Lorsque l’on pense linéaire, on pense tout de suite à une pêche facile, pas technique, où il suffit de lancer son leurre devant soi et de le ramener. Il n’en est rien. Je pêche le brochet en linéaire depuis de nombreuses années maintenant. J’ai découvert cette technique pour la première fois lors d’un voyage en Espagne pour la pêche du brochet. C’était en 2008. Mon guide de l’époque, Romain, m’expliquait que pour attraper un brochet ici, il fallait pêcher au leurre souple, droit, sans animer, et ramener très lentement. Pas toujours simple au début, mais au vu des résultats, on s’y met vite… J’ai par la suite eut la chance de continuer à y aller en séjour de pêche, puis de guider trois ans dans cette région d’Espagne riche en brochets et gros brochets. Cela m’a permis de me perfectionner dans la pêche au leurre souple en linéaire. Fort de cette expérience, j’ai ramené cette technique en France et je l’ai appliquée sur les grands lacs de la forêt d’Orient et du Der, où je guide maintenant depuis dix ans. Inutile de préciser que les résultats ont été à la hauteur de mes espérances, lorsque mes shads ont commencé à se promener tout droit, nonchalamment, dans les eaux des grands lacs de Champagne-Ardenne.
Ratio du moulinet
La pêche en linéaire au leurre souple consiste donc à jeter son shad devant soit, à le laisser toucher l’eau puis à ramener immédiatement. Inutile de laisser toucher le fond (sauf à quelques exceptions), de compter, etc. On lance, ça touche l’eau et on ramène, tout simplement. L’action de pêche est on ne peut plus simple, mais c’est à partir de ce moment, celui ou le shad touche l’eau, que les petites subtilités entrent en jeu pour optimiser ses résultats. On ne pêche pas en linéaire pour le brochet n’importe comment, quelques critères sont à prendre en compte. Le ratio du moulinet : choisissez des moulinets à faible ratio. C’est-à-dire qui ramènent peu de fil au tour de moulinet. La pêche en linéaire au leurre souple est une pêche lente, où il faut ramener lentement, très lentement. J’ai tendance à dire à mes pêcheurs que « s’ils peuvent ramener moins vite, c’est qu’ils vont trop vite… » Blague à part, on pêche à la limite de l’endormissement tant on ramène doucement, mais le « poc » ressenti dans la canne au moment de la touche nous renvoie très vite à la réalité. Le choix de la tresse : on bannit les tresses en 8 brins au profit des tresses en 4 brins et on utilise de gros diamètres, entre 25 et 35 centièmes. L’idée est d’avoir une tresse « flottante », c’est-àdire qu’elle forme un léger ventre sous l’eau lorsque l’on ramène notre leurre en linéaire. Cela permet une présentation plus naturelle du leurre souple (il est moins bridé) et un léger décalage du ferrage dû au ventre. Le brochet engame alors mieux le leurre. Ce dernier est donc souvent coffré ou piqué sur le palais lorsque l’on pêche avec un ventre dans la ligne, car le brochet sent moins de résistance lors de l’attaque du leurre.
Côté grammage
La tête de ligne: qui dit pêche en linéaire dit tête de ligne. C’est une pêche lente, où le brochet a le temps d’analyser notre leurre. Ajouter une tête de ligne en fluoro carbone à la suite de la tresse, d’un diamètre compris entre 30 et 45 centièmes, permet une présentation du leurre plus discrète. On privilégiera du 30 dans les eaux cristallines, avec des ensembles de puissance MH et une tresse en 25 centièmes et du 45 pour les pêches fortes de gros poissons, sur des tresses de 30 à 35 centièmes. Pour un ensemble de puissance H, un fluoro de 40 avec une tresse en 30 centièmes sera parfait. Le poids de la tête plombée : c’est le choix du bon poids de la tête plombée qui fera passer le leurre à la bonne profondeur. J’expliquais qu’il était inutile de laisser le leurre toucher le fond, car si on choisit le bon grammage, le leurre passera naturellement à la profondeur souhaitée. En effet, dès que le leurre touche l’eau, nous allons ramener et la tête plombée va faire descendre le leurre à la profondeur voulue. Trop lourd, vous ramasserez toutes les herbes ou la vase, trop léger vous passerez trop près de la surface. Il faudra donc trouver le grammage qui fait passer le leurre devant les brochets et déclenche ainsi la touche tant attendue. Dans l’esprit: au printemps on cherche à pêcher entre 0 et 4 mètres (grammage de 5 à 14 g), à l’automne entre 2 et 8 mètres (grammage de 10 à 30 g) et en hiver au-dessous (grammage de 25 à 50 g). Attention, rappelez-vous que le diamètre de la tresse et la vitesse de récupération ont une incidence sur la profondeur de pêche, et donc sur le choix de la tête plombée.
