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Comment choisir la couleur des leurres à la pêche

Le bon spot ? Le bon leurre et la bonne animation ? Les paramètres dans la pêche aux leurres sont nombreux et trouver le bon alignement des planètes pour finir régulièrement avec le Graal dans l’épuisette nécessite de la rigueur et de bonnes connaissances. Le coloris du leurre fait bien évidemment partie du jeu. Si, à mon sens, un bon coloris n’est pas une condition suffisante pour réussir à déclencher les touches, c’est en tout cas, dans bien des situations, un élément nécessaire. Je m’explique…

Certains paramètres sont nécessaires et parfois suffisants à la réussite. Le spot, par exemple. Si vous pêchez un endroit vide, le meilleur pattern du monde ne donnera rien ! À l’inverse, si vous pêchez une zone remplie de poissons en folie, vous pourrez jeter n’importe quoi dans l’eau et vous prendrez des touches. Dans ce cas, le spot est la condition nécessaire et suffisante.

Le choix des coloris est ainsi fondamental, car si la bonne couleur n’est pas le seul élément qui entre en compte pour espérer prendre des touches, il affecte fortement la fréquence et la qualité de celles-ci.
Crédit photo : Arnaud Brière

Définir le bon coloris

Le choix des coloris est ainsi fondamental, car si la bonne couleur n’est pas le seul élément qui entre en compte pour espérer prendre des touches, il affecte fortement la fréquence et la qualité de celles-ci. En guidage, j’ai vu souvent mon équipe de pêcheurs trouver le bon leurre et la bonne zone. Ainsi, tout le monde pêche avec un swimbait donné ou un jerk particulier, par exemple, et il y a clairement un coloris qui sort du lot. Et si tout le monde se met à pêcher avec, alors le nombre de touches se multiplie. Il y a plusieurs façons de définir le « bon » coloris. Le brochet réagit très bien à quelques coloris bien précis, mais il faut également regarder du côté de la prédation du jour – que mangent-ils en ce moment ? – et des conditions extérieures – quelles sont la météo, la luminosité et la couleur de l’eau ? Nous avons décrypté les sens du brochet dans un article précèdent, et il est clair que la vue de ce super prédateur, au-delà d’être développée, est un élément clé dans sa capacité à détecter les proies et à les sélectionner. Ce dernier mot est important, car le brochet ne se jette pas aveuglément sur tout ce qui bouge, mais sélectionne ses cibles. Si le sens vibratoire est le premier sens qui intervient dans la séquence d’attaque, le sens visuel joue, lui aussi, un rôle fondamental. Ainsi, un brochet est tout à fait capable de cibler le gardon malade au milieu de ses congénères, celui qui possède une tache blanche sur le dos ou nage un peu différemment. Dans le même esprit, les brochets peuvent avoir des périodes durant lesquelles ils sont littéralement focalisés sur un type de proies : les bancs de petites perches, les brêmes ou les gros gardons, par exemple. Il est alors facile de penser que la vue joue un rôle de premier ordre pour leur permettre d’être à ce point sélectifs.

Notez l’usure de ce leurre qui a largement fait ses preuves.
Crédit photo : Arnaud Brière

De plus, je pense même qu’un mauvais coloris peut inhiber une séquence d’attaque. Notre prédateur jaillit, mais évite au dernier moment le leurre – ou le suit ! – , car un « truc » cloche. Évidemment, il n’y a pas que le coloris qui peut retenir son envie, car une vibration, un bruit parasite ou une mauvaise trace olfactive ou gustative peuvent également être à l’origine de ce refus. Mais il y a quand même fort à parier que, parfois, ce soit le cas. Je ne peux pas imaginer dans le cas d’une vraie prédation, un brochet bondir gueule ouverte sur un gardon et puis ne pas le prendre au dernier moment.

Les jerks sont des leurres agressifs C qui supportent toutes les nuances.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les grandes tendances sur les coloris monochromes

Toujours est-il que certaines couleurs ou associations de couleurs font « tilt » dans la tête de notre ami et sont incontournables la plupart du temps. Ces couleurs apportent des touches dans de très nombreuses situations et sont régulières dans le temps. La couleur orange est l’une de ces couleurs. Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder les leurres à brochets disponibles sur le marché : nombreux sont ceux qui possèdent une touche d’orange. Je ne dirais pas que les leurres entièrement orange sont les meilleurs, mais ils doivent avoir un signal orange sur une partie du corps. Le ventre en priorité, la tête ou la queue. Les plus gros poissons aiment l’orange, comme les petits, et il est pour moi inconcevable d’avoir une boîte de leurres sans cette couleur ! J’aurais du mal à expliquer pourquoi celle-ci rend les poissons si agressifs, mais je ne passe pas une session sans lui donner du temps de pêche. Cela est particulièrement vrai avec les jerkbaits, les leurres souples, les Miuras ou Mustache Rig. Je trouve que c’est un peu moins marqué avec les swimbaits, ce qui est sans doute dû à leurs capacités imitatives. Cette couleur orange est particulièrement bonne quand le ciel est bas, que les eaux sont claires et que la luminosité est faible. Son meilleur moment ? Le coup du soir. Le jaune est, dans une moindre mesure, assez bon. Surtout s’il est associé à de l’orange. Le jaune chartreuse est également très bon. Cette couleur favorise l’agressivité des poissons et provoque une espèce de luminescence qui lui permet d’être utilisée dans de nombreuses conditions.

