et « bloquent » facilement sur un détail qui cloche. Quand le détail fait 150 g, c’est problématique… C’est le genre de moments durant lesquels on se dit que la pêche est dure et j’aime alors modifier complètement mon approche. Je change de combo et je remplace ma canne casting par un ensemble spinning plus light sur lequel je monte une tête plombée comprise entre 7 et 14 g et un petit shad de 10 cm. Le moulinet à tambour fixe procure une plus grande vitesse de récupération, et le grammage élevé des têtes plombées donne plus de vivacité au leurre. On peut s’amuser à passer entre les différents herbiers mais j’aime bien jigger (en lancer-ramener) ce montage assez vite. Contact avec le fond et brusque tirée à travers la couche d’eau, façon leurre de réaction. Dans des eaux peu profondes, cette animation peut surprendre, mais elle est très efficace.
Les leurres de l'été
Cet article fait partie d'un dossier sur la complémentarité des leurres de l'été, publié dans le n°124 de Brochet Sandre Magazine. Retrouvez les différents articles de dossier :
1 Texas et rubber jig
2 Spinnerbait et chatterbait
3 Jerkminnow et stickbait
4 Le shad, en texan à palette, ou tête plombée
5 Jerk à bille, jerk no rattle et sliders