Une question de gomme
La forme de la tête plombée a son importance. On cherche à ce que son leurre ait la présentation la plus naturelle possible, la plus libre dans l’eau. Il faut donc adapter sa tête plombée à cette présentation. Pour cela, je favorise les têtes football pour les pêches de 5 à 20 grammes. J’aime le côté planant et le rolling qu’elles apportent au leurre. Au-dessus de 20 grammes, j’utilise des têtes rondes. Ces têtes sont parfaites pour pêcher lourd et profond. De plus, elles s’adaptent sur quasiment tous les leurres, sans changer leurs caractéristiques de nage. Je peux utiliser des « têtes poissons » type tête plombée GT (Delalande), ou G’Fish Pike Addict (Gunki), principalement pour les gros leurres. Elles épousent parfaitement la tête du leurre, ce qui permet de bien les coller dessus. Cela évite qu’il se déchire au lancer. Je distingue mes leurres en trois catégories en fonction des conditions de pêche. La gomme tonique : les leurres souples à gomme tonique ont une apparence raide. Le plastique est dur et la queue semble peu vibrer. Ces leurres sont idéaux pour les pêches linéaires qui demandent un peu plus de rapidité (pêche d’été ou de poissons actifs), mais aussi pour la pêche ultra-lente en hiver dans les eaux très froides. La gomme raide vibre peu, le leurre ne « nage pas » mais les brochets en raffolent. J’utilise beaucoup les Nitro Shad (Illex), les G’Bump (Gunki) en 17 cm, les Gamblers, mais aussi les 3D Roach (Savage Gear). Enfin, les leurres souples à gomme souple sont très mobiles lorsqu’on les prend en main. On voit qu’ils vibrent à la moindre sollicitation. Ces leurres sont parfaits pour les pêches lentes, voire très lentes, toute l’année ou sur des poissons peu actifs. Ils se mettent en action de pêche dès leur contact avec l’eau. Ramenés très lentement, ce sont des aimants à très gros brochets. J’utilise beaucoup les Pep’s (Gunki), les Gunzilla (Gunki), les Pulse Shads (Berkley), les Dexter Shads (Illex), les Magic Fat Shads (Illex) en 5 et 7 pouces, les Tipsy XL (Gunki), et les Fat Swim Impact (Keitech). Les curly tails entrent dans une catégorie à part. Ce sont des sauves bredouilles. Lorsque rien ne marche, été comme hiver, ramener « un bon vieux Sandra », un Bull frog (Gunki) ou un Dexter Eel (Illex) en linéaire débloquent très rapidement les compteurs. Ce sont pour moi des incontournables à toujours avoir dans sa boîte de pêcheur de brochet en linéaire au leurre souple.
Ils influencent la nage de votre leurre
- La vitesse de récupération du leurre : rapide, vous pêcherez près de la surface, lentement vous pêcherez près du fond.
- Le diamètre de la tresse : plus le diamètre est gros, plus votre leurre flottera et nagera peu profond.
- Le grammage de la tête plombée : plus vous ramènerez lentement, plus vous aurez une grosse tresse, plus vous pêcherez léger, plus votre leurre pêchera haut dans la couche d’eau. C’est en associant la vitesse de ramené du leurre avec les deux autres combinaisons que vous trouverez la présentation parfaite, celle qui plaira aux plus gros brochets de votre lac ou de votre rivière !