Depuis son arrivée sur le marché il y a une bonne trentaine d’années, la fibre tressée en polyéthylène (PE), un polymère thermoplastique, s’est imposée à tous et a détrôné le Nylon. L’utilisation de ce dernier est devenue anecdotique, bien qu’il recèle encore d’excellentes qualités. Entre les tresses 4, 8 et 12 brins, les modèles coated, celles avec une âme en fibre Gore… on peut perdre son latin ! Revenir sur ce sujet est opportun. Chaque pêcheur devrait choisir sa tresse en fonction de la technique utilisée et sur des paramètres précis.
4 brins ou plus
Une tresse, c’est avant tout une absence d’élasticité et un rapport finesse/ puissance bien au-delà des autres filaments. Selon la technique de pêche, on utilisera le meilleur tressage qui donnera ou non de la latitude au leurre ou à l’appât et transmettra bien la touche. À titre d’exemple, voici quelques cas où l’usage d’une tresse 4 brins est plus indiqué qu’une 8 ou 12 brins. En linéaire simple, l’attaque d’un poisson se déplaçant à toute vitesse et se retournant en saisissant le leurre demande une tresse très solide, légèrement flottante, ce qui va créer un ventre sous l’action de la récupération dans l’eau. L’attaque explosive du poisson ne nécessite pas un gros ferrage et sera un peu atténuée par ce petit mou. La tension engendrée ne fera pas claquer la tresse et le taux de capture sera meilleur. La 4 brins peut quelquefois perdre de sa rondeur et devenir plate, c’est un défaut qui peut devenir un atout en pêche pélagique, car elle ne passera pas devant le nez du carnassier avant le leurre.
Fendre l'eau
Pour toutes les pêches à gratter ou verticales, une 8 ou 12 brins fendant bien l’eau est nécessaire. C’est encore plus indiqué pour des pêches en fleuves et rivières où la portance d’une tresse face au courant l’empêchera de bien couler. En milieu encombré d’herbiers de type potamots, une 4 brins plus rugueuse se comporte comme une scie et coupe mieux les tiges des plantes aquatiques. On entre ici dans la recette de cuisine secrète de chaque marque, mais une tresse brute serait blanche translucide et très fragile à l’abrasion. Les fabricants recouvrent leurs modèles d’un revêtement appelé coating. Celui-ci est apposé sur la tresse en fin de chaîne de fabrication et offre des qualités techniques au filament. On trouve des coatings très différents, le principal étant à base de fluorure améliorant la glisse dans les anneaux et réduisant significativement le bruit désagréable de frottement qu’émet une tresse. Ce coating imperméabilise la tresse pour éviter les microbulles d’air qui l’empêchent de couler, car fondamentalement la fibre PE est flottante. Il va permettre aussi d’emprisonner la teinte car quasiment aucune peinture n’adhère correctement sur de la fibre PE. On peut presque tout incorporer dans un coating, de quoi rendre la tresse coulante, flottante, suspending, plus dure pour moins perruquer… Les coloris ont longtemps été très basiques avec un vert chartreuse fluo et un vert bouteille. Le vert chartreuse étant indiqué pour les pêches de précision où il fallait suivre son leurre ou son fil pour détecter la touche, le vert bouteille plus spécifique aux pêches discrètes en milieu herbeux. Pour les pêches en linéaire, une tresse verte ou grise est indiquée, pour les techniques à gratter, le drop shot, la verticale, une tresse de couleur vive ou à fort contraste est un choix pertinent.
Une question de couleur
Les fabricants ont ensuite décliné de nombreux coloris avec un vert camo plutôt efficace niveau discrétion, le chartreuse a vu arriver le blanc, le jaune, l’orange, le rose et toutes les couleurs possibles. Pour le jigging, la tresse s’est teintée en bandes de 10 m de différentes couleurs afin de savoir à peu près à quelle profondeur on pêche. Mais tous ces coloris finissent par se délaver au fil du temps. La teinte est faite à base de poudre projetée dont les particules se coincent entre les fibres. Avec l’eau, ces dernières se détendent et le coloris s’en va. On peut le constater lorsque l’on enroule sa tresse sur le moulinet en la tendant entre ses doigts, neuf fois sur dix, on se retrouve avec du colorant sur le bout des doigts.