La densité de brochets en Seine a explosé ces dernières années. Il est maintenant possible de faire de belles journées en traquant uniquement cette espèce. Il y a cependant beaucoup de facteurs à prendre en compte pour avoir une belle régularité de capture de ces grands brochets. Contrairement à ce que l’on peut penser ces poissons se déplacent beaucoup, en fonction des saisons et de la nourriture. Ils sont capables de passer du haut du bief au secteur aval en quelques semaines. Un point important.
À l'ouverture
En début de saison, début mai, plusieurs critères sont à prendre en compte. Le premier est le courant. Le brochet n’est pas fan des grands courants, il va plutôt choisir des zones calmes. Le choix des postes se fait donc en fonction de ce dernier. Le second critère, c’est la couleur de l’eau. Ce poisson préfère les eaux claires. Plus l’eau est sale, plus le brochet se dirige dans les secteurs moins profonds. À l’ouverture, il faut également être attentif à l’évolution des poissons blancs car ce carnassier les suit pour se nourrir. En fonction du réchauffement de l’eau, les poissons blancs commencent à sortir de leurs zones d’hiver, les fosses abritées du courant, pour se diriger vers les bordures où la nourriture est plus abondante. Les brochets vont donc eux aussi gagner les rives en longeant le pied de la cassure du bord du fleuve. C’est à ce moment que je les pêche sur des cassures profondes ou non. À cette période, il faut effectuer de plus grandes dérives pour trouver la tenue des gros brochets. Je me laisse souvent dériver dans le sens du courant pour être le plus discret possible. Je pêche trois quarts en direction du bord pour comprendre où peuvent se situer les poissons et analyser les premières touches.
La profondeur
Dans tous les bons postes, il y a une similitude : la profondeur. Pour réussir à capturer de beaux poissons elle ne doit pas être trop importante. La zone profonde correspond à leur secteur de repos, où il est difficile de les attraper. Il est plus facile de les capturer dans leur zone de chasse. Il est capital de découvrir les secteurs où ils se nourrissent et les heures où ils viennent chasser.
Herbiers d'été
Au bout de quelques semaines, la pêche change complètement avec la pousse des premiers herbiers. La traque se simplifie un peu. Ces herbiers nous offrent un vrai support pour fixer les poissons sur des zones de chasse. Les poissons blancs prennent possession des lieux et les brochets en profitent pour chasser sur des secteurs plus restreints. Les premières dérives vont souvent être les bonnes car cela se passe dans des zones peu profondes. Les plus gros spécimens se tiennent sur le bord extérieur des herbiers. Il faut se laisser dériver à la limite de la couverture végétale afin de faire des lancers parallèles à ces zones. Les brochets se mettent à l’affût le long des herbiers et attendent les proies faciles. En réalisant une pêche parallèle, il sera beaucoup plus facile pour le carnassier de suivre le leurre et de l’attaquer que si vous pratiquez à 90 °. Attention, ils ne sont pas tous seuls, il y a souvent plusieurs gros spécimens sur la même zone! En fonction du courant, les pointes et les arrières d’îles sont également de très bons postes en fonction de leurs profondeurs. Et cerise sur le gâteau, si elles présentent des herbiers.
Cherchez la fraîcheur
En juillet et en août, avec les températures qui augmentent et le courant qui baisse, un nouveau bon poste s’offre à nous : le barrage ! En effet, c’est une zone où l’eau est bien oxygénée et un peu plus froide. Les poissons vont donc se tenir dans les amortis en limite du courant. Les brochets vont venir y chasser surtout le matin et le soir. La journée, ils séjournent dans la fosse du barrage et sont donc vraiment beaucoup plus difficiles à capturer.
Retour au calme
En septembre et en octobre, après la décomposition des herbiers, les gros brochets vont reprendre position dans les cassures pour ensuite retourner dans les zones hivernales. Sur les grands fleuves, la traque des gros brochets l’hiver est très difficile et beaucoup moins régulière. Il faut vraiment cibler les bonnes périodes et les bons postes. Dans une eau inférieure à 7°, le brochet ne s’alimente quasiment plus car son métabolisme ne lui permet pas de digérer. Il est donc très difficile de les faire mordre. Ils sont capables de rester plusieurs semaines sans manger jusqu’à ce que la température augmente et que le cycle reprenne. Il existe d’autres bons postes comme les entrées de darses, les piles de ponts, les arbres immergés… mais selon moi, ces postes sont beaucoup moins réguliers pour réussir de belles journées à gros brochets.
Les bons leurres
Pour la recherche des gros brochets, j’utilise principalement des leurres souples d’au moins 20 cm. Ces poissons sont très sélectifs, soyez prêts à ajuster le choix de leurre. Dans les zones profondes et dans les cassures, j’utilise des shads qui ne tirent pas trop dans la canne ainsi que des swimbaits. Une tresse assez fine permet au leurre de vite rejoindre la profondeur souhaitée. L’adaptation du poids de la tête plombée est importante en fonction de la vitesse de récupération. Le courant est aussi à prendre en considération. Pour les pêches moins profondes, je choisis des créatures : grenouilles, souris ou doubles grubs. Ils sont vraiment efficaces près de la végétation, des obstacles ou lorsqu’il faut ralentir la récupération. Il est important d’utiliser une grosse tresse pour porter un peu plus le leurre, offrant une action plus planante. Je ne les leste pas trop afin de pouvoir passer au bord ou au-dessus des herbiers. J’aime beaucoup les leurres larges pour cette pêche, donnant une belle visibilité.