Certaines couleurs apportent des touches dans de très nombreuses situations et sont régulières dans le temps. La couleur orange en est une.
Crédit photo : Arnaud Brière

Bleu et vert incontournables

Les teintes bleues et vertes sont des couleurs elles aussi incontournables, quand il fait beau et que la luminosité est forte. Elles sont assez imitatives et rapportent aussi de beaux poissons. Les leurres souples transparents pailletés dotés de ces teintes sont particulièrement adaptés aux eaux très claires et lumineuses où toute autre couleur fera « tache ». Dans ces conditions de grande clarté, les leurres souples bruns pailletés transparents sont également très rentables. S’ils déclenchent moins de touches que les leurres bleus ou verts, ils ont cependant la faveur des gros poissons. Le blanc est un coloris assez à part. Certains pêcheurs ne jurent que par lui, quelles que soient les conditions. C’est peut-être vrai en mer, mais je ne trouve pas que ce soit le cas en eau douce. Les swimbaits blancs sont régulièrement redoutables par temps de brouillard ou de pluie. Quand la luminosité est faible donc. Je les utilise aussi volontiers quand l’eau est chargée et turbide. À l’opposé, le noir m’a impressionné ces derniers temps. Je n’utilisais que peu cette couleur jusqu’à récemment. Des pêcheurs utilisant de gros swims ont déclenché pas mal de touches sur des gros poissons par temps ensoleillé, et cela m’a fait revoir ma copie.

Les coloris naturels fonctionnent lorsque les brochets sont focalisés sur un type de proie.
Crédit photo : Arnaud Brière

Coloris réalistes

Voilà pour les grandes tendances, à mon sens, sur les couleurs. Mais évidemment, de nombreux leurres sont également très imitatifs et ressemblent trait pour trait à leurs homologues vivants : gardon, perche, brochet ou encore truite de toutes sortes. Les techniques de peintures modernes permettent la création de leurres magnifiques. À certaines périodes de l’année, ces reproductions fidèles trouvent un sens. En effet, quand les brochets sont focalisés sur un type de proie bien précis, elles peuvent apporter un plus. Je pense notamment aux perches, très actives en automne et souvent au menu du jour, ou aux gardons au printemps, pendant la reproduction. Les lacs riches en truites peuvent aussi donner leur chance aux imitations du genre. Ce sont souvent les contrastes et des signaux bien précis qui désignent telle ou telle espèce. Ainsi, la perche est visualisée par ses zébrures, le gardon par ses reflets brillants et le brochet par ses taches blanches. De ce fait, un coloris bleu brillant représentera probablement un cyprinidé, alors qu’un leurre arborant des zébrures sera probablement assimilé à une perche, même si le fond du leurre est rouge et que les rayures sont blanches. Si ces leurres fonctionnent bien toute l’année, je ne leur donne pas une suprématie systématique car il faut être absolument sûr de soi. Une bonne partie de la saison, je préfère jouer sur l’agressivité des brochets et pouvoir ainsi déclencher des touches qui n’auraient peut-être pas eu lieu avec un joli, mais classique, petit gardon ! C’est finalement avec les swimbaits que j’use le plus de coloris réalistes. C’est une continuation logique de la nage qui est très proche de celle du vivant. Ce sont donc les grandes tendances du jour qu’il faut rechercher. N’oubliez pas que les contrastes sont très importants. Marqués par temps sombre et faible luminosité, discrets par grand beau temps et eau claire. C’est, en fait, un peu toujours la même logique.

La couleur «parrot» fait partie des inclassables qu’il faut avoir.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les « spéciaux »

Il existe enfin des coloris composés qui sont devenus de véritables best-sellers dans la pêche du brochet. Je ne connais pas un guide ou un compétiteur qui ne les utilisent pas. Voici les deux principaux. Le premier, peut-être le moins connu des deux dont je vais vous parler, est le coloris parrot (perroquet). Cette association unique de jaune (sur le ventre), de rouge (sur les flancs) et de bleu turquoise (sur le dos) est redoutable. Ceci est particulièrement vrai avec les leurres bénéficiant d’un fort rolling faisant ressortir toutes les nuances. Ce coloris à fort contraste est absolument incontournable en début et en fin de saison, quand les eaux sont froides. À mon sens, c’est sur les jerkbaits qu’il s’exprime le mieux. Un bon jerk navigue alternativement de gauche et de droite, mais il écrase l’eau vers le bas à chaque tirée et expose ainsi ses flancs et le dos à la vue du prédateur qui est sous lui. L’agressivité conjuguée de la nage et du coloris fait merveille. On peut retrouver cette efficacité sur certains leurres souples dotés d’un fort rolling. Ceux qui l’utilisent sourient sûrement en lisant ces lignes. Les autres auront beaucoup à gagner en l’essayant ! Le second est un best-seller absolu. Il possède à son compteur un nombre incalculable de gros et très gros brochets records. C’est le Fire Tiger. À mon sens, c’est l’un des « must have » absolus dans la recherche des spécimens, car, non content de déclencher beaucoup de touches, il intéresse aussi les plus gros sujets. Ai-je besoin de le décrire ? Non, tout le monde le connaît. Le Fire Tiger (FT) associe tous les coloris qui déclenchent l’agressivité des poissons, présente de très forts contrastes et imite aussi très probablement une perche radioactive ! Pendant longtemps, la théorie me faisait dire que c’était un leurre à réserver aux faibles conditions de luminosité ou aux eaux chargées. C’est bien sûr particulièrement vrai, mais l’expérience me fait dire aujourd’hui qu’il peut être efficace dans presque toutes les situations. J’ai vu de très belles pêches au FT par grand soleil et eaux claires, proche de la surface ou bien plus profond dans la couche d’eau. Efficient sur tous les types de leurres, swimbaits compris, ce coloris est capable de monopoliser l’attention des poissons. Je ne compte plus le nombre de journées de pêche où c’était FT et rien d’autre ! En discutant avec des pêcheurs de spécimens en Hollande, j’ai compris qu’ils n’utilisaient quasiment plus que ce coloris, car c’est finalement le plus régulier sur les gros poissons. Ce n’est pas la première fois que j’entendais ça et je ne suis pas loin de le penser (je garde quand même « l’orange » dans un petit coin de ma tête). Voici en substance ce que je pense des grandes généralités sur les coloris à brochet. Pour y voir plus clair, croisons ces données avec les grandes familles de leurres.

Les swimbaits, qui jouent le mimétisme dans la nage, gagneront à être parés d’une robe réaliste. À l’exception du Fire Tiger.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les couleurs en fonction des types de leurres

Pour les leurres de surface, les coloris naturels (type Ayu), transparents ou blancs, sont souvent les plus réguliers. Les jerkbaits sont des leurres agressifs qui « bougent » les poissons. Vous accentuerez ce phénomène avec des coloris agressifs. Ventres orange, parrot, et forts contrastes avec des rayures seront souvent le bon choix. A contrario, les swimbaits, qui jouent le mimétisme dans la nage, gagneront à être parés d’une robe réaliste. Ceci peut être tempéré par votre action de pêche. Si vous pêchez vite pour déclencher des touches réaction, les coloris « pétards » comme le « chartreuse » ou le FT seront des atouts supplémentaires. Les leurres souples supportent un peu tous les types de coloris. N’oubliez pas qu’avec l’absence de lumière (plus vous descendez dans la couche d’eau, moins vous en avez) les couleurs chaudes (rouge, jaune) auront tendance à disparaître alors que les couleurs froides (bleu, vert, violet) seront beaucoup plus visibles. Ainsi, un leurre jaune dans 10 mètres d’eau sera presque invisible. Vous perdrez alors le signal couleur, mais vous vous affranchirez aussi d’un coloris inhibiteur…

Le Fire Tiger est le coloris à gros brochet dans de très nombreuses situations.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les coloris « flashy » seront donc bons près de la surface pour les pêches agressives, les temps sombres ou les eaux chargées. Les coloris bleus, transparents ou argentés, sont très bons pour les pêches plus lentes, à gratter en linéaire. Pour les Miuras et les Mustaches, qui déplacent beaucoup d’eau et rendent les poissons « nerveux », je m’oriente presque toujours vers des coloris agressifs (orange, jaune) ou à fort contraste (tête noire et corps rouge, tête blanche et corps foncé, etc.). Pour les leurres métalliques enfin, je pense aux ondulantes aux spinners ou aux chatters, ma préférence va généralement aux jupes FT ou chartreuses. Vous l’aurez compris, il y a comme une sorte de logique particulière au choix du bon coloris. À condition égale, il y a toujours un choix important à faire entre la volonté de proposer un coloris réaliste ou jouer sur l’agressivité des poissons. Au-delà, votre expérience et votre connaissance du milieu dans lequel vous pêchez seront prépondérantes. En effet, chaque situation possède ses propres caractéristiques et certains coloris répondent mieux que d’autres dans telles ou telles eaux. Certains coloris exceptionnels dans les eaux irlandaises ne fonctionneront pas dans les eaux des lacs alpins, même avec des conditions de luminosité identiques, et vice versa. À vous de choisir votre pattern. La confiance que vous aurez dans un coloris sera un facteur déterminant, car on ne pêche jamais aussi bien qu’avec un leurre dans lequel on croit !

L’une des boîtes de leurres d’Arnaud Brière.
Crédit photo : Arnaud Brière